La longue traversée du désert de l’athlétisme marocain

JO-2020

L’athlétisme marocain, autrefois pépinière de stars mondiales, n’est pas au mieux de sa forme à l’heure d’aborder les Jeux olympiques de Tokyo et reste plombé depuis plusieurs années par des difficultés structurelles et des affaires de dopage.

L’objectif de la Fédération marocaine est de gagner «deux ou trois médailles» grâce à ses coureurs de demi-fond et de fond. «J’ai confiance en nos jeunes athlètes qualifiés malgré une concurrence plus intense que lors des JO précédents», a confié à l’AFP Abdellah Boukraa, Directeur technique national.

Mais sur les quinze coureurs et coureuses qualifiés, les espoirs marocains reposent essentiellement sur Sofiane El Bakkali, 23 ans, qui a signé la troisième meilleure performance mondiale de l’année sur 3000 m steeple (8 min 08 sec 54).

Aucune star mondiale n’a réussi à émerger dernièrement, contrairement à l’âge d’or de l’athlétisme marocain incarné par des figures illustres telles que la «légende» Saïd Aouita (5000 mètres) et Nawal El Moutawakel (400 mètres haies), sacrés aux JO de Los Angeles en 1984, ou Hicham El Guerrouj, double champion olympique en 2004 sur 1500 m et 5000 m et toujours détenteur du record du monde du 1500 m (3 min 26 sec 00).

Le dernier podium du Maroc en athlétisme aux Jeux remonte ainsi à 2012 à Londres avec le bronze gagné par Abdalaati Iguider sur 1500 m.

En plus de ses mauvaises performances, l’athlétisme marocain a également vu sa réputation entachée par des affaires de dopage.

Selon le chercheur en droit du sport, Yahya Saïdi, l’absence d’athlètes marocains des podiums est justement due aux «contrôles stricts menés dans le cadre de la lutte contre le dopage».

En 2020, le royaume a été placé sur la liste des pays au «plus haut risque de dopage» par l’Unité d’intégrité de l’athlétisme (AIU). La Fédération marocaine d’athlétisme a de son côté exclu trois coureurs qualifiés pour les JO pour «non-respect de toutes les procédures du programme de contrôle antidopage», selon le directeur technique national.

Outre le dopage, l’athlétisme marocain souffre aussi de failles dans son organisation.

«Il y a eu une nette régression due principalement à l’absence d’une vision claire des objectifs à atteindre et à l’instabilité de l’administration technique», analyse Younes El Kharachi, journaliste spécialisé en athlétisme.

Autre souci, le manque de diversité dans la pratique du haut niveau puisque les athlètes marocains sont absents de «70 % des disciplines aux Championnats du monde et aux Jeux Olympiques», avance le chercheur en droit du sport, Yahya Saïdi, qui considère les exploits du passé comme des «exceptions».

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