La main tendue d’Erdogan aux Kurdes : Une main de fer dans un gant de velours ?

Attendons pour voir…

 Nabil EL BOUSAADI

Lorsqu’en 2013, le gouvernement turc avait divulgué la tenue de négociations secrètes avec le fondateur du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, qui croupit, depuis 1999, dans les geôles de l’île-prison d’Imrali, à l’ouest de la Turquie, sans aucune possibilité de libération conditionnelle, les chancelleries du monde entier avaient favorablement accueilli la nouvelle en y voyant un premier pas vers la résolution d’un conflit qui, depuis plusieurs décennies, met aux prises Ankara et la minorité kurde. 

Les choses ne se sont pas arrêtées là car le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan et les représentants du parti d’opposition pro-kurde DEM, (Parti de la démocratie du peuple), troisième force politique au Parlement d’Ankara, qui, sans prôner la lutte armée, n’a jamais dénoncé publiquement le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) mais appuie fortement l’initiative lancée par des alliés du président Recep Tayyip Erdogan de libérer Abdullah Öcalan s’il consent à renoncer à la lutte armée, négocient, depuis plus de trois mois, la reprise du dialogue entre Ankara et le PKK qui est classé comme mouvement « terroriste » aussi bien par les autorités turques que par leurs alliés occidentaux.

Il convient de signaler, au passage, que si le 28 Décembre dernier, les représentants de DEM avaient rencontré Abdullah Öcalan, pour la première fois en près de dix ans, et que le 11 Janvier, une délégation du DEM a rendu visite à l’ex-coprésident du parti, Selahattin Demirtas, figure toujours charismatique du mouvement kurde, emprisonné à Edirne (ouest), la délégation du DEM a, également, rencontré, Devlet Bahceli, allié politique du président Erdogan et chef du parti d’extrême-droite MHP qui avait créé la surprise l’automne dernier en évoquant l’éventualité d’une libération d’Abdullah Öcalan s’il renonce à la lutte armée et appelle ses partisans à déposer les armes.

Ces propos ayant été confirmés lorsqu’en recevant la délégation du DEM, le leader du PKK s’est dit « prêt à prendre les mesures nécessaires et à lancer cet appel », un communiqué publié par le DEM a affirmé que le parti de Selahattin Demirtas est prêt à soutenir Öcalan s’il prend une telle « initiative » et « ouvre la voie à une solution politique ».

Ces visites étant intervenues au moment-même où, dans le nord-est de la Syrie, de violents combats opposent des combattants kurdes, de Syrie et du PKK, à des forces soutenues par Ankara, le président turc Recep Tayyip Erdogan, en a profité pour signaler qu’il convient de saisir la « fenêtre d’opportunité » qui s’est ouverte avec la chute de Bachar al-Assad pour mettre fin « une fois pour toutes au fléau du terrorisme ».

En affirmant, par ailleurs, qu’il existe, désormais, « une Turquie unie entre tous ses membres qui s’oppose à l’oppression non seulement à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur du pays », le président Erdogan a saisi cette occasion pour déclarer que les « organisations terroristes n’ont plus d’autre choix que celui de déposer les armes » et de se transformer en « une véritable organisation politique ». 

Ces « organisations » vont-elles se plier aux recommandations du président turc Recep Tayyip Erdogan et, changer leur fusil d’épaule ?

Et, dans l’affirmative, qu’y gagneront-elles ?

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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