La mode : vecteur de développement pour l’Afrique

14e édition du Festival International de la Mode en Afrique(FIMA)

Propos recueillis par Romuald Djabioh

Dans le cadre du Festival International de la Mode en Afrique(FIMA) qui se déroule à Rabat du 7 au 10 décembre au site mythique « Chellah », sous la thématique « La Synergie des Cultures pour le Développement de l’Afrique » ; la rédaction Al Bayne a recueilli plusieurs déclarations auprès d’un ensemble de panélistes et de personnalités politiques: Alphadi, président fondateur du FIMA ; Débora Katisa Carvalho, 1ère dame du Cap-Vert et marraine du FIMA ; Eric Falt, représentant de l’UNESCO pour le Maghreb…

En effet, dans son discours inaugural, Alphadi a été on ne peut plus explicite. Il n’a pas hésité dans un premier temps, à manifester son enthousiasme à l’endroit du Maroc, en l’occurrence  Rabat qui accueille la 14e édition du FIMA, mais aussi à l’égard de la 1ère dame du Cap-Vert , marraine de l’événement, avant de donner son ressenti sur le sujet, ainsi que la récente victoire des Lions de L’Atlas face à l’Espagne pour le compte des qualifications aux quarts de finale de la Coupe du monde Qatar2022. « Je suis heureux d’être là avec une 1ère  dame qui accompagne l’initiative d’un grand festival pour fêter Rabat, Capitale de la culture africaine. Nous sommes également là pour fêter la victoire du Maroc contre l’Espagne. On est là pour fêter la beauté, l’image, l’amour, les couleurs, la jeunesse, la paix. », a-t-il fait savoir en substance.

« Je suis ambassadeur pour la paix de l’UNESCO qui accorde une importance à l’endroit de ce grand Palais de Chellah. C’est une manière de montrer que la beauté est présente, que réellement, le Maroc  en est capable. Donc, nous sommes venus fêter la 14e édition après celle faite en 2018 à Dakhla », a-t-il déclaré. Et d’ajouter « Nous fêtons aujourd’hui 24 ans de festival, et 42 pays africains sont présents. Sans oublier la diaspora massivement représentée. Tout ce bon monde est présent pour fêter l’Afrique. C’est une manière de montrer que le continent africain est capable de grandes réalisations… »

Dans la même perspective, il a souligné l’idée selon laquelle, la mode pourrait être pour l’Afrique une opportunité. «  La mode est une chose qui peut donner une chance au continent africain. Prenons le cas des Etats-Unis et de l’Europe : si elle a permis à ces pays de s’émanciper, pourquoi pas l’Afrique ? » s’est-il interrogé.

Toujours selon ses dires, il a fait savoir que l’action posée en vue de valoriser davantage la culture africaine pourrait  avoir un champ de vision plus large. « Cette année, le FIMA est là, l’année prochaine, il pourra être au Cap-Vert, en Guinée… C’est une manière de montrer que l’Afrique est valable et génère des ondes positives… », a-t-il conclu.

La marraine du FIMA, Débora Katisa Carvalho, première dame du Cap-Vert, a également abondé dans le même sens. « Nous sommes ici pour célébrer l’excellence africaine. Nous sommes en train de célébrer la Capitale africaine de la culture ici à Rabat. Evidemment, lorsque l’on parle de la mode, nous ne parlons pas seulement de la culture. Nous parlons aussi de l’économie, de l’emploi, de la créativité, des créateurs, des femmes, du changement climatique. Nous parlons du message. », a-t-elle énuméré.

« La mode ce n’est pas seulement les vêtements. Nous devons porter un message. Et quand je pense à la mode africaine, je parle des gens heureux. Regardez la manière dont nous parlons passionnément de la mode. Ça nous donne une joie de vivre, et vous voyez qu’il y a d’autres modes où ce n’est souvent pas le cas… », a-t-elle étayé.

En plus de cela, elle a profité de cette occasion pour mettre en valeur, la culture capverdienne et promouvoir le textile qui s’y trouve. « Le Cap-Vert  est la 1ère nation créole… Quand vous avez unpays de mixité, on ne peut pas se battre contre son père ou sa mère. Nous sommes le résultat de la mixité du monde. »

« Je dois dire que je regarde le passé pour apprendre. Et je souhaiterais également penser au futur. Evidemment, les chiffres montrent que l’Afrique n’a pas toujours été comptée à la mesure de ce qu’elle devrait être. Nous ne contribuons pas pour le changement climatique : 4% seulement sur les émissions de gaz à effet de serre, mais nous sommes l’une des régions les plus affectées par le changement climatique. Nous produisons du coton, mais seulement 3% de cette production reste en Afrique. Ce sont des choses sur lesquelles il faut réfléchir… », a-t-elle souligné. Et de renchérir  « Nous avons plusieurs talents dans la mode, et nous n’avons aucun doute sur la valeur de l’économie que ce secteur peut apporter. Mais qu’est-ce qui reste en Afrique ? Ce sont des questions sur lesquelles il faudra réfléchir. »

Selon cette dernière, le continent africain aurait la possibilité d’avoir une industrie durable. Elle y donne les raisons de son raisonnement. « Je pense que l’Afrique a la possibilité d’avoir une industrie de la mode durable, dans la mesure où jusqu’à présent, nous n’avons pas beaucoup participé. Vous savez qu’à côté du fait que la mode produise beaucoup de revenus ; nous avons encore plusieurs déchets autour d’elle auxquels nous devrions apporter des solutions. »

Abondant toujours dans le même sens, la marraine du FIMA a souligné que « l’Afrique à la chance d’avoir une mode unifiée, une mode qui peut apporter un message de paix au monde …Pourquoi ne pas penser à une qualité de messages venant de notre culture ? »

En guise d’illustration en rapport avec le textile, la première dame du Cap-Vert  s’est attelée sur celui de son pays, qui selon elle aurait une valeur historique. « L’origine du ce textile appelé « pano de terra » provient de l’esclavage. Ce textile a une histoire avec l’Afrique. Il a tellement de la valeur qu’on pouvait acheter un esclave avec. Au représentant de l’UNESCO, nous lui disons de ne pas laisser ce textile mourir. La mode a cette vertu de pouvoir préserver l’histoire de ce petit pays, et celle de l’Afrique globalement… », a-t-elle dit tout en en ajoutant« Même si dans le monde de la mode nous n’avons pas souvent beaucoup compté ; pour le futur, nous allons compter… »

Il est à rappeler par ailleurs que cette 14ème édition du FIMA, fondée par Alphadi, s’exporte du Niger à Rabat. Elle est chapeautée par la CGLU (Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique) présidée par Jean-Pierre Elong Mbassi. L’événement est également placé Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que  Dieu l’assiste, et sous l’égide du ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication.

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