La visite du roi Philippe en RDC ouvre une nouvelle page de l’Histoire

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

C’est sur fond de travail de mémoire et de réconciliation entre la Belgique et son ancienne colonie que le Roi Philippe a entamé, à partir de ce mardi 7 Juin, sa première visite officielle en République Démocratique du Congo.

A leur arrivée à l’aéroport international de N’Djili, le souverain belge et son épouse Mathilde, accompagnés d’une importante délégation gouvernementale, ont été accueillis par le président congolais Félix Tshisekedi, sa femme Denise et les représentants des corps constitués.

Mais, à l’extérieur de l’aéroport, seuls les militants mobilisés par les partis de la coalition au pouvoir étaient venus souhaiter la bienvenue au couple royal car cette visite n’était pas du goût de tous les congolais auxquels elle rappelle un douloureux passé colonial.

Le déplacement qu’effectue, actuellement, le Roi des Belges dans son ancienne colonie, revêt une très forte portée symbolique dès lors qu’il intervient deux années après qu’à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance de l’ex-Congo belge, ce dernier avait, dans une lettre adressée au président Félix Tshisekedi, exprimé ses « plus profonds regrets » pour les « blessures » de la colonisation et regretté les « actes de violence et de cruauté » commis, entre 1885 et 1908, à l’époque où son ancêtre Léopold II avait fait, du Congo, sa propriété personnelle.

Reporté une première fois, en 2020, à cause de la pandémie de Covid-19 puis une seconde fois, au début de cette année, à la suite du déclenchement de la guerre d’Ukraine, le voyage qu’effectue actuellement le roi Philippe, en RDC, est le second après celui qu’avait entrepris son père, Albert II, en 2010.

Pour rappel, la relation entre les deux pays avait été difficile à la fin de la présidence de Joseph Kabila (2001/2018) quand Bruxelles avait suspendu sa coopération avec Kinshasa au motif que ce dernier avait violé les termes de la Constitution de la RDC en se maintenant au pouvoir au-delà de son second mandat.

Au programme du périple royal qui intervient en plein regain de tension entre la RDC et le Rwanda, accusé de soutenir une ancienne rébellion contre le pouvoir de Kinshasa, figure une visite au musée national de la capitale, un discours sur l’esplanade de l’Assemblée nationale, une intervention devant les étudiants de l’Université de Lubumbashi, dans le sud-est minier et, enfin, un déplacement à Bukavu, dans l’Est du pays, une région en proie aux violences des groupes armées depuis près de trois décennies où, dimanche, le souverain belge visitera la clinique gynécologique de Denis Mukwege, le co-lauréat du prix Nobel de la paix, en 2018, pour son action en faveur des femmes victimes de viols.

Enfin, pour donner un « nouveau souffle » au partenariat entre les deux pays alors que la Belgique est, après les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne, le quatrième bailleur de fonds de la RDC, au cours du voyage du Roi Philippe seront évoqués le passé colonial et la question de la restitution des œuvres d’art à la RDC ainsi que la coopération bilatérale en matière de Santé, d’Education, de Formation et de Protection des forêts.

Avec le voyage du Roi des Belges en République Démocratique du Congo se tournera une ancienne page de l’Histoire peu glorieuse des relations entre les deux pays et s’ouvrira une nouvelle ère dès lors que comme l’a déclaré, à la presse, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya,  qui s’est félicité des « relations raffermies » avec la Belgique alors qu’elles étaient, «par le passé au bord de la rupture», s’il «y a eu des regrets, c’est que (c’est) le début d’un nouveau partenariat qui va aller en se consolidant ».

Le voyage du Roi des Belges en RDC va-t-il permettre de tourner une très douloureuse page de l’Histoire des deux pays et d’en écrire une nouvelle beaucoup plus apaisée et plus sereine ?

Attendons pour voir…

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