L’aumône et les hallucinantes mises en scène

Société et Ramadan

La meilleure des aumônes est celle faite pendant le mois de Ramadan, selon les rites religieux. L’accomplir encore discrètement, cet acte de charité a, à la fois, un sens de purification et de solidarité.

C’est ce que recommandent également les traditions, de la tribu à la ville, de la société marocaine qui est toujours engagée dans un élan de solidarité patriotique. Ainsi, la tradition rejoint la religion pour souligner que cet acte de solidarité s’élève au rang de devoir, une obligation, à référent religieux, et une pratique sociale profondément ancrée dans la société.

C’est ce capital social que certaines pratiques sont en train de dénaturer, de dévaloriser et de détruire aujourd’hui. A des fins électorales ou à d’autres non encore avouées, force est de constater que des actions de solidarité sont mises en scène d’une manière qui laisse à désirer et non conforme à la dignité humaine. Pire encore, les mises en scènes blessent profondément les pauvres bénéficiaires dans leur dignité. Ces spectacles hallucinants sont diffusés sur la Toile.

Ainsi, des photos et des vidéos postées sur les réseaux sociaux montraient une main arrogante offrant un misérable yaourt à une autre, en affichant clairement une supériorité artificielle, un dénigrement et en un mot une injure. D’autres bienfaiteurs/malfaiteurs alignent des pauvres bénéficiaires dans des queues qui paraissaient interminables pour obtenir un misérable lot de produits alimentaires.

La scène est filmée et les projecteurs sont braqués sur chaque bouche dans la queue. Ce traitement inhumain est parfois médiatisé en mettant en exergue les «bienfaiteurs», tout en enfonçant le clou dans les malheurs des pauvres bénéficiaires qui pâtissent déjà sous le poids de la souffrance et de la misère.

Ce qui va à l’encontre des dispositions constitutionnelles, notamment l’article 22 de la Loi fondamentale de 2011. Parfois, ces mises en scènes choquantes laissent entendre qu’elles sont orchestrées pour rappeler à ces pauvres leur statut social et le rendre public. La rigueur du destin se conjugue ainsi à l’injustice de l’homme. Et on parle de justice sociale.

Belkassem Amenzou

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