Le calvaire des ouvrières agricoles

Chtouka Aït Baha

Saoudi El Amalki

Par moments, des travailleuses agricoles  culbutent, par-dessus des pickup bondés à craquer, à la province de Chtouka Ait Baha. Des ouvrières entassées pareil au «cheptel», parsemées sur la chaussée, dégagent un spectacle bien désolant.

Ces incidents fâcheux  qui sont monnaie courante dans ces lieux, dévoilent, encore une fois, la démission déplorable aussi bien des exploitants que des décideurs en place. Les ouvrières à bord de ces véhicules vétustes sont contraintes de  courir le péril d’y accéder, besoin oblige,  sans aucune marge de sécurité ni de commodité de déplacement.

Un fait tant lamentable qu’inadmissible qui se produit sans cesse dans cette région où les sociétés d’export agricole traitent les travailleuses comme des esclaves avilies,  bonnes à leur faire  glaner le maximum de profit.

Ces drames répétitifs survenus dans cette région, interpelle vivement les autorités compétentes, censées imposer les dispositions sécuritaires idoines aux compagnies agricoles dont regorge cette zone réputée pour la qualité de l’agriculture d’exportation de choix. Les opérateurs de ces entreprises ne prêtent aucun intérêt aux ouvrières qui sont embauchées par centaines pour le traitement des produits agricoles à des prix dérisoires.

Une fois qu’elles finissent leur  corvée crevante, elles regagnent leurs masures, encombrées dans des engins, en piteux état.

On ne saurait alors taire cette situation scandaleuse sans s’en révolter, d’autant plus que cette exploitation infâme dont sont victimes ces ouvrières démunies refait resurgir les mesures à prendre, notamment la mise en application du smag au même titre que le smig, la généralisation de la couverture sociale, la consolidation du contrôle sur des conditions de transport, le respect des plages horaires, la mise en avant de toutes les dispositions du code de travail…

A maintes reprises, on avait ardemment évoqué cet aspect révoltant sans que les responsables ne se donnent la peine d’intervenir pour préserver la vie et la dignité de ces femmes déshéritées,  obligées de subir des supplices de la voracité éhontée.

Et pourtant, ces unités de production cumulent des rentes de plus en plus faramineuses. Un grief paradoxal car l’on constatera d’une part, cette agriculture florissante et, d’autre part, la main d’œuvre miséreuse.

Tout en sachant que les organismes de l’Etat, notamment l’inspection du travail, ne fait pas grand chose pour protéger ces travailleuse qui sont toujours à la merci de l’oppression démesurée du patronat. Il serait donc grand temps de mettre un terme à ce laxisme déconcertant, en obligeant les sociétés à mettre en place toutes les conditions de sécurité aussi bien au sein des fabriques que hors des lieux de travail.

A voir ces pauvres amassées en vrac sur des camionnettes, on a envie de crier haut et fort ce mépris condamnable dont les exploitants  font preuve à leur égard.

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