Le CMC prospecte les scénarii de croissance à l’horizon 2030

Habib EL Malki : «il faut changer le modèle de croissance»

My Hafid Elalami : «Nous pouvons devenir une petite usine du monde»  

Le Centre Marocain de Conjoncture (CMC) a tenu sa 22e rencontre mercredi à Casablanca pour amorcer la réflexion sur le potentiel de croissance au Maroc et ses principaux déterminants à l’horizon 2030. L’initiative du CMC  ne relève pas de la spéculation intellectuelle, a souligné Habib El Malki, président du centre qui précise que le CMC veut contribuer au débat national sur une  problématique forte qui est celle de la construction de l’avenir. C’est un exercice exploratoire qui se base sur deux scénarii. Le premier suppose la continuité avec une croissance très fluctuante et le second table sur des scénarii de rupture, estime El Malki. Pour lui,  l’approche choisie imposerait un changement dans la perception du temps. Autrement dit, la maitrise du temps permettrait de mieux articuler le court, le moyen et le long terme. Le président du CMC regrette toutefois, que la croissance au Maroc ait perdu son sens à cause, dit-il des grands écarts qui la caractérisent d’une année à l’autre et d’une décennie à l’autre. Cette volatilité est source d’instabilité et cause de vulnérabilité de l’économie nationale. Ce qui impose selon Habib El Malki, des changements structurels et partant, une modification du modèle de croissance  en remplacement du modèle actuel déjà épuisé.

Dans son intervention à l’ouverture de la conférence, le président du centre, a par ailleurs confirmé que le retard du Maroc est fondamentalement  industriel. Il reste convaincu que le modèle de croissance 2030 peut permettre la réalisation d’un taux de croissance de 7% si l’industrie joue son rôle et qu’il est impossible de stabiliser la croissance sans l’industrie.

Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique a précisé pour sa part que l’industrie demeure un vecteur essentiel de la croissance et de l’emploi. Le ministre affirme que la résilience du tissu industriel face aux agressions extérieures est forte, le coût de la main d’œuvre est un avantage majeur sans oublier la proximité avec l’Europe. Néanmoins, le secteur affiche aussi des faiblesses, annonce Elalamy. Le tissu industriel marocain n’a pas encore la taille critique nécessaire, la faiblesse de  formation et la qualification professionnelle  ainsi que la faible compétitivité sont autant de contraintes, selon le ministre de l’industrie. Malgré, cela dit-il, le Maroc connait une vraie industrialisation qui se fait avec le plan d’accélération industrielle. Elalamy reste optimiste quant à l’horizon 2030 avec une seule réserve : celle de compter sur soi et de ramer dans le même sens. «Le Maroc de demain sera un vrai pays émergent…nous pouvons devenir une petite usine du monde», conclut-il.

Fairouz El Mouden 

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