Le grand écart de Viktor Orban entre Bruxelles et Moscou

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Dans le discours prononcé ce dimanche à Zalaegerszeg à 230 kilomètres à l’ouest de Budapest, en marge des célébrations de la Fête nationale commémorant le soulèvement de la Hongrie contre l’URSS d’Octobre 1956 et faisant écho au lancement, la semaine dernière, par le gouvernement hongrois, d’une « consultation nationale » sur les sanctions européennes contre Moscou, le Premier ministre Viktor Orban, qui fait face à la colère de ses concitoyens qui sont descendus en masse dans la rue pour réclamer des hausses de salaires et une amélioration des conditions de travail au moment où le pays est touché de plein fouet par une inflation ayant atteint 20%, s’en est violemment pris à l’Union européenne qu’il accuse d’avoir affaibli la Hongrie en déclenchant, à son encontre, en Avril dernier, une procédure visant la suspension des financements européens qui représentent près de 7,5 milliards d’euros.

En cause, des « irrégularités » et des « carences » dans les procédures de passation des marchés publics, la proportion « anormalement » élevée des candidatures uniques pour ces contrats et l’absence de contrôle des conflits d’intérêts et des poursuites judiciaires en cas de soupçons de fraudes.

Aussi, pour répondre aux inquiétudes de Bruxelles et la convaincre de débloquer, à son profit, le plan de relance post-Covid de 5,8 milliards d’euros, la Hongrie, qui est le seul pays de l’UE dont le plan n’a pas encore reçu le feu vert de la Commission européenne, a pris toute une série de mesures.

Devant être engagées avant le 19 novembre, ces mesures portent notamment sur la création d’une « autorité indépendante » chargée de contrôler l’utilisation des fonds de l’UE, la possibilité pour les citoyens de porter plainte devant les tribunaux s’ils estiment que le parquet a arbitrairement mis fin à une enquête pour corruption et, enfin, sur un renforcement de la transparence du processus législatif.

Déplorant, dans son discours, la guerre qui fait rage aux portes de la Hongrie, la « crise financière et le ralentissement économique dans l’UE » ainsi que « l’invasion migratoire au sud », Viktor Orban, qui assure que « son gouvernement fort et uni » parviendra à surmonter ces épreuves, ajoutera : « Ne nous préoccupons pas de ceux qui tirent sur la Hongrie cachés dans l’ombre, quelque part depuis les miradors de Bruxelles (…) Ils finiront là où leurs prédécesseurs ont fini » prédisant, par-là, à l’Union européenne, un sort similaire à celui qu’avait connu le bloc soviétique et qui avait conduit à son effondrement entre 1989 et 1991. 

Considérant, enfin, que dès le déclenchement de l’offensive russe contre l’Ukraine, la Hongrie qui est fortement dépendante du gaz russe, avait pris soin de préserver ses relations avec le Kremlin en s’abstenant de soutenir Kiev et que le Premier ministre hongrois n’en finit toujours pas de fustiger, avec force, la stratégie de Bruxelles à l’égard de Moscou, nul ne peut dire ni comment ni de quelle manière Viktor Orban va continuer à exécuter le numéro du parfait équilibriste entre ces deux capitales mais attendons pour voir …

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