Le maître, le génie…

Feu Lhaj Belaïd

Mohamed Nait Youssef

Une sommité de l’art amazigh. Une référence pour certains, une source d’inspiration pour d’autres,  Lhaj Belaïd, parolier, poète, chanteur et interprète est une véritable école indépendante ayant marqué le champ musical amazigh en particulier et la scène artistique nationale en général. Génie de son temps, ce maître du chant et du ribab a rendu pourtant un bel hommage à la culture, et à la beauté amazighe dans toute sa splendeur. Immortelles, sa voix unique et sa poésie profonde ont voyagé dans le temps et dans l’espace. De Tiznit, sa ville natale, en passant par Tafraout, Paris et puis Bruxelles, raïss Lhaj Belaïd a charmé des générations de mélomanes et d’amoureux de la musique. Il est sans aucun doute l’un des précurseurs et piliers ayant mis les jalons d’un style musical singulier, poétisé et rythmé mêlant la parole poétique sincère et bien imaginée avec les rythmes et instruments locaux.

En outre, ses compositions et ses poèmes connus par leur originalité ont été transmis de génération en génération. Il est incontestablement une idole pour les soussis mais aussi pour  les férus de la musique berbère.

A vrai dire, le titre du raïss n’est pas donné par tout le monde. En fait, seuls les grands maîtres du chant, de l’écriture poétique et du rythme portaient ce titre. Lhaj Belaïd avait de l’art et de la manière. Autrement dit, il était le génie de son époque. Il était chef du groupe, poète compositeur, auteur, interprète et chanteur. Ses images poétiques sont porteuses de sens et de messages vénérant la vie, l’amour, la beauté… Au-delà de cette fonction du messager, le poète portait par le truchement  de l’écriture poétique et musicale son propre regard sur la société, ses valeurs, ses défaillances et ses maux les plus profonds. Pourtant, on ressent dans certains titres, cet air engagé de l’auteur et du compositeur dans ses chants et sa musique rappelant les guerres entre les tribus et les gloires des nationalistes.

Tout y est dans la musique : la joie, la mélancolie, l’âme humaine… D’où en effet, la magie de la musique permettant la transmission de certaines émotions et valeurs humaines. Dans ce cas, la langue de la musique devient universelle et plurielle.

Lhaj Belaïd a fait du Ribab, instrument à une corde en crin ou en plastique, un moyen pour célébrer le rythme et dévoiler les trésors cachés de la verve créative du poète et compositeur amazigh, notamment dans la région du Souss ou encore ailleurs.

Vers l’année de 1873, Anou n’âaddi, dans la région de Tiznit, voit naître Raïss Belaïd. Par la suite, il s’est déplacé à Tafraout pour y vivre et s’y installer. C’est dans cette ville d’ailleurs que ce dernier commença à apprendre la musique et les chants en côtoyant des chanteurs et paroliers amazighs. Il y a des rencontres ainsi ; prometteuses et porteuses de belles expériences…artistiques.

En outre, sa passion pour la poésie et la musique l’avait guidé à animer des soirées des notables et des gens de sa région. Au fil du temps,  il est devenu, grâce à son talent, son charisme et son engagement, la vedette et le maître des cérémonies. Raïss Belaïd a eu l’intelligence de préserver sa musique et de la faire sortir de sa localité en enregistrant ses chansons chez Pathé Marconi à Paris, en 1937. Son disque enregistré à l’époque fait partie de la première série de 78 tours de cette entreprise du secteur de l’industrie musicale connue mondialement. Sa musique s’est faite des ailes pour s’envoler dans d’autres cieux plus vastes.

Décédé en 1945, Lhaj Belaïd a laissé derrière lui une œuvre, une musicale très importante. On peut citer parmi ses chansons « Atbir Oumlil », « Taleb », « Mqar Tla touga », « Ajddig », « Taliwin », « Lmakina » et d’autres… Il commence a inspiré une pléiade de jeunes artistiques qui puisent dans son style et sa poésie.

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