Le Maroc déploie des efforts importants

Prévention et diagnostic précoce du cancer

Propos recueillis par Bouchra Naji – MAP

Le Maroc déploie des efforts importants en matière de prévention et de diagnostic précoce du cancer du col de l’utérus, à travers notamment les deux plans nationaux de prévention et de contrôle du cancer et la prise de conscience d’un diagnostic précoce du cancer du col utérin, grâce au test papillomavirus humain (HPV), virus responsable du cancer du col, a affirmé le professeur Abdellatif Benider, cancérologue et ex-directeur du Centre Mohammed VI pour le traitement des cancers.
Malgré le déclassement du cancer du col de l’utérus chez la femme (3e rang au lieu de 2e auparavant), cette maladie pose toujours un problème de santé public, a dit Pr. Benider dans un entretien à la MAP. En effet, il représente 8,1% des cancers féminins, et 2200 femmes ont été touchés en 2020, a-t-il précisé, regrettant que le nombre de décès liés à cette maladie « reste élevé, avec environ 1 200 femmes qui perdent la vie chaque année en raison d’un cancer du col de l’utérus ».
Le cancer du col de l’utérus est l’un des « défis majeurs de santé publique dans le Royaume », a relevé ce spécialiste en oncologie et radiothérapie, soulignant que le Maroc compte près de 13,8 millions de femmes âgées de 15 ans et plus, « qui sont à risque de développer un cancer du col de l’utérus ».
À cet égard, Pr. Benider a mis l’accent sur l’importance du dépistage contre le cancer du col de l’utérus, « car il permet de détecter les lésions précancéreuses ou les cancers du col de l’utérus dans les stades précoces, lorsqu’ils sont le plus facilement traitables », précisant qu’il existe plusieurs méthodes de dépistage disponibles, notamment le frottis cervical qui est l’une des méthodes les plus courantes et les plus efficaces de dépistage du cancer du col de l’utérus.
Cette méthode consiste à prélever des cellules de la surface du col de l’utérus, qui sont ensuite examinées au microscope pour détecter des anomalies, a expliqué l’expert, soulignant que le dépistage contre le cancer du col de l’utérus est « essentiel » pour détecter les lésions précancéreuses et les cancers du col de l’utérus dans les stades précoces, ce qui augmente les chances de guérison.
Par ailleurs, Pr. Benider s’est félicité de l’introduction de la vaccination anti-HPV, faisant remarquer que le cancer du col de l’utérus est « le seul cancer qui peut être prévenu grâce à la vaccination ».
Au Maroc, a-t-il poursuivi, la vaccination est gratuite et volontaire dans tous les centres de santé au niveau national pour les fillettes de 11 ans, qui reçoivent 2 doses à 6 mois d’intervalle. La vaccination contre le HPV est un moyen efficace de prévenir les lésions précancéreuses et les cancers du col de l’utérus, ce qui permet de protéger les jeunes filles contre l’infection par le HPV et de réduire leur risque de développer un cancer du col de l’utérus à l’âge adulte, a noté Pr. Benider.
Il a également averti que « la vaccination ne remplace pas le dépistage régulier », qui est toujours nécessaire pour détecter les lésions précancéreuses et les cancers du col chez lez femmes qui ont déjà été exposées au virus HPV, précisant que le cancer du col de l’utérus est généralement plus facile à traiter lorsqu’il est détecté à un stade précoce.
Pour les options de traitement, le cancérologue a cité la chirurgie et la radiothérapie, tout en soulignant que les taux de survie varient selon le stade auquel le cancer est diagnostiqué.
Les taux de survie est généralement à 90% si le cancer est détecté durant les cinq premières années de son existence. Cependant, ces taux diminuent considérablement lorsque le cancer est diagnostiqué à un stade avancé.
S’agissant de la stratégie nationale de lutte contre le cancer du col de l’utérus, le Maroc adopte actuellement la stratégie de lutte proposée par l’OMS, a fait savoir Pr. Benider, soulignant que cette stratégie, appelée 90-70-90, a pour objectif d’éliminer le cancer du col de l’utérus en tant que problème de la santé publique.
Cette stratégie recommande la couverture par la vaccination de 90% de jeunes filles. Soixante-dix pour cent des femmes en activité sexuelle doivent être couvertes par le dépistage et 90% de femmes ayant un cancer du col de l’utérus, prises en charge avec efficience sur le plan thérapeutique.

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