Le pouvoir gaze les médias français

Liberté de la presse

Tout au long de la semaine dernière, la chaîne de télévision française CNEWS annonçait une interview avec Ferhat Mehenni, président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).

Ce dernier était l’invité du journal télévisé du dimanche (2 octobre)  sur cette chaîne d’information en continu. Mais, le jour J, à quelques minutes de son entrée au le plateau, il apprend que son passage à la télévision a été interdit. Incroyable mais vrai. Stupéfait, au même titre que le journaliste censé l’interviewer, Ferhat Mehenni a rapidement compris que des mains invisibles auraient gazé les médias dans l’Hexagone. Ce qui met à mal la liberté d’expression dans le pays des Lumières.

L’information, largement relayée sur les réseaux sociaux, a fait le tour du monde. Cela confirme à bien des égards le constat dressé par l’ouvrage «Les nouveaux chiens de garde» de  l’écrivain et journaliste français, Serge Halimi, qui a analysé les télévisions et les grands journaux français.

Ou encore l’œuvre «Médias, la faillite d’un contre-pouvoir», rédigée par deux journalistes français,  Philippe Merlant et Luc Chatel, qui ont notamment mis à nu la « Souffrance en France médiatique » et «les mécanismes d’inféodation des journalistes aux politiques».

Autant dire que les médias français, qui faisaient frémir les pouvoirs dans le temps, sont sur la voie de la dégringolade depuis la fin du vingtième siècle. Ce qui est arrivé dimanche ne devrait donc pas étonner.

Mais ce qui est intriguant dans cette histoire est qu’une balle perdue tomba, trois jours plus tard, à Rabat. En effet, le mercredi 5 octobre 2022, l’ambassade de France au Maroc a rendu public un communiqué intempestif qui a de quoi surprendre à plus d’un titre.

Ce communiqué intitulé « démenti» indique que l’ambassade de France au Maroc a «pris connaissance de déclarations à la presse et de commentaires dans la presse laissant entendre que les autorités françaises seraient intervenues auprès d’une chaîne de télévision française pour qu’elle ne laisse pas s’exprimer l’un des invités d’une émission d’information». Mais que vient faire le contexte marocain dans cette affaire ? La chaîne de télévision est française. La censure serait française. Le journaliste est français. Le contexte est français. Le plateau est français. Le maquillage est français. Le fonctionnement de la chaine est régi par des lois françaises. Qui aurait donc gazé tout ça ? Telle est la question. Sa réponse est dans le non-dit du communiqué de l’ambassade de France au Maroc.

Belkassem Amenzou

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