2ème Conférence africaine sur la réduction des risques à Marrakech
Interview du professeur Morgan Chetty*
Propos recueillis par Docteur Imane Kendili, présidente de African Global Health
Le président du comité scientifique de la deuxième conférence africaine sur la réduction des risques, qui se tient à Marrakech, du 26 au 29 septembre 2023, le professeur Morgan Chetty, nous explique dans cet entretien l’urgence de mettre en place un système solide de santé pour permettre aux populations africaines un meilleur accès aux soins.
- Quels sont les principaux obstacles à l’accessibilité aux soins de santé en Afrique et comment peuvent-ils être surmontés ?
L’équité en matière de santé exige que tous les individus et les populations aient accès à des services de santé d’excellente qualité, adaptés à leurs besoins individuels. Les groupes marginalisés et vulnérables peuvent rencontrer des problèmes pour accéder aux soins de santé.
Il est important de se rappeler que les principaux obstacles à l’accessibilité des soins de santé en Afrique sont liés à la pénurie de professionnels de la santé, à l’accès aux transports, aux systèmes de santé sous-financés, au manque d’assurance maladie, aux contraintes financières, aux barrières linguistiques, aux handicaps, à la stigmatisation liée à des maladies telles que la tuberculose et le VIH/SIDA, à la forte charge de morbidité, à la densité rurale élevée avec des ressources limitées,…etc.
- Comment l’accès limité aux services de santé impacte-t-il les résultats en matière de santé des individus et des communautés en Afrique ?
L’absence d’assurance maladie peut avoir un impact sur les résultats en matière de santé. Ce mode de financement n’est accessible qu’à une proportion limitée de citoyens qui peuvent se le permettre. Les maladies chroniques (maladies non transmissibles) et les handicaps sont souvent de longue durée, nécessitant des soins à long terme. Cela peut entraîner une pression financière sur le système de santé, et les patients peuvent accéder tardivement aux soins, compromettant ainsi les résultats. La société supporte également les coûts, avec une productivité réduite et un impact sur l’économie.
- Quelles stratégies peuvent être mises en place pour améliorer l’infrastructure et les ressources de soins de santé dans les zones mal desservies en Afrique ?
Actuellement, le système de santé en Afrique nécessite des solutions innovantes et multifacettes pour répondre aux besoins médicaux dynamiques de la population. Il existe quelques problèmes importants, tels que l’insuffisance des allocations budgétaires pour la santé, le coût inabordable des fournitures médicales et les perturbations de l’approvisionnement, la coordination inefficace entre les secteurs public et privé de la santé, ainsi qu’une mauvaise coordination des politiques par les ministères.
Les stratégies pour relever les défis en matière de santé et améliorer l’infrastructure et les ressources de santé sont les suivantes : améliorer le ratio médecin-patient, renforcer l’emploi en recrutant davantage de professionnels de la santé, lutter contre la fuite des cerveaux (migration à l’étranger), améliorer l’éducation médicale, augmenter les allocations budgétaires pour la santé, améliorer l’infrastructure et l’équipement de santé, intégrer la technologie dans les soins de santé, nécessité d’une meilleure composition des compétences et d’une portée de travail plus pertinente et améliorée, recourir à un niveau inférieur de travailleurs de la santé pour augmenter les ressources humaines et libérer les professionnels de santé seniors pour la supervision et pour travailler à leur plein potentiel, renforcer les plateformes de santé horizontales, notamment la santé publique.
- Quel rôle la technologie et l’innovation peuvent-ils jouer dans l’élargissement de l’accessibilité aux soins de santé en Afrique ?
L’utilisation de la technologie de manière très productive pour pallier le manque de ressources humaines dans le domaine de la santé et prendre soin du patient est essentielle. Grâce à l’intelligence artificielle générative, les organisations de santé pourraient connaître une amélioration des résultats des patients et une plus grande efficacité des soins. L’industrie de la santé utilise l’intelligence artificielle générative pour stimuler des programmes de santé innovants. L’intelligence artificielle générative est une technologie qui utilise un algorithme entraîné pour produire de nouvelles sorties sous forme de données, de textes, d’images, et bien plus encore.
Faits importants : Pénurie continue de professionnels de la santé, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ; Épuisement professionnel et soins insuffisants aux patients en raison de charges de travail élevées ; Coûts de santé élevés. Nous pouvons rappeler quatre avantages potentiels : Plan de soins personnalisé basé sur des preuves. Fourniture de données et d’analyses. Utilisation pour détecter des modèles dans les données des patients indiquant le potentiel développement de maladies chroniques. Permet le développement de plans de soins cliniques.
Quels sont les modèles réussis ou les meilleures pratiques dans d’autres régions qui peuvent être appliquées pour améliorer l’accessibilité aux soins de santé en Afrique ?
Les soins de santé en Afrique souffrent de négligence et de sous-financement, ce qui entraîne d’importants défis dans les SIX piliers des soins de santé selon l’OMS : la prestation de services, la main-d’œuvre en santé, les systèmes d’information en santé, les médicaments et la technologie, le financement, le leadership et la gouvernance. La majorité des pays africains ne parviennent pas à satisfaire aux exigences de base pour de bons systèmes de santé. Une mauvaise gouvernance et des problèmes de ressources humaines limitent l’intégration inefficace des services dans les nations à ressources limitées.
Pour améliorer l’accès aux soins de santé, il est important d’adopter une couverture santé universelle, de respecter la Déclaration d’Abuja, qui demande à tous les pays d’Afrique d’allouer au moins 15 % du PIB à la santé, d’augmenter les ressources humaines en santé conformément aux directives de l’OMS, qui recommandent un ratio de 4,45 professionnels de la santé pour 1 000 habitants comme seuil pour la couverture santé universelle, de stabiliser et d’équiper les plateformes horizontales (santé publique) pour soutenir la couverture santé universelle et la prestation de soins de santé, et enfin, de mettre en place un système de santé durable et résilient avec une chaîne d’approvisionnement efficace pour les médicaments et les vaccins.
- Président de la Coalition des Médecins de Kwazulu Natal pour les Soins de Santé Président du DUT, IPAF. Durban – Afrique du Sud