Léa Kalina, un certain regard de l’Orient

inspiré un ensemble d’œuvres figuratives qui attestent d’un regard pénétrant, tombé sous le charme d’un pays arabo-musulman en rupture totale avec sa culture originelle, ce qui a donné des ailes à son imagination.

Maîtrisant à merveille les règles du dessin, l’anatomie du corps et la poésie des couleurs, Kalina a raison d’engager sa perception des choses dans des formulations représentatives sensibles, où la veine exotique, toute consciente qu’elle soit de l’usage pléthorique qu’en ont fait nombre d’artistes étrangers et notamment les orientalistes, lui réserve par delà les thèmes, des surprises chromatiques conférant à sa palette une certaine authenticité, voire un style. Ce sont  des thèmes fréquentés certes, mais qui ont toujours quelque chose à dire pour l’artiste. Scènes intimes, portraits, natures mortes sont traités avec délicatesse et trouvent sous le pinceau de Kalina des résonances inédites. Sa manière de composer et de gérer l’espace, son calibrage de la lumière et ses tons aux notes équilibrées, tout cela renvoie à une perception du réel, exaltée et pénétrante.

L’amour des détails est parfois poussé au point de parler d’hyperréalisme. Cependant, Kalina n’en veut surtout aux ombres et aux contrastes, dont elle se joue comme d’une partition. Nous sommes loin du simple spectacle pittoresque ou décoratif. Les motifs invoqués (tissus, objets d’usage, formules architecturales…) relèvent d’un répertoire iconographique chargé de sentimentalité. Kalina procède à une scénographie sensitive, qui lui dévoile la profonde réalité des choses. Il s’agit de pénétrer davantage l’esprit des formes qui l’habite : une approche qui ne laisse pas d’être symbolique et dont les couleurs renforcent l’aspect mystérieux (qui n’y paraît pas à l’évidence), mais qu’on peut déduire par la voix/voie de l’imaginaire.

Léa Kalina arrive à installer son monde pictural comme s’il s’agissait d’une rencontre merveilleuse avec l’Orient (au sens romantique du terme), avec force et conviction, avec aussi un amour patent pour le Maroc traditionnel, patrimonial, en tous cas chaleureux et lumineux, dont elle fait le creuset inépuisable de son art.

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