L’embrasement de l’Amazonie au cœur du G7

Alors que l’Amazonie, la plus grande forêt tropicale et le «poumon vert» de la planète est en proie aux flammes depuis plusieurs semaines et que l’Institut National brésilien de recherche spatiale chargé de «contrôler» la déforestation avait annoncé jeudi dernier avoir enregistré de nouveaux départs de feu, le président brésilien Jair Bolsonaro qui, d’ordinaire, soutient le développement de l’agriculture et de l’exploitation minière sur les terres indigènes a, dès le lendemain, signé un décret autorisant, à partir de samedi et pour une durée d’un mois, les gouverneurs des Etats concernés à mobiliser l’armée afin d’«identifier (et de) lutter contre les foyers d’incendie» puis d’entreprendre «des actions préventives et répressives contre les délits environnementaux».

Mais même si, dans la foulée, Donald Trump a proposé à son homologue brésilien l’aide des Etats-Unis, ceci n’a point été du goût du chef indigène Raoni Metuktire. Connu du monde entier par sa lèvre distendue, le chef indien, en déplacement en Allemagne après avoir fait, au printemps dernier, une longue tournée en Europe pour sensibiliser les chefs d’Etats du vieux continent sur les dangers de la déforestation, s’en est violemment pris au président brésilien. Ainsi, dans un entretien avec l’AFP, ce dernier a clairement appelé la communauté internationale à «le faire partir le plus vite possible». Il a même profité de l’occasion pour demander au président Macron et à «d’autres forces internationales de faire pression pour que le peuple brésilien fasse partir Bolsonaro et que le Congrès vote sa destitution».

Le chef indien entend également provoquer une mobilisation générale pour éteindre les feux qui embrasent l’Amazonie et dont il impute l’entière responsabilité au président Jair Bolsonaro qu’il accuse «d’exciter» les fermiers qui en croyant « qu’ils ont tous les droits se mettent à brûler les forêts» pour leurs cultures. Il en va de même des coupeurs de bois et des chercheurs d’or.

Luttant depuis plusieurs années pour sauver la forêt amazonienne en tant que «poumon de la planète», le chef Raoni estime que si la déforestation continue «il n’y aura plus d’oxygène» et que «si on ne sauve pas le peu qui reste, (…) on va avoir des feux encore plus importants et ce sera toute la planète qui sera en feu».

Raoni Metuktire a donc promis que, dès son retour dans son Etat du Mato Grosso, au centre-ouest du Brésil, il va rédiger «un document et faire une levée de fonds pour en finir avec tous ces problèmes d’attaque contre l’environnement», des «attaques» dont il rend responsable, bien entendu, le président brésilien d’extrême-droite Jair Bolsonaro qui n’a jamais caché son intention de développer l’agriculture et l’exploitation minière sur les terres indigènes.

Mais l’embrasement de la forêt amazonienne n’a pas eu pour seule conséquence d’attiser le conflit qui oppose les populations indigènes au nouveau Président d’extrême-droite Jair Bolsonaro puisqu’il est même arrivé à provoquer une crise diplomatique entre la France et le Brésil lorsque le président brésilien a accusé son homologue français d’avoir «une mentalité colonialiste» quand celui-ci a déclaré que «les incendies en Amazonie allaient faire l’objet de discussions pendant le sommet du G7 de Biarritz».

Cet incident a fait dire au vieux chef indigène Raoni que «le président Bolsonaro ment. C’est lui qui crée les problèmes et accentue les destructions». Il ajoutera même que c’est Bolsonaro lui-même «qui est en train de coloniser (l’Amazonie) et pas Macron».

Aussi, en marge du sommet de Biarritz, le président français a déclaré ce dimanche, devant un parterre de journalistes, que les pays du G7 se sont mis d’accord pour «aider le plus vite possible les pays frappés (car) l’enjeu de l’Amazonie pour ces pays comme pour la communauté internationale est tel – en terme de biodiversité, d’oxygène et de lutte contre le réchauffement climatique – qu’il faut procéder à cette reforestation».

Ainsi, au vu des dégâts qui ont frappé la forêt amazonienne ces dernières semaines, il est incontestable que la communauté internationale aura fort à faire et ce, d’autant plus que cette crise environnementale menacerait même de torpiller l’accord commercial UE-Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) signé en Juin dernier dès lors que le président Bolsonaro est supposé avoir «menti» sur ses engagements en faveur de l’environnement. Eteindre les incendies qui ont frappé l’Amazonie n’éteindrait donc pas la crise qui se profile à l’horizon. Alors, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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