Les enjeux du Bachelor !

Soumise à une large polémique parmi le corps professoral universitaire, ainsi que la communauté estudiantine, l’actuelle reforme adoptée, en stade de gestation alimente vivement le débat national, à plus d’un titre. Le nouveau scénario, en nette rupture avec son prédécesseur, se veut «révolutionnaire», selon les concepteurs, en particulier, en matière de révision en hausse du volume de scolarité, étendu sur quatre ans, comme ce fut le cas de l’exercice du LMD, concentré sur trois ans, depuis 2003, au temps de Khalid Alioua, ministre à charge du département de l’époque.

La formule, de plus en plus en vogue, plus particulièrement dans les pays anglo-saxons, prête beaucoup plus l’intérêt sur l’appui linguistique, maillon faible des apprentissages, le relèvement des compétences créatives (Soft Skills), la fluidité d’accès au poste de l’emploi et à l’univers de l’entreprise, à travers une série d’unités modulaires appropriées.

Il va sans dire, tout d’abord, que cette transition n’aurait pas sérieusement été précédée d’évaluation approfondie de tous cycles de l’actuel système afin d’en déceler les contraintes et les handicaps aussi bien au niveau des cadres que les étudiants à diverses phases d’enseignement. Il serait bon de souligner aussi que ce système à l’étape d’expérimentation s’en trouvera onéreux tant aux familles, étudiants qu’à l’Etat lui-même, dans la mesure où il se déroule sur quatre années.

De même, dans la structure universitaire, à accès ouvert, on passe beaucoup plus de temps dans les dévaluations (examen et contrôles…) que dans les différents apprentissages où l’impossibilité d’organiser des sorties de terrain pour ce qui est du nombre de disciplines. D’une manière générale, le temps consacré aux études est limité pour chacun des deux semestres de l’année universitaire à 6 ou 8 semaines. Le reste du temps scolaire est réservé aux examens, corrections et rattrapages pour chaque semestre.

Cependant, ce rajout d’une année ne serait guère d’une grande utilité étant donné que pour les initiateurs, il serait comme un baptême de découverte de l’université, une sorte de domestication. L’étudiant ne s’y met à la  spécialité que l’année d’après. Le projet sera axé sur ce que l’on appelle les Soft Skills. Mais c’est quoi les Soft Skills? Ce sont des savoir-faire que l’étudiant doit en principe, s’y familiariser au niveau du fondamental, soit le primaire, le collège, le lycée, dans la musique, théâtre, arts plastiques, sport… Ce n’est nullement au niveau de l’université qu’il va en exercer. Par ailleurs, la mise en place d’un tel système varié nécessite des Ressources Humaines importantes en nombre. Pour rappel, selon les normes internationales le taux d’encadrement à l’université  est fixé à 10 à 15 étudiants par Professeur.

Est-ce le cas chez nous où ce taux s’élève à plus de 200 étudiants par encadrant, notamment dans les Facultés des Lettres, des Sciences Humaines et celles d’Economie et de Droit. Sans parler des  moyens logistiques et financiers, d’autant plus que les enseignants-chercheurs ne sont pas assez initiés et outillés à ces nouvelles tâches. Toutefois, il faut bien dire que le système se déploie, à coup sûr, en phase embryonnaire dans un certain nombre de structures sur le territoire du royaume, il est à constater que nombre de professeurs déplorent le passage ou s’est opéré sans approche participative pour décortiquer la problématique dans son intégralité.

Il est donc bien certain que le passage au système Bachelor, au lieu de l’ancien axé sur le modèle francophone, trouve son explication dans la volonté du pays de se rapprocher aux nouvelles «alliances» avec les États Unis et le Royaume Uni, spécialement dictées par les récentes conjonctures géo-politiques au cœur desquelles le Maroc se serait positionné, en plaque tournante.

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