Les marges de liberté !

De tout temps, notre pays a constamment procédé par progressivité. Cette approche pondérée lui a toujours permis de s’éloigner de la précipitation qui, en général, cause des incidences fâcheuses. La fameuse triptyque, chère à Nawal Saadaoui, figure emblématique de la littérature égyptienne, à savoir Politique, Religion et Sexe, était traitée, chez nous, avec la plus grande doigté. D’autres concepts aussi délicats, comme l’intégrité territoriale et l’amazighité, entre autres, étaient pareillement entretenus dans la sagesse et la circonspection. Au fil du temps, on parviendra à « banaliser » nombre de tabous qui, dans un passé récent, étaient des sujets prohibés, pour des raisons abusivement sécuritaires, dans bien des cas. On se rappellera la « prudence » avec laquelle furent tirées de l’épingle la langue et la culture amazighes, afin de contourner, dans la sérénité, les résistances véhémentes voire les hostilités farouches du panarabisme ambiant. Aujourd’hui, on est parvenu à la hisser au tout premier plan constitutionnel, au même titre que l’Arabe. De même, la question du Sahara marocain a été l’apanage d’une minorité de décideurs qui en détenaient toutes les ficelles, en la couvrant d’une opacité vachement hermétique, pour des soucis similaires également. Au fil des ans, la diplomatie populaire, brandie par la société civile, ainsi que l’action parlementaire défoncent cet exclusivisme, tout en mettant à nu, la « perméabilité » béate de la diplomatie officielle à cet effet. A mesure de cumuler les expériences électorales, en dépit de ses déchéances saillantes, la notion de la politique ne fait plus peur dans les milieux populaires, car, afin de monopoliser les centres de décision, on faisait croire aux masses que la politique, particulièrement celle de la gauche, était synonyme d’atteinte aux Institutions. Maintenant, les « marges » de liberté et des droits humains,  progressivement acquises dans un climat plus avenant, malgré le maintien de nombre de déficiences, donnaient à la notion de la politique plus d’ampleur et d’accessibilité. Dans ce sillage, si les diverses libertés ont sensiblement évolué, l’éducation sexuelle, quant à elle, est souvent mise en « secret » puisqu’elle est liée aux préceptes cultuels. Tout abord, on ne manquera pas de mettre en évidence la justesse de la « monarchisation » de la chose religieuse, autour du commandeur des croyants, afin de garantir la stabilité escomptée, dans une société résolument conservatrice. Nonobstant, on soulignera l’effet de modération qui émaille les pratiques cultuelles traduisant, en fait, nos valeurs de tolérance et d’ouverture, des décennies durant. Dans ce sens, nombre de conduites interdites par la Chariâ et la Loi, ne sont pas systématiquement anihilés, du moins «tolérés» en discrétion. Or, la police des mœurs intervient quand il s’agira d’un flagrant abus en public contre des contrevenants imprudents. Dans ce contexte où les courants modernistes gagnent du terrain, de front avec les tendances obscurantistes, le débat s’amorce autour des thématiques qui s’insèrent, au fait, dans le rapport de forces de cette dualité, sérieusement enclenchée dans notre société aux valeurs authentiques. Personne donc n’a le droit d’occulter le droit à la différence, encore moins de menacer à la liquidation corporelle, le détenteur d’une opinion qui n’est pas nécessairement celle de l’autre. On ne peut alors remettre en question tout un édifice élevé, au terme duquel on a pu planter dans une optique du non retour, les pierres d’une Nation fortement liée aux principes cultuels et, en même temps, attachée aux fondements du progrès moderne.

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