Les somaliens élisent leur président

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Alors que le pays vivait une grave crise politique depuis que, l’année dernière, le président Abdullahi Mohamed dit « Farmaajo », avait refusé de se dessaisir du pouvoir, les somaliens  ont élu à la présidence de la république et à l’issue d’un vote marathon qui s’est déroulé, ce dimanche 15 mai, sous haute sécurité dans un pays en proie à l’insurrection des  islamistes radicaux des Shebabs, Hassan Cheikh Mohamoud ; celui-là même qui avait déjà présidé aux destinées de la Somalie entre 2012 et 2017.

Dès l’annonce officielle des résultats, le nouveau chef de l’Etat somalien qui est revenu au pouvoir cinq années après l’avoir quitté à l’issue des élections remportées par « Farmaajo », a déclaré : « il est vraiment louable que le président  soit ici à mes côtés, nous devons aller de l’avant et jamais en arrière, nous devons panser nos plaies (…) Ne perdons pas de temps sur le passé (…) Au lieu de cela, nous travaillerons à un bel avenir et je mettrai en œuvre mon slogan de campagne qui est ‘Une Somalie pacifique, en paix avec le monde’ ».

A cela, le président sortant a répondu : « Je salue mon frère ici, le nouveau président Hassan Cheikh Mohamoud et lui souhaite bonne chance face à l’énorme tâche qui l’attend ».

La tâche qui attend le nouveau président somalien est énorme, en effet, car bien que cette élection qui a eu lieu avec un retard de plus d’une année et sous couvre-feu ait, officiellement, mis fin à la crise politique qui secouait la Somalie, le pays souffre, par ailleurs, d’une sécheresse endémique et l’insécurité est toujours là. Ainsi,  des explosions ont été entendues aux abords de l’aéroport de la capitale au moment-même où avait commencé le vote, sous une tente dressée dans le périmètre de l’aéroport de Mogadiscio sous le regard d’un impressionnant déploiement des forces de sécurité.  

Autant dire qu’après des décennies de guerre civile, le nouveau président somalien hérite non seulement d’un pays divisé à l’extrême et en proie à une inflation galopante et à une sécheresse qui menace plus de 40% de la population, mais qu’il doit, également, faire face aux Shebabs qui, de l’avis de nombreux observateurs, sont le plus dangereux des groupes islamistes affiliés à Al Qaïda et qui ont intensifié leurs attaques, ces derniers mois.

Après avoir été chassés de la capitale en 2011, ce groupe jihadiste a récemment fait parler de lui en étant à l’origine du double-attentat qui avait fait 48 morts le 24 mars dernier, dans le centre du pays, et qui avait été suivi par cette attaque d’envergure qui avait visé une base du l’Union africaine et qui, selon un bilan officiel, s’était soldée par la mort de 10 personnes.   

Mais, malgré cela, la communauté internationale a salué, dès lundi, l’élection du nouveau président somalien et appelé, ce dernier, à prendre en main les problèmes de ce pays pauvre et instable de la Corne de l’Afrique paralysé depuis plus d’une année par une profonde crise politique.

Ainsi, les Nations-Unies ont présenté leurs félicitations au président Hassan Cheikh Mohamoud et aux instances politiques et sécuritaires somaliennes « pour avoir assuré une élection présidentielle ordonnée, paisible et sécurisée » alors que, dans un communiqué publié sur Twitter, la mission de l’ONU en Somalie (Unsom) a félicité l’ancien président Farmaajo pour « avoir fait honneur à la tradition somalienne en acceptant immédiatement les résultats de l’élection et en exprimant son soutien à son successeur ».

Dès la proclamation des résultats, la sous-secrétaire d’Etat britannique chargée de l’Afrique, Vicky Ford, a félicité, sur Twitter, le président élu et le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, a déclaré que « l’Europe est impatiente de [travailler] en étroite collaboration avec Hassan Cheikh Mohamoud et avec le gouvernement qui sera nommé au plus vite, alors que la Somalie s’engage dans d’importants efforts de réconciliation, notamment entre les niveaux fédéraux et régionaux, de construction de l’Etat, de développement et de consolidation de la paix ».

Un même son de cloche a été entendu du coté de l’Afrique lorsque le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, s’est dit impatient de travailler en étroite collaboration avec son voisin « sur les intérêts bilatéraux et régionaux communs » et que le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, ainsi que les diriugeants du Kénya et de Djibouti ont salué l’élection de Hassan Cheikh Mohamoud.

Que dire pour terminer sinon que si l’élection d’un nouveau président a permis de mettre un terme à la crise politique qui secouait la Somalie depuis plus d’une année, rien n’indique, néanmoins, qu’elle parviendra à pousser les jihadistes islamistes des Shebabs dans leurs derniers retranchements mais attendons pour voir…

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