Les vendeurs de gros déplorent une situation inédite

Le marché des œufs à Casablanca

Par Mahmoud Nafaa (journaliste stagiaire)

Les œufs connaissent une hausse des prix concrètement ressentie par les vendeurs de ce produit tant désiré par les marocains pendant le Ramadan. Al Bayane est allée à leur rencontre en vue de recueillir leurs impressions. Comment ces marchands de gros vivent-ils la situation du marché ? Pourquoi les prix augmentent ? Est-ce qu’ils en profitent ou en pâtissent ? Immersion.  

Dans le marché de gros des œufs, situé dans le quartier de la Gironde à Casablanca, il y a des vendeurs qui déchargent les camions de transport des œufs, et posent leurs colliers, composés de plateaux d’œufs, en vue de leur distribution. Afin de s’informer sur la situation des prix de cette marchandise tant convoitée par les marocains pendant le mois sacré du Ramadan, Al Bayane est allé solliciter les impressions de quelques uns de ces vendeurs.

Le premier nous a affirmé : « la marchandise est un peu chère, les prix ont un peu augmenté », et un autre vendeur, à ses côtés, a rajouté : « ça vient des fermes. Les propriétaires des fermes, eux aussi, en souffrent ». Le premier poursuit : « la pâture, le son de blé, sont chers. Que ce soit le fermier ou le vendeur au marché de gros, le même prix de vente est fixé, 1,35 DH l’unité pour l’œuf « roumi » ou standard, 1,50 DH pour l’œuf à double jaune, et 2,10 DH pour l’œuf « beldi » ou fermier. Et à ce rythme, personne n’y gagne rien ».

Il nous indique également que « le prix de la pâture a triplé, de 3,20 DH à 6,50 DH. Tout le monde en souffre ». Concernant l’affluence des acheteurs, il nous répond, « l’affluence est plus ou moins faible, la situation du marché est plutôt stagnante, il n’y a pas de dynamisme ».

Le deuxième interviewé confirme lui aussi que l’affluence à ce produit est faible. Et d’ajouter, « les prix ont augmenté de façon extraordinaire par rapport à l’année précédente…les fermiers ont plusieurs charges à leurs dos, les protéines, les médicaments agricoles ».

Quant au troisième interviewé, il précise, « ça vient de l’avarice et de l’avidité des fermiers ». Il rajoute, « cette hausse n’a aucun rapport avec le contexte international, ni à la guerre en Ukraine, ni à rien de tout ça. Le plus grande part d’influence sur la hausse des prix est due à la cupidité et de l’avidité des fermiers. Et ces derniers choisissent d’ailleurs d’exporter vers l’Afrique au lieu de satisfaire la demande nationale ».

Il est plutôt insistant, « si les fermiers étaient plus raisonnables, tout le monde vivrait bien. Maintenant, vendre l’œuf standard (appelé aussi « roumi » en darija) à 1 DH l’unité est également bénéfique pour les fermiers, mais eux, ils veulent saisir l’occasion à fond et réaliser le plus de profit possible ».

Il poursuit, « nous sommes ceux qui souffrent le plus, nous ne réalisons aucun profit nous ! Je vous jure, on travaille « gratos ». Vous voyez, quand un œuf se casse et qui coute 1,35 DH, on souffre du dégât, contrairement à quand ce dernier coutait 0,80 ou 0,90 DH. Et voyez-vous ce collier de plateaux d’œufs (composé d’une dizaine de plateaux) ? Il nous rapporte maintenant seulement 3 DH. Et si deux plateaux se cassent ? Qu’est ce qu’il nous reste, nous, pour payer le chauffeur, l’ouvrier, le patron ? ».

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