Lettre ouverte au Maire d’Agadir

Monsieur le Maire,

Voilà que la rage électorale s’est apaisée dans l’ensemble du royaume et que tout le processus a clos ses divers chapitres. Dès que vous avez laissé entendre que vous alliez atterrir sur Agadir, on savait déjà que vous postuliez la présidence de sa mairie. Bien évidemment, vous n’iriez pas prendre tout ce risque de prestige pour vous suffire d’un simple poste de conseiller ! Comme attendu, vous y êtes à présent, sur le perchoir d’une entité satellitaire en effervescence, sans peine. Nombre de paramètres ont, sans conteste, concouru à votre cavalcade tonitruante sur la ville et la région, voire le pays du reste, après les déboires cuisants de vos prédécesseurs. D’emblée, vous n’êtes pas, en fait, dépaysé à vous voir revenir au  bercail, après avoir présidé aux destinées du conseil de la région Souss-Massa-Drâa, au début des années 2000.  Un passage somme toute, assez fluide où vous aviez joui de la synergie pour avoir su fédérer les sensibilités de cette institution et mis sur orbite les premiers jalons du triptyque économique conçu sur l’étude Mackenzie, avec comme toile de find le somptueux Timitar. Deux décennies plus tard, vous avez donc réapparu à la tête de la cité métropolitaine mais cette fois, sous une couleur partisane, après avoir été sans appartenance politique. Ce qui supposerait que dorénavant, vous soyez tenus de rendre compte à vos électeurs au  terme de votre mandat !

Monsieur le Maire

Aujourd’hui, vous héritez de la capitale  du pôle baptisé « Centre du royaume »,  en grand chantier bien ouvert sur tous les horizons. Vous y avez sans nul doute, constaté de visu le déploiement d’un labeur titanesque sur maints fronts, mené d’arrache-pied par un staff ardent expertement conduit par un pilotage  aussi subtil que méticuleux sur le détail. Depuis déjà plus de vingt mois, le Programme de Développement Urbain  (PDU), lancé par le Souverain en février 2020, va bon train pour parvenir à bon port en 2024, date de son expiration, en pleine période  cruciale de la crise virale. Vous ne pouviez pas tomber mieux qu’au cœur d’une seigneuriale aubaine à laquelle il vous appartiendra de relayer en trombe, afin de parachever en apothéose ce Majestueux projet. Mais, à coup sûr, vous n’êtes pas là pour vous contenter de ce que vous avez déjà trouvé en train de se produire, de manière galopante dans tous les coins de la ville, sans relâche ni répit. On n’a pas fait tout ce tohu-bohu pour vous placer à l’arche de l’hôtel de ville et vous mettre le grain à moudre sous la dent. Vous êtes là pour donner le sens concret au « centre du royaume », tel qu’insinué par le Roi et convoité par toute la communauté du Souss, de raviver l’économie régionale, en passe de rayonner à petits trots, à travers une industrie viscéralement en état d’éclosion, de mettre en branle un  investissement en net relèvement dans le tissu divers de l’entreprise, de lustrer le tourisme à la recherche de ses lettres de noblesses, par l’élan généreux d’une flopée d’opérateurs aguerris…

Monsieur le Maire,

Vous n’êtes pas sans savoir que l’effort que vous entreprendrez pour insuffler cette relance économique n’aurait nulle importance si les fruits ne vont pas aux populations dont les insuffisances ne se comptent plus. Tel que vous avez brandi dans votre campagne électorale, il vous est impératif de tenir vos promesses en direction de la lutte contre les inégalités sociales et spatiales, de la promotion de l’éducation, de la santé, de l’emploi en faveur des couches déshéritées, de la mise en valeur du patrimoine culturel et immatériel de la cité des joailleries… De toute évidence, Agadir est un potentiel réel du Centre et un carrefour/charnière du Nord aux chevauchées en ascension fulgurante et du Sud aux gros espoirs d’une Nation libre et féconde. Vous y êtes désormais plein dedans, aux lumières des projecteurs braqués sur l’apport que vous comptez mettre en exergue pour la poursuite de son enclenchement salutaire…Natif d’Illigh dans la banlieue de Tafraout,  Mokhtar Soussi, l’érudit nationaliste empruntait une belle expression amazighe dans son illustre œuvre  « Souss Al Alima », quand il abordait le récit de l’histoire du Djihâd, en particulier dans le Souss : « La nature ne tient qu’avec les  siens  ! ».

 Enfin, je ne puis clore cette lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps, sans vous adresser cette question qui ne cesse de m’intriguer : « Vous portez la casquette de chef de gouvernement et celle de président de ville, comment allez-vous pouvoir concilier les deux tâches ? ». Tenez-vous bien qu’au cas où vous ne parviendriez pas, il ne vous serait guère permis d’en avancer le motif de cumul de fonctions, puisque c’est votre choix et vous devriez en assumer pleinement les conséquences. Voguez le navire, président !

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