« L’événement Rayan »

Bien après son enterrement, ce qui est arrivé à Rayan marque encore l’actualité. L’ensemble du peuple marocain a suivi cette tragédie avec l’espoir très fortque son issue soit bienveillante. Aucun doute n’a été perçu sur le dénouement heureux du drame, malgré le temps passé depuis l’accident de l’enfant de cinq ans et les conditions de son sauvetage.In fine, il en a été autrement.

Après sa chute, Rayan a été piégé dans une cavité latérale à la gaine probable du puits perdu, à plus de trente mètres de profondeur, dans un terrain escarpé, de nature lithologique friable et où les phénomènes de l’érosion sous toutes ses formes, particulièrement les éboulements,sont reconnues.

Malgré la pression des contraintes du terrain et celle d’une affluence humaine qui ne cessait de grandir, les efforts de sauvetage ont été mené de main de maître. Avec toute la logistique nécessaire, les secours et les opérations pour sauver Rayan ont été réalisés avec une grande maîtrise et un grand professionnalisme.

La reconnaissance du peuple marocain va à l’ensemble des autorités, des forces publiques et des personnes qui se sont mobilisées pour sauver l’enfant Rayan : les membres de la gendarmerie nationale, les secouristes de la protection civile, les machinistes des bulldozers et des pelleteuses, les topographes, les médecins, le puisatier Ali Sahraoui qui a dégagé la terre par ses mains, les jeunes qui ont tenté de descendre dans le puits ainsi que les femmes du douar qui ont assuré la restauration sur place. Au sommet de l’Etat, « Sa Majesté le Roi a suivi de près les développements de ce douloureux incident et a donné ses hautes instructions pour prendre les mesures nécessaires et de déployer tous les efforts possibles afin de sauver le défunt ».

Que Rayan repose en paix. L’émotion, la compassion et la solidarité suscitées par cet événement ont été senties et exprimées par l’ensemble du peuple marocain, ainsi que largement au-delà des frontières du Royaume du Maroc.

L’évènement Rayan a provoqué aussi des comportements qui interpellent notre société dans son ensemble.Sa couverture médiatique, surtout via la toile, a soulevé des interrogations concernant « qui fait quoi, comment et pourquoi il le fait » dans ce domaine.Ce qui est arrivé accidentellement au Douar Ighrane, commune de Tamrout, dans le Rif, a aussi fait venir une multitude de personnes dans cette zone.Cette foule, qui est présente dans la pratique d’un voyeurisme que ne peut cacher sa solidarité certaine.

Ses comportements hystériques, gênant parfois la sécurité des opérations de secours et où la piété pourrait facilement être exploitée par des malveillants à des fins obscurantistes. Plus que l’expression de la ferveur ;même la numérologie autour du chiffre cinq a été postulée !

Cette montagne où la négligence provoque la mort.

Cette jeunesse qui ne cherche qu’à vivre dans le beau pays qui est le sien, mais qui se trouve les mains liées par l’exclusion, le non emploi et le désœuvrement alors qu’elle voudrait déplacer les montagnes pour le développement de la terre de ses ancêtres. Des laissés pour compte dans la transformation que connait le royaume …

À la faveur de l’usage des réseaux sociaux relatant les conditions du sauvetage de Rayan, un ultracrépidarianisme s’est aussi manifesté dans le flot des nombreux internautes.Ce syndrome est à mettre en rapport avec le défaut d’éclaircissements, d’informations et de communication de la part du gouvernement sur l’événement. Les « toutologues » se sont adonnés à cœur joie à leurs expertises, à leurs critiques et à leurs propositions ; à rendre le silence du gouvernement bienvenu.

Résidus d’un système éducatif inefficace et preuve d’une indigence culturelle et civique qui fait des ravages lors des échéances électorales, entre autres. C’est vrai que « la bêtise ne comprend pas ; (et que) la sottise comprend de travers. » comme le devisait la Comtesse ; et que « le plus souvent la bêtise est sœur de la méchanceté. ».

Par ailleurs, et de mille manières, se retrouve, en marge du triste événement, la réclamation d’un état fort, par sa démocratie, pour faire face aux disparités spatiales et aux inégalités sociales qui se manifestent encore plus qu’auparavant.

La revendication d’un Etat fort est présentée dans la société comme une nécessité. Un Etat qui permet à tout(e) marocain(e) de jouir des acquis du processus démocratique, de bénéficier du progrès social et de ne pas être le sujet de la hogra, ce ressenti avilissant.

A tous ceux qui ne se soucient que de la valeur des chiffres, l’évènement Rayane rappelle que le renforcement de la cohésion sociale au sein d’une société moderne et solidaire, à laquelle on aspire, implique la satisfaction des besoins fondamentaux de la population dans la dignité et la liberté, et ce « dans le cadre d’un cercle vertueux où la croissance économique favorise le développement humain et où celui-ci renforce les chances et la pérennité de celle-ci ».

L’espoir est grand ;afin que cette chute dans le puits du défunt Rayan et sa triste conclusion puissent être l’occasion d’une prise de conscience durable, et non seulement virtuelle,des efforts qu’il faudrait faire sur nous même, individuellement et collectivement, pour la promotion de l’Homme que nous sommes ;et agir pour son bienêtre présent, en préparant son futur et réparer les déconvenues de son passé.  RIP Rayan.

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