L’héritage au bas de l’échelle des préoccupations des Marocains

Réforme du Code de la famille

Khalid Darfaf

Contrairement aux idées reçues qui se targuent du fait que la société marocaine ait connu une mutation profonde, en subissant de plein fouet les effets de la sécularisation, la réalité est tout autre.  C’est ce qui ressort d’ailleurs des résultats du 9 e round de l’enquête Afrobarometer au Maroc portant sur l’égalité des sexes et la réforme du code de la famille, annoncés lors d’une conférence de presse, organisée, vendredi 17 février à la faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Mohammedia.

En fait, l’enquête menée par Global for Survey and Consulting (GSC) et pilotée par l’éminent professeur, Mhammed Abderebbi, expert en sociologie de la famille, constitue un véritable pavé dans la mare, et pourrait  servir, en outre,  comme un véritable outil décisionnel pour les artisans des politiques publiques, surtout dans ces jours marqués par des débats acharnés sur les perspectives d’amélioration du code de la famille.

Inscrite dans une démarche compréhensive, en essayant de décortiquer les attentes des citoyens marocains par rapport à ce chantier épineux, Mhammed Abderebbi, a dévoilé qu’environ 78% des interviewés ont affirmé que les textes religieux devrait être la base de toute réforme de la  Moudawana ayant pour finalité l’instauration de l’égalité des sexes.

La variable âge…

Abondant dans le même ordre d’idées, le professeur a indiqué que 51% des individus sondés sont en total accord avec cette affirmation. Autrement dit, seulement 20% aspirent à ce que les amendements doivent se mettre au diapason des accords internationaux ratifiés par le Royaume.

Il faut dire, selon l’intervenant, que la variable âge a un rôle majeur dans les représentations des Marocains. Autrement dit, plus l’âge augmente,  plus l’attachement à la religion devient fortement étroit. Qui plus est, l’enquête de l’Afrobarometer nous dévoile les attentes prioritaires des Marocains par rapport à la réforme.

En premier lieu, les interviewés souhaitent que le législateur doit s’attaquer aux procédures du divorce et celle de la pension alimentaire ou encore de la réconciliation, avec un pourcentage avoisinant les 32%. En second lieu, vient la question des naissances  hors de l’institution du mariage, soit 25%, alors que la question du mariage précoce vient en troisième lieu, avec un pourcentage s’élevant à 22%. Autrement point non moins important révélé par l’enquête, c’est que la question de la réforme du droit successoral se trouve au  bas de l’échelle des préférences des citoyens. En termes plus clairs, 4% soutiennent l’idée de la réforme de l’héritage.

Notons au final que l’Afrobarometer est un réseau panafricain des chercheurs en sciences sociales, appliquant des méthodes strictement scientifiques dont l’objectif consiste à obtenir des résultats fiables et faciliter, par conséquent, la prise de  décision aux policy makers. 

Ses enquêtes visant à produire des  résultats certains avec une marge d’erreur de +/-3 points,  portent, entre autres, sur le développement durable,  la performance territoriale, le fonctionnement de la démocratie…

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