L’Or d’El Bakkali ne doit pas escamoter l’échec du sport marocain

Encore une fois, le Maroc a connu un échec jugé flagrant aux Jeux Olympiques 2020 de Tokyo décalés jusqu’à l’été 2021 pour cause de la pandémie de Covid-19. Sur les 48 athlètes de la délégation marocaine engagés dans 18 disciplines, seul Soufiane El Bakkali a sauvé l’honneur du sport national en remportant haut la main la finale du 3.000 m steeple, mettant ainsi fin à l’incroyable domination kényane sur la distance, après neuf titres olympiques consécutifs depuis les JO 1984 de Los Angeles.

Il s’agit là de la première médaille d’or marocaine depuis les Olympiades 2004 d’Athènes quand Hicham El El Guerrouj avait concrétisé  son parcours olympique avec 2 médailles du métal précieux aux 1500m et 5000m. Depuis lors, le Maroc n’a récolté que 4 médailles, l’argent de Jawad Gharib au marathon et le bronze de Hasna Benhassi (800m) aux JO 2008 de Pékin, le bronze également pour Abdelaati Iguider (800m) aux JO de Londres 2021 et le boxeur Mohamed Rabii aux JO de Rio 2016.

Le Maroc vient ainsi de sauver la situation avec une seule médaille orpheline mais combien précieuse à cette occasion de sa 11ème participation aux Olympiades de Tokyo. Cela grâce à l’athlétisme national qui a souvent honoré sa mission depuis ses premiers JO de Rome en 1960 avec l’exploit de Feu Abdelsam Radi premier athlète arabe ayant remporté une médaille olympique. Radi qui n’était pas très loin de la 1ère place, s’était contenté de l’argent à l’épreuve du marathon alors qu’il en avait raté l’or en s’arrêtant par erreur à quelques mètres de la ligne d’arrivée. Depuis lors, le Maroc s’est patienté jusqu’aux JO 1984 pour remporter ses premières médailles d’or grâce à Nawal El Moutawakkil (400m haies et Said Aouita (5000m). Brahim Boutayeb et Khalid Sakkah dans la même discipline du 10. 000m (Séoul 1988 et Barcelone 1992). Le doublé de Hicham El Guerrouj aux épreuves de 1500m et 5000m (Athènes 2004)… puis Soufiane El Bakkali à ces JO de Tokyo  devenant ainsi le premier marocain remportant cette spécialité des Kenyans au 3000m steeple.

Cela sans oublier les autres athlètes marocains ayant monté sur le podium dans différentes éditions des Olympiades mais en se contentant de l’argent et du bronze dont Rachid El Basir, Salah Hissou, Khalid Boulami, Ali Ezzine, Brahim Lahlafi… et autre Nezha Bidouane qui n’avait le mérite de l’Or qu’aux championnats du monde et à double reprise. D’autres comme Hassania Drami et Fatma Aouam qui ont brillé aux championnats d’Afrique, arabe et aux jeux méditerranéens… ainsi que  Zahra Ouaziz, l’athlète du demi-fond qui avait eu le mérite d’inscrire son nom parmi les géantes des différents rendez-vous dont les championnats du monde, d’Afrique, les mondiaux de cross et les jeux de la Méditerranée et de la Francophonie.

Ce sont là en somme les athlètes qui ont pu hisser haut le drapeau national dans différents rendez-vous internationaux dont notamment les Olympiades. Mais seulement grâce à 2 disciplines bien que le Maroc avait été représenté dans plusieurs sports.

L’athlétisme reste le sport se taillant la part du lion avec un palmarès impressionnant de 20  médailles (7 en or, 5 en argent et 8 en bronze). La boxe qui n’a jamais dépassé le bronze, avec les frères Achik Abdelhak et Mohamed, Tahar Tamsamani et Mohamed Rabii, complète la moisson du Maroc qui comptabilise 24 médailles olympiques, en tout et pour tout.

Aux JO de Tokyo et grâce à l’or d’El Bakkali, le Maroc a eu l’honneur de retrouver le tableau des médailles en frôlant la 63e place  de ce rendez-vous dominé par les Etats-Unis avec un total de 113 médailles (39 en or, 41 en argent et 33 en bronze). Les USA sont talonnés par la Chine qui compte 88 médailles dont 38 en or. Le Japon qui complète le podium pour la première fois de son histoire a fait un bilan de 58 médailles dont 27 en or.

Le Maroc n’est certes pas de la trempe de ces trois maîtres du podium ni même pas d’autres pays  auxquels il n’y a absolument pas lieu de faire de comparaisons. Mais une remarque pertinente reste cependant à relever pour le Maroc qui reste beaucoup loin derrière, avec un total de 24 médailles dans toute son histoire olympique. Ce qui n’égale même pas le nombre de médailles d’or raflées par chacun des trois pays du podium en une seule édition de Tokyo.

Et si le Maroc peut s’estimer heureux de voir son athlétisme toujours là pour lui sauver la face, il ne doit absolument pas passer l’éponge sur l’échec flagrant des autres sports.

A commencer par la boxe qui a constitué une véritable hécatombe avec sa sortie prématurée tout comme les autres sports de combats dont la lutte, le judo, le taekwondo et le karaté qui n’ont été que l’ombre d’eux mêmes. Idem pour les autres sports qui n’ont pas fait long feu dont le cyclisme, l’haltérophilie, le golf, l’équitation, le tir, le triathlon, l’aviron, le beach-volley… et la natation qui a toit simplement fait une grosse désillusion avec un seul petit tour.

Cela sans parler des autres disciplines dont notamment les sports collectifs qui brillent toujours par leur absence aux JO dont le handball, le volley-ball et le basket-ball, faute d’une qualification au niveau continental… tout comme le football qui vient de manquer les JO pour la 2e fois consécutive depuis le rendez-vous de Londres 2012 où notre équipe nationale n’a pu jouer que le simple premier tour.

Ainsi et sans donc le coup de grâce d’El Bakkali, l’homme en or, l’échec et la déception restent le dénominateur commun du sport marocain à ces JO de Tokyo. Autrement dit, l’Or d’El Bakkali ne doit absolument pas escamoter l’échec du sport marocain.

Et la responsabilité incombe en premier lieu à toutes les instances dirigeantes du sport national dont le Comité national olympique marocain, les fédérations, les clubs et les associations. Tous doivent rendre les comptes avant de partir en ce qui concerne la plus grande majorité d’entre eux pour laisser le sport à ses spécialistes avec l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

La responsabilité est également à endosser dans le dos des autres instances dirigeantes du pays dont notamment le gouvernement marocain représenté par son ministère de la Jeunesse et des Sports qui manque de visions claires conclues dans une politique sportive nationale, seule issue pour le salut escompté…

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