Loukachenko sous le coup de nouvelles sanctions européennes

Biélorussie

Nabil El Bousaadi

Considérant que le décès du jeune peintre Roman Bondarenko des suites des «blessures corporelles» qui lui avaient été infligées au moment de son arrestation musclée par les forces de l’ordre, mercredi dernier, est le «résultat scandaleux et honteux des autorités biélorusses» et non pas celui d’une «intoxication à l’alcool» comme le prétendent ces dernières, l’Union européenne a déclaré, par la bouche de Josep Borell, le chef de sa diplomatie, qu’elle est «prête à imposer des sanctions supplémentaires» contre le régime d’Alexandre Loukachenko.

Interrogés par le site d’information indépendant Tut.by, des médecins, qui ont requis l’anonymat, ont rejeté cette conclusion au motif que la victime – qui n’avait aucune trace d’alcool dans son sang au moment de son arrivée à l’hôpital dans un état comateux – présentait, néanmoins, «de graves lésions cérébrales et des hématomes» consécutives à un indéniable «passage à tabac».

L’annonce officielle, ce jeudi, du décès du jeune homme, par quelques médias indépendants, a suscité une très vive émotion dans le pays fortement secoué, depuis plus de trois mois, par un important mouvement de révolte contre le président Loukachenko après sa «reconduction controversée» pour un sixième mandat présidentiel à l’issue du scrutin contesté du 9 Août dernier.

En dénonçant, depuis son exil lituanien, la mort d’un «homme innocent», Svetlana Tikhanovskaïa, la figure de proue de l’opposition biélorusse, a appelé ses compatriotes à «former des chaînes humaines» et à «respecter une minute de silence» ce vendredi à midi pour rendre un vibrant hommage à celui  «qui a été tué car il voulait vivre dans un pays libre».

Pour rappel, en étant fermement soutenu par Moscou, Alexandre Loukachenko refuse toujours de se dessaisir du pouvoir même si, depuis le déclenchement du mouvement de contestation, au moins quatre personnes seraient tombées après leur interpellation.

Aussi, face à l’intransigeance du président biélorusse qui a promis, du bout des lèvres, d’entreprendre quelques vagues réformes constitutionnelles tout en ne s’interdisant pas d’accentuer la répression policière, l’Union européenne s’est trouvée contrainte, la semaine dernière, d’ajouter son nom, celui de son fils Viktor et ceux de treize autres responsables du régime de Minsk à une liste concernant tous ceux qu’elle sanctionne pour leur rôle dans la campagne répressive qui s’est abattue sur le pays.

En rappelant que toutes ces personnes étaient, déjà interdites de séjour dans l’Union européenne et avaient vu leurs avoirs gelés sans que cela n’ait pu avoir aucune incidence particulière, le porte-parole du chef de la diplomatie de l’U.E. a déclaré : «Nous attendons des autorités bélarusses qu’elles mettent fin aux violences et aux persécutions, qu’elles libèrent, immédiatement et sans conditions, toutes les personnes détenues arbitrairement – y compris les prisonniers politiques – qu’elles mènent des enquêtes approfondies et transparentes sur toutes les violations et tous les abus des droits de l’homme et qu’elles demandent aux responsables de rendre des comptes».

Une telle déclaration va-t-elle pousser, pour une fois, le vieux Loukachenko – fort de l’appui du Kremlin – à faire profil bas et à faire montre d’un minimum de souplesse ? Rien ne l’indique pour l’heure tant le président biélorusse n’est pas homme à se laisser abattre par les clameurs ou par les injonctions de la rue mais attendons pour voir…

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