L’Ukraine suspendue à la décision de ses alliés

Livraisons d’armes      

L’Ukraine, en difficulté face aux forces russes dans le Donbass, espère que ses alliés occidentaux, qui se retrouvent mercredi à Bruxelles autour du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, vont décider d’accélérer leurs livraisons d’armes lourdes.

« Bruxelles, nous attendons une décision », a tweeté Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne. « Le ratio Russie/Ukraine en artillerie est de l’ordre de 10 contre 1 dans certaines zones, je reçois quotidiennement des messages de nos combattants disant +Nous tenons, dites-nous juste quand les armes arriveront+ », a-t-il ajouté, quelques heures avant l’ouverture de la réunion des alliés.
Ce nouvel appel ukrainien survient alors que les forces russes et séparatistes prorusses poursuivent leur assaut sur la ville de Severodonetsk et sa voisine Lyssytchansk. Les deux villes sont clé pour la prise de l’intégralité du bassin du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, que les forces prorusses contrôlent déjà une partie depuis 2014.

« Il faut tenir le coup », a déclaré mardi soir le président Volodymyr Zelensky, au 111e jour de l’invasion russe lancée le 24 février. « Il est vital de rester dans le Donbass (…), la défense de la région est essentielle pour donner une indication sur celui qui dominera dans les semaines à venir », a-t-il ajouté dans son message vidéo quotidien.
Depuis des semaines, les Ukrainiens réclament des armes lourdes en quantité. Si Washington et Londres ont promis des systèmes de lance-roquettes multiples d’une portée légèrement supérieure aux armes équivalentes russes, elles semblent n’arriver qu’au compte-gouttes.
« Nous [n’avons] reçu [qu’]environ 10% » des armes dont l’Ukraine a besoin, sans lesquelles « nous ne pourrons pas gagner cette guerre », a déploré la vice-ministre ukrainienne de la Défense Anna Maliar.
« Oui, l’Ukraine devrait avoir plus d’armes lourdes », a assuré de son côté mardi soir le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.

L’Otan a déjà commencé à « intensifier » ses livraisons d’armes à Kiev, a-t-il ajouté, notant que les Ukrainiens « dépendent absolument de (ces livraisons) pour faire face à l’agression brutale de la Russie ».
Des livraisons que l’armée russe tente d’intercepter. Elle a affirmé mercredi avoir détruit avec des missiles Kalibr un entrepôt d’armes fournies par l’Otan, notamment des obusiers M777 de 155 mm, près de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine.
Les autorités ukrainiennes ont reconnu ces derniers jours que leurs troupes avaient été chassées du centre-ville de Severodonetsk, et ne plus disposer que de « voies de communication compliquées » avec elles suite à la destruction de tous les ponts vers Lyssytchansk.
Les forces ukrainiennes sont notamment retranchées dans l’usine chimique Azot, emblématique de cette ville de 100.000 habitants, avec plus de 500 civils à l’intérieur, selon le maire de Severodonetsk Oleksandre Striouk.
Moscou a proposé mardi un « couloir humanitaire » qui permettrait d’évacuer ces civils vers des territoires contrôlés par les Russes, mais Kiev ne l’a pas confirmé. Un responsable séparatiste prorusse a accusé mercredi matin les Ukrainiens d’avoir empêché son instauration.

Une situation qui rappelle celle de l’immense aciérie Azovstal, qui fut des semaines durant la dernière poche de résistance ukrainienne du port de Marioupol, sur la mer d’Azov, avec des centaines de civils réfugiés avec eux et de rares opérations coordonnées d’évacuation.
La présidence ukrainienne a confirmé mercredi que l’assaut russe sur Severodonetsk et Lyssytchansk se poursuivait, sans mentionner d’avancée d’un camp ou de l’autre. Kiev a démenti jusqu’ici tout encerclement de ses forces, alors que les forces séparatistes prorusses les ont appelées à « se rendre ou mourir ».

Selon une journaliste de l’AFP sur place, les routes reliant Lyssytchansk à Kramatorsk, autre ville clé du Donbass sous contrôle ukrainien, sont utilisées pour acheminer des armes, notamment des lance-roquettes multiples Grad et des canons d’artillerie, pendant que des véhicules spéciaux transportent des chars devant être réparés.
Comme Severodonetsk, Lyssytchansk est désormais pratiquement déserte, avec des câbles électriques sectionnés, des magasins calcinés.
« Les Russes bombardent le centre-ville sans arrêt », a indiqué à l’AFP un policier local. « C’est 24h/24, +non stop+ », ajoute son collègue.

Si les chances de l’Ukraine d’entrer dans l’Otan semblent plus lointaines que jamais, Kiev attend d’ici le 24 juin la décision de l’Union européenne sur sa demande d’être acceptée comme candidate officielle à une adhésion au bloc européen – début d’un processus de négociations qui peut prendre des années.
Dans ce contexte, le président français Emmanuel Macron, qui assume la présidence tournante de l’UE jusqu’au 30 juin, ainsi que le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre italien Mario Draghi sont attendus à Kiev jeudi, selon des médias allemands et italiens.
Une telle visite serait une première depuis le début de l’invasion russe pour les dirigeants des trois premières économies européennes.
Sans confirmer ce déplacement, le président français a envoyé mercredi des signaux encourageants à Kiev, en visitant une base de l’Otan en Roumanie.
« Je pense que nous sommes à un moment où nous avons besoin d’envoyer des signaux politiques clairs, nous Union européenne, à l’égard de l’Ukraine et du peuple ukrainien dans un contexte où il résiste de manière héroïque depuis plusieurs mois », a déclaré M. Macron, en soulignant cependant que « de nouvelles discussions en profondeur » étaient nécessaires avec l’Ukraine.

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