L’Université iranienne soutient le combat des femmes contre le pouvoir

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

La mort, le 16 septembre dernier, de la jeune iranienne Mahsa Amini à l’issue de sa garde à vue pour son apparence jugée « inappropriée » du fait qu’elle n’avait pas porté son foulard « correctement », ce jour-là, du moment qu’elle laissait entrevoir quelques mèches de cheveux, n’en finit pas de faire des remous aussi bien dans la rue qu’au sein des universités qui sont, désormais, le cœur battant de la contestation, et ce, à coups de sit-in et de boycott des cours et aux cris de « Femme, Vie, Liberté ! », devenu le slogan-phare du soulèvement contre le régime des Mollahs, « Mort au dictateur !» en allusion à l’ayatollah Ali Khamenei ou encore « Ce n’est pas le temps du deuil, c’est le temps de la colère !». 

La révolte ayant pris une ampleur inattendue en dépit des multiples mises en garde lancées par les Pasdaran, cette organisation paramilitaire dépendant directement du Guide Suprême, la répression qui lui fait face est de plus en plus féroce car, chaque jour, ce sont des enfants, des adolescents, des hommes, des femmes, de tous âges, issus des classes moyennes et des milieux défavorisés notamment, habitant aussi bien dans des grandes agglomérations que dans de petites villes, qui s’ajoutent aux victimes dont le nombre aurait atteint 381, d’après un communiqué en date du 17 novembre de l’organisation Iran Human Rights basée en Norvège alors que, pour « Human Rights Activists New Agency » (HRANA), une association de presse créée en 2009 par des défenseurs iraniens des droits de l’homme, plus de 14.000 personnes – pour la plupart des étudiants – auraient été arrêtés à ce jour.

S’étant étendu à toutes les couches de la société iranienne et ayant touché plus de 110 villes du pays, ce mouvement de protestation est en passe de constituer le plus important défi lancé au pouvoir théocratique de Téhéran qui dirige le pays depuis la révolution islamique de 1979 car chaque décès devient, désormais, une raison supplémentaire pour exiger la fin d’un régime théocratique, despotique, phallocrate et misogyne.

Pour rappel, en qualifiant, le 29 Octobre dernier, d’« émeutes » et de « troubles à l’ordre public », les manifestations qui secouent le pays depuis la mort de Mahsa Amini, le commandant en chef des Gardiens de la révolution avait lancé, ce jour-là, sur un ton menaçant, à l’adresse des étudiants : « Aujourd’hui, c’est la fin des troubles, ne descendez pas dans la rue ! ». Mal lui en prit car, selon « IranWire », un média iranien d’opposition, dès le lendemain, 30 Octobre, plusieurs campus universitaires devinrent le théâtre de très violents affrontements qui furent dispersés par les « bassidjis » ; une force paramilitaire de volontaires supervisée par les Gardiens de la révolution. Armés de gourdins et de bombes lacrymogènes, ces derniers avaient « assiégé » les étudiants à l’intérieur du campus et à la Faculté des Sciences et Techniques de Téhéran avant d’en arrêter plusieurs et de les traîner vers une camionnette pour une destination inconnue. 

Est-ce à dire qu’en ayant, sciemment ou par inadvertance, laisser traîner, le 16 septembre dernier, quelques mèches de cheveux hors de son foulard, au nez et à la barbe des Mollahs, Mahsa Amini a donné le coup d’envoi de cette révolution qui pourrait bien balayer le régime théocratique mis en place, il y a 43 ans, par l’imam Khomeïni après la chute du Shah d’Iran ? Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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