Mon coup de gueule de l’année Covid

A chaud

Nadia Ayoub, artiste et écrivaine

Je suis fascinée par la tournure que prennent les choses dans le monde qui se manifeste à moi en ce moment ! La pandémie y est pour quelque chose, c’est certain, mais je trouve vachement intéressant la façon dont chacun réagit à mesure que le temps passe et que la crise s’incruste et s’aggrave !

On est soudain sensible à une multitude de petites misères mises à jour par la force corrosive des réactions personnelles, sociales et gouvernementales face à ce terrible mal qui s’abat de son poids plus lourd, de jour en jour, et dont on ne peut même pas dire qu’on voit la fin !

On prend soudain acte de la fragilité des systèmes et des êtres, on est ému devant tant de pertes humaines et matérielles, devant tant de destins qui chavirent, et devant tant d’images de l’horreur, dont je ne citerais que les scènes des unités de soins intensifs mettant en scène des personnes, comme vous et moi, attachées à des machines, sous l’œil abasourdi d’individus hagards, dépassés par les événements , ou celle des cercueils qui s’amoncellent dans des remises qui peinent à les contenir…

S’il y a une chose que je dois reconnaître, de là où je suis, et où je me sens protégée et plus que privilégiée, c’est que la vie est vachement inégalitaire !

Mais mon sens de l’équité et ma compassion risquent de paraître drôlement surfaits, face à tant de malheur dont je suis relativement épargnée. Cette posture m’a assez souvent paru incommode pour m’exprimer sur ce qui se passe et j’ai plus souvent qu’à mon tour hésité à donner mon avis sur la situation, qu’on aurait pris, sans doute avec plus ou moins de raison pour un regard hautain et insensible face aux appels au secours qui fusent d’un peu partout où les vulnérabilités se sont laissé dévoiler.

Je voudrais préciser que pour la globalité de ces cris d’indignation que j’entends, je prends fait et acte, face aux multiples menaces qui ébranlent notre monde -le mien aussi-et notre habituel mode de vie, que nous voyons sombrer, impuissants, sous nos yeux écarquillés!

Ce qui me frappe particulièrement, ce sont les incohérences de plus en plus notables des réactions face à un ennemi qui frappe dans le tas, aveugle qu’il est au statut de ceux qui se trouvent sur son passage. Mes congénères ne savent plus quoi inventer pour expliquer ce qui se passe.

Et vas-y que je te cherche un coupable à pendre!Et vas-y que je te balance un conspirateur à clouer au pilori des faux angélismes! Et vas-y  encore que je crie au scandale des incompétents toutes disciplines confondues qui veulent plonger l’humanité dans une mare de vaccins  tantôt maladroits tantôt malintentionnés et de traitements miracles mal digérés!

Je passe les cafouillages ridicules sur les masques, la tourmente monumentale générée par les anti et les pro chloroquine,  les batailles rangées entre tenants et opposants du vaccin, et les petites guéguerres entre supporters de telle ou telle formule de vaccin, selon si on en est ou pas!

Je vous passe également les appels à la désobéissance civile par des malabars qui ont surgi sur tous les continents et qui ont généré un sacré chaos,  je passe les sceptiques de toutes sortes, les adeptes de toutes les écoles et de toutes les nouvelles églises qui, toutes, prétendent réussir à avoir pignon sur rue et remporter le plus de suffrages;

Je ne cherche pas à ironiser sur la faiblesse des analyses adossées à des raisonnements qui s’approprient tous les instruments de la logique au détriment de toute logique pourtant, non, je ne veux pas me moquer des simples d’esprit qui lisent, assis sur leur bidet, et régurgitent comme ils l’ont découverte toute l’artillerie argumentaire des scientifiques des réseaux, sans en avoir assimilé ni le bien-fondé ni la portée…, mais il faut le dire, le ridicule impose son évidence

Non, il crie sur les toits son outrecuidance !

Au vu de toutes ces considérations sur lesquelles je préfère ne pas m’attarder, j’ai décidé moi aussi de mettre un peu de grain au moulin de cette grande machine, en espérant qu’il en sortira quelque chose !

Dans le cas contraire, j’aurai au moins réussi à placer un mot dans le chaos général… sait-on jamais !

Depuis le début de la pandémie, les gouvernements donnent l’impression très peu rassurante de gouverner à vue. C’est qu’on leur a confié au début de leur mandat les clés du pouvoir en espérant qu’ils sauraient se débrouiller avec, mieux que ceux qui les leur ont remises, au moins. On attend donc de leur part un sans faute, notamment à un moment de notre histoire où chaque décision coûte des vies, chaque hésitation un temps précieux qui emporte sur son passage nos repères les plus sûrs autrefois! Le sol bouge sous nos pieds et nous voulons un socle qui leur évite de sombrer; nos gouvernements se sont révélés incapables de nous garantir cette assise solide qui nous rassure sur nos acquis et sur nos certitudes! Ils sont, devant l’onde de choc, tout aussi démunis que nous le sommes nous-mêmes, mais nous leur en voulons de ne pas être ces super-héros volant à notre secours dans leur belle combinaison en latex. Nous voudrions nous munir de plumes et de goudron pour les emplumer et les promener comme les incompétents qu’ils sont  à travers les ruelles virtuelles des nouvelles cités auxquelles nos misérables vies sont réduites désormais.

Nous leur reprochons de dire la chose et son contraire, d’agir en girouettes, quand ils devraient être notre étoile du nord, nous nous moquons de l’inanité de leurs décisions, du ridicule de leurs mesures, du manque de vigueur de leurs décrets… ou l’inverse, c’est selon !

Le fait est que la situation est inédite, et elle l’est autant pour nous que pour eux, avec cette nuance que nos gouvernants sont par ailleurs sous le stress de devoir répondre devant nos regards scrutateurs  de leurs moindres faits et gestes, pendant que nous sommes assis derrière un écran à les regarder s’agiter. Je dois reconnaître que tout le monde n’est pas dans la même posture, mais j’ai comme le sentiment que les râleurs  ne sont pas ceux qui souffrent le plus!

Le fait est que le comportement de ce virus, dont je ne veux pas chercher l’origine, est pour le moins déroutant, que les scientifiques les plus chevronnés y ont laissé au moins quelques cheveux, à force de se gratter le crâne et de retourner le problème dans tous les sens qu’ils avaient expérimentés auparavant.

Le fait est que les pronostics qui avaient prévu une vie courte à la bestiole ont régulièrement été mis à l’épreuve, et qu’il a fallu très régulièrement refaire de nouvelles modélisations afin de construire des stratégies adéquates, avec toute la perte de temps, de moyens et d’énergie que cela implique.

Le fait est que cette saleté de bestiole a fait émerger chez les  nations, toute franges confondues, les instincts les plus individualistes et les plus sectaires, les privant de la possibilité de le contrer à travers une démarche cohésive et cohérente, et où les bonnes volontés se donnent la main pour une entraide mutuelle.

Le fait est, également, que les États se sont trouvés dans l’obligation urgente  de promulguer des lois ad hoc qui ne cadrent pas forcément avec les besoins de telle ou de telle tranche de la société qui doit s’y soumettre, créant ainsi des vagues d’incompréhension et d’insatisfaction au sein des populations qui, elles, gardent le regard tourné vers leurs propres nécessités.

Le fait est, qu’il faudrait accepter de se soumettre à une démarche corrosive, mais contraignante, qui ait des chances de compromettre la force de nuisance de la bête, que cela puisse se faire dans les plus brefs délais, sans atermoiements et sans crainte de sédition.

Le fait est, pour aller dans le sens de quelques détails, qu’il faudrait se résoudre à renoncer momentanément à certains usages non incontournables, quand on y réfléchit, pour participer de façon humaine et civique à sauver des vies;  la sienne propre et celle de son prochain, les deux étant intimement liées dans cette affaire, précisément.

Le fait est qu’ après une année entière de gestion déléguée de la crise, on y mette chacun du sien pour arriver, aussi vite que possible, à retrouver ses repères et reconstruire ceux qui ont été plus menacés de perdition.

Le fait est, enfin, qu’il serait temps d’arrêter de contester pour contester, ou par simple nombrilisme, car il y va de la vie de tous, dans une galère où nous sommes tous embarqués. Le fait est qu’il faut arrêter de se plaindre que les choses vont mal, car sans une participation de tous, elle ne pourrait qu’empirer et se prolonger à l’infini!

Alors, je vous en supplie, amis, famille, connaissances, gens de passages sur mon chemin! Unissons-nous pour terrasser le monstre au lieu de nous déchirer, et soyons coopératifs, ne serait-ce que le temps de percevoir une sortie de crise! Acceptons de porter des masques, de mettre entre nous la distance suffisante pour empêcher le monstre invisible de nous utiliser comme moyen de transport et de transmission… renonçons  momentanément aux petits plaisirs de la convivialité, évitons, les espaces confinés facilitant la concentration des virus et leurs déplacements, et pour encore quelques mois, ne baissons pas la garde, car le danger  guette exactement dans ces espaces de relaxation et de confiance.

Pour finir, permettez-moi  de partager avec vous les dernières informations que j’ai glanées sur la toile et à travers quelques débats de spécialistes (des vrais, j’imagine)  que j’ai suivis plus ou moins assidûment et qui, globalement  démontrent que les contaminations atteignent leur pic dans les milieux fermés où  on enlève son masque, c’est-à-dire,  dans les restaurants ou les pubs où on ne conçoit pas de rester bâillonné , lors des réunions familiales pendant lesquelles on a tendance à se fier à nos proches- là n’est pas le propos en fait,  dans les cantines au travail,  et, je pourrais aussi l’affirmer, dans les espaces publics où  on ne peut pas échapper à la promiscuité comme les hammams et les salles de sports etc… en sachant que le virus aime  les atmosphères humides… 

Je vous livre donc ici mon ressenti dont il ressort en définitive qu’il n’y a pas de contradiction dans les mesures prises par les décideurs qu’on accuse de vouloir nous priver de notre liberté et d’affaiblir notre pouvoir économique. Disons plutôt qu’ils ont dû adapter leur mode de gestion de la crise aux informations scientifiques elles-mêmes délivrées au compte-gouttes, et qui, reconnaissons-le, ont réussi en l’espace de quelques mois des avancées non négligeables grâce auxquelles, aujourd’hui, nous pouvons entrevoir le bout du tunnel !

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