Mouhssine Lahsaini : les chaussettes en Titane!

«Si j’étais condamné à faire le choix entre ma vie et la bicyclette, j’aurai opté pour cette dernière, sans même y réfléchir». Cette déclaration faite à Al Bayane par Mouhssine Lahsaini témoigne de la vénération et d’un amour fou que ressent notre champion pour le cyclisme. Pourtant,  notre interlocuteur ne se souvient plus du jour où il a monté sur un vélo. «Ma famille dispose dans son archive des photos ou j’apparais sur un tricycle alors que j’avais encore trois ans», nous confie l’enfant de la capitale phosphatière.

Né le 23 août en 1985 au quartier Labiout, au sein d’une famille modeste, Mouhssine  a été connu par sa solitude et son isolement de ses pairs. «Je n’avais pas d’amis d’enfance. La plupart de mon temps, je le passais en jouant seul  à la bicyclette. Parfois je le regrette, car j’estime que je me suis privé de l’amitié  durant mon enfance, la plus belle chose au  monde», souligne-t-il.

Abondant dans le même ordre d’idées, Mouhssine raconte le jour où son oncle maternel, un immigré en Italie, lui a offert une bicyclette en guise de cadeau. C’était pendant le mois de juillet 1995. Depuis, c’était le début de toute une carrière. Il faut dire aussi que parmi les autres personnes qui ont influencé son choix, le coureur marocain cite son oncle paternel, Thami Lahsaini, entraîneur de cyclisme et ancien coureur qui a rivalisé avec les légendes du cyclisme marocain, tel Mohamed El Gourch.

Ayant obtenu le feu vert de son père Ahmed, qui fut d’ailleurs un agent de l’OCP, Mouhssine a décidé d’abandonner sa scolarité au brevet  et s’adonner entièrement au vélo. Encore plus, le papa va sacrifier tout son salaire pour lui acheter une nouvelle bicyclette. En l’an 2000, Ahmed va intégrer le club de l’OCK. Sa première participation à une course liant Meknès à Sidi-Kacem fut un échec. « C’était vraiment dur pour moi. A 20 km de la ligne du départ, j’étais à bout de souffle et mes jambes ne répondait plus», indique-t-il, avant de n’ajouter que cela n’a entamé en rien sa détermination et sa vocation pour sa petite reine. En plus, notre champion nous fait savoir qu’il était et est toujours féru du coureur allemand, Jan Ullrich. «Il m’inspire beaucoup dans mes courses. Sa manière de boucher le trou, ses coups de chacal ne sont plus à démontrer…».

Tour du Maroc, 45 ans après !

Après sept années d’entrainement, Mouhssine Lahsaini va réussir à attirer l’attention de tout le monde en parvenant  à décrocher  la médaille d’or de la course en ligne des jeux panarabes qui se sont déroulés en Egypte, puis dans la même année,  il s’est classé 3 e du Tour du Faso.  En 2010, le Tour de Mali va tomber dans son escarcelle, en dépit d’une concurrence acharnée de la part de  ses coéquipiers Adil Jelloul et  Mohamed Er Regragui, classés respectivement 2e et 3e.

En 2011, Mouhssine va pouvoir s’imposer sur les routes du Tour du Maroc. «J’étais vraiment aux anges». Enfin un marocain réalise l’exploit depuis la consécration de Abderahmane Farak en 1969, soit environ 45 ans. En fait, selon ses collègues, Mouhssine est connu pour son coup de pédale soyeux. Autrement dit, «il a les chaussettes en Titane»,  comme préfèrent le taxer ses collègues. D’ailleurs, cette édition a été marquée par des cyclistes représentant l’Afrique du Sud et qui ont déjà pris part au Tour de France. Malheureusement, 2014 fut une année sombre pour lui. Une chute lors du Tour du Gabon a failli lui coûter cher. «J’avais couru le risque d’être paralysé en raison d’une fracture à l’épaule». Mais Mouhssine fait parti des gens qui peuvent soulever des montagnes. Une fois rétablit, il prend part à plusieurs courses en affichant une nette domination de ses rivaux « Challenges de la Marche verte, Critérium international de Sétif, Challenge du Prince…), puis champion d’Afrique contre la montre en 2016 ».

L’été prochain, notre champion va participer pour la deuxième fois consécutive de sa carrière au rendez-vous mondiale des JO olympiques. L’objectif escompté pour lui est celui d’honorer le drapeau national et améliorer le classement du royaume.

Il demeure néanmoins présente chez Mouhssine -comme pour la majorité des sportifs marocains-, l’idée d’un grand flou et d’une perplexité quant à son avenir.   Et pour cause, l’absence d’un système éducatif en bonne et due forme, conjuguant sport et études. Nos décideurs devraient s’y pencher  sérieusement…

K.D

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