Jusqu’à 600 millions d’euros
Après des mois de retard, Renault et Nissan ont signé les accords définitifs refondant leur alliance, avec notamment un investissement de 600 millions d’euros maximum du constructeur japonais dans Ampere, la future filiale électrique du français.
Au moment de l’annonce de ce nouvel accord-cadre en février dernier, Nissan s’était engagé à prendre jusqu’à 15% d’Ampere, mais sans donner de montant. Celui-ci s’avère inférieur à ce qui était initialement attendu.
Cela « complète et renforce » l’offensive électrique en cours de Nissan en Europe et permettra de réaliser de « nombreuses synergies », s’est félicité le directeur général du constructeur japonais Makoto Uchida, cité dans un communiqué des deux groupes.
Ampere va rassembler les activités électriques de Renault et regrouper ainsi 10.000 salariés en France. Cette nouvelle société doit être introduite en Bourse début 2024.
Dans une réaction transmise à l’AFP, le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a salué « la mise en oeuvre de cet accord, obtenu grâce à l’action déterminée » du directeur général de Renault Luca de Meo et du président de Renault et de l’alliance Jean-Dominique Senard.
« Il ouvre la voie à de nouvelles coopérations industrielles concrètes entre les entreprises, au bénéfice de l’alliance, de Renault et de l’industrie française », a-t-il ajouté.
La conclusion des accords avec Renault avait été notamment retardée par le souci de Nissan d’encadrer strictement la future utilisation de ses brevets par Ampere.
Les négociations ont aussi été ralenties par des tensions au sommet de Nissan ces derniers mois, lesquelles ont abouti fin juin au départ de plusieurs membres de son conseil d’administration, dont le directeur opérationnel Ashwani Gupta.
Les tergiversations de Nissan provenaient d’un manque de « courage de changer » au sein du groupe japonais, a estimé Uchida lors d’une conférence de presse. « Il nous a fallu un peu de temps pour tirer un trait sur le passé et nous concentrer sur la discussion de notre avenir » commun, a-t-il reconnu.
Comme prévu en février, le nouvel accord comprend aussi un rééquilibrage à terme des participations croisées entre Renault et Nissan, à 15% chacun du capital de l’autre. Le groupe français détient actuellement 43,4% du japonais, alors que celui-ci ne possède que 15% de Renault.
Ce déséquilibre a été une source récurrente de tensions par le passé, qui avaient atteint leur paroxysme avec l’éviction spectaculaire du patron de l’alliance Carlos Ghosn fin 2018, arrêté au Japon pour malversations financières présumées et qui a fui un an plus tard au Liban.
Les nouveaux accords « renforcent notre partenariat de longue date et maximiseront la création de valeur pour chaque membre de l’alliance ». Ils posent également les bases d’une nouvelle gouvernance « équilibrée, juste et efficace », a souligné Jean-Dominique Senard dans le communiqué commun.
Ces accords « nous donnent l’agilité stratégique dont nous avons plus que jamais besoin » dans l’environnement automobile très évolutif d’aujourd’hui, a assuré dans le même communiqué Luca de Meo, stratège de la profonde transformation du groupe et futur patron d’Ampere.
Nissan a également publié des résultats trimestriels en forte hausse et relevé ses prévisions pour son exercice 2023/24 entamé le 1er avril.
Le groupe anticipe désormais un bénéfice net annuel de 340 milliards de yens (2,2 milliards d’euros au cours actuel), ce qui reviendrait à un bond de 53,2% sur un an. Il a aussi relevé ses prévisions de bénéfice opérationnel et de chiffre d’affaires, qui devrait grimper de 18,9% sur un an.
La reprise de la production et des ventes du groupe au Japon et en Amérique du Nord a été « particulièrement notable » sur le trimestre écoulé, et Nissan veut « maintenir cette dynamique » au cours des prochains trimestres, a commenté M. Uchida.
Sur son premier trimestre, son bénéfice net a totalisé 105,5 milliards de yens, un résultat plus que doublé sur un an, et son chiffre d’affaires a bondi de 36,5%.
La contribution positive de Nissan au résultat net trimestriel de Renault s’élèvera ainsi à environ 271 millions d’euros, a précisé le groupe français dans un communiqué distinct.
La Chine est le gros bémol des performances de Nissan, qui anticipe désormais une chute de 23,4% de ses ventes en volume en 2023/24 sur ce marché crucial pour lui.
Le groupe a par conséquent abaissé sa prévision annuelle de ventes mondiales en volume à 3,7 millions d’unités (+12% sur un an), contre un objectif de 4 millions d’unités formulé en mai.