Nouvelle-Calédonie: Les indépendantistes s’emparent du Gouvernement

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Au vu des résultats honorables remportés ces derniers temps, il est permis d’affirmer que l’indépendantisme a le vent en poupe car si, en Catalogne, il a réussi à recueillir, ce dimanche, plus de 50,8% des suffrages exprimés, il n’a pas été en reste, en Nouvelle-Calédonie où les indépendantistes ont remporté, ce mercredi, la majorité au gouvernement collégial de l’archipel.

Avant le troisième référendum sur l’indépendance prévu d’ici 2022, c’est la première fois que les indépendantistes prennent la tête du gouvernement de Nouvelle-Calédonie depuis que les accords de Nouméa de 1998 avaient convenu que l’exécutif local serait un gouvernement collégial élu par le Congrès et responsable devant lui.

Ainsi, à l’issue d’un vote effectué sur la base d’un scrutin de liste par les 54 membres du Congrès, les indépendantistes, alliés à l’«Eveil Océanien» (EO), un petit parti-charnière, sont parvenus à arracher 6 des 11 postes qui vont former le futur exécutif néo-calédonien puisque les deux listes nationalistes de l’«Union Calédonienne-FLNKS» et de l’«Union Nationale pour l’Indépendance-FLNKS» ont obtenu 3 postes chacune.

S’agissant des deux autres listes concernant les non-indépendantistes, qui sont celles de « l’Avenir en confiance » (AEC) et de « Calédonie ensemble », si la première a pu décrocher 4 portefeuilles, la seconde n’a pu en obtenir qu’un seul.

Pour rappel, après avoir mis en cause «la dynamique institutionnelle en panne, les retards du budget, les difficultés de la collégialité» mais, aussi et surtout, ce projet de cession de l’usine de nickel du groupe brésilien «Vale» qui s’attacherait plus à défendre les «intérêts des multinationales» que ceux des populations locales, les 5 ministres FNLKS avaient claqué la porte du gouvernement.

Aussi, en faisant tomber, le 2 Février dernier, l’ancien gouvernement « loyaliste », les ministres-indépendantistes avaient bien voulu montrer leur ferme opposition à toute reprise d’un très important outil industriel qui constitue le poumon économique du pays dès lors que la Nouvelle-Calédonie, qui compte 3 usines de nickel, détient le quart des réserves mondiales de ce minerai qui reste indispensable à la fabrication d’acier inoxydable. Or, si l’on tient compte du fait que ces usines ne sont plus rentables face à la rude concurrence étrangère, il va falloir que les ministres indépendantistes s’attèlent à trouver les solutions idoines à même de remettre cette activité en marche ; ce qui ne sera pas une simple sinécure.

Suite à la chute du gouvernement présidé par Thierry Santa, Roch Wamytan, le président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie a donc convoqué les 54 conseillers de l’assemblée délibérante à l’effet d’élire le 17 Février, au scrutin de liste, à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne, les membres qui constitueront le prochain gouvernement. Après cette opération, les membres élus éliront leur président et son vice-président. Ultime étape, la présentation, par le président et devant le Congrès, d’une déclaration de politique générale.

Que dire pour terminer sinon que cette victoire des indépendantistes intervenue après que les 16 gouvernements qui, depuis l’accord de Nouméa, se sont succédé à la tête de l’archipel, étaient présidés par des personnalités non-indépendantistes dont aucune n’était issue de la communauté kanak vient à un moment crucial puisque le Congrès est déjà présidé par un indépendantiste et que l’accord de Nouméa touche à sa fin avec l’approche du troisième et ultime référendum sur l’indépendance prévu en 2022.

Au vu de tout cela, est-il permis d’affirmer que l’on s’achemine vers l’indépendance de l’archipel ? Attendons pour voir…

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