Nouvelle-Zélande : Christopher Hipkins succède à la Première ministre démissionnaire

Attendons pour voir…

« J’ai tout donné pour être première ministre mais cela m’a aussi beaucoup coûté. Vous ne pouvez pas et ne devriez pas faire ce travail à moins d’avoir un réservoir plein et encore davantage en réserve pour les défis inattendus qui se présentent inévitablement ».

C’est en ces termes que, la voix enrouée par l’émotion, Jacinda Ardern, 42 ans, qui était devenue, en Octobre 2017, la plus jeune Première ministre néo-zélandaise et qui avait été réélue triomphalement en Octobre 2020, avait fait part, lors d’une conférence de presse donnée le 19 janvier, de sa décision de quitter ses fonctions au plus tard le 7 février prochain en invoquant le fait qu’elle n’a « tout simplement plus assez d’énergie pour quatre années supplémentaires ».

Cette annonce avait créé une onde de choc au sein des habitants de l’archipel qui n’ont jamais vu un de leurs leaders renoncer au pouvoir alors même qu’il jouit d’une incontestable popularité et ce, d’autant plus que l’élue travailliste qui avait « tenue bon » au moment où la Nouvelle Zélande avait été secouée par des crises telles que la tuerie commise, le 15 mars 2019, par un suprémaciste blanc et qui s’était soldée par l’assassinat de 51 fidèles musulmans dans deux mosquées de Christchurch, l’éruption du volcan de White Island qui avait fait 21 morts le 9 décembre 2019 et, enfin, la pandémie du Covid-19, en était même arrivée jusqu’à faire la couverture des magazines « Vogue » et « Time » qui avaient réservé leurs colonnes à la « Jacindamania ».

Mais, comme tout a une fin, il semblerait que Jacinda Ardern se soit tellement essoufflée que la situation économique du pays s’en était trouvée considérablement détériorée, que sa côte de popularité personnelle avait chuté dans les sondages et que l’opposition de droite avait fini par reprendre du poil de la bête.

Son essoufflement était tellement apparent que, le mois dernier, oubliant que son micro était encore « ouvert », elle avait été surprise en train de traiter de « connard arrogant » un responsable de l’opposition et que, lors de sa première apparition publique après les vacances d’été, elle ne s’était pas empêchée d’affirmer qu’alors qu’elle espérait profiter de la trêve estivale pour « recharger ses batteries » et retrouver l’énergie nécessaire pour continuer à gouverner, il n’en fut rien.

Aussi, avait-elle déclaré qu’en attendant les prochaines élections du 14 Octobre 2023, elle va se contenter de continuer à exercer son mandat de députée.

La Première ministre qui entend, ainsi, conserver son mandat de députée jusqu’aux prochaines législatives ne cherchera donc pas à se faire réélire et décide de partir car « un rôle aussi privilégié s’accompagne de responsabilités dont celle de savoir quand vous êtes la bonne personne pour diriger, mais aussi, quand vous ne l’êtes plus ». Elle avait poursuivi en déclarant : « Je sais ce que ce travail exige et je sais que je n’ai plus assez de force pour lui rendre justice. C’est aussi simple que ça ! ».

Et même s’il est vrai que les récents sondages donnent l’avantage, pour les législatives d’Octobre prochain, à une coalition de centre-droit au détriment du Parti Travailliste dont est issue Jacinda Ardern, cette dernière avait assuré qu’il ne s’agit point-là de la raison de son départ et qu’elle reste persuadée que les travaillistes gagneront.

Le vice-Premier ministre, Grant Robertson, n’ayant pas souhaité prendre la succession de Jacinda Ardern, c’est Christopher Hipkins, député de gauche, 44 ans, qui, le samedi 21 Janvier, a été désigné 41ème Premier ministre de Nouvelle-Zélande après avoir été le seul candidat à la succession de la Première ministre. 

Connu par ses compatriotes pour avoir occupé le rôle de « Monsieur Pandémie » durant la crise sanitaire mondiale pour s’être adressé à eux, à plusieurs reprises, dans le cadre des conférences de presse sanitaires, Christopher Hipkins aura fort à faire pour mener à bon port la barque d’un parti dont la popularité a été sérieusement écornée ces deux dernières années alors que les prochaines élections se tiendront au mois d’Octobre.

Politicien aguerri ayant passé 14 années au Parlement mais ne jouissant pas de la même popularité que Jacinda Ardern, Christopher Hipkins, qui est reconnu comme étant « féru de débats » mais qui reste, pour ses adversaires politiques, et notamment pour Christopher Luxon, le chef de la principale formation d’opposition du pays, « une pièce essentielle d’un gouvernement qui a échoué à faire quoi que ce soit », sera-t-il en mesure de réussir dans l’accomplissement de sa nouvelle mission ? Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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