ONU: adoption d’une résolution condamnant le putsch en Birmanie

Attendons pour voir…

Fait peu courant dans les annales de l’Organisation des Nations-Unies, son Assemblée générale, qui souscrit, très rarement à des résolutions condamnant les coups d’Etat militaires ou appelant à limiter les armes fournies au pays visé, a adopté, ce vendredi, par 119 voix pour, 36 abstentions dont la Chine, premier soutien à la junte birmane, et une voix contre – celle de la Biélorussie – une résolution qui, bien que non contraignante, se veut être, de l’avis du  Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, un «message très clair», appelant à un retour à la démocratie en Birmanie et à la libération de tous les dirigeants civils arrêtés et exhortant, d’un côté, les forces armées birmanes «à arrêter immédiatement toutes les violences contre les manifestants pacifiques» et, de l’autre,  «les Etats membres à empêcher l’afflux d’armes en Birmanie».

«Il s’agit de la condamnation la plus large et la plus universelle, à ce jour, de la situation en Birmanie» a déclaré l’ambassadeur de l’Union européenne à l’ONU, Olof Skoog qui a tenu à préciser, par ailleurs, que «l’UE est fière de la résolution qui vient d’être adoptée par l’Assemblée générale des Nations-Unies (dès lors qu’) elle envoie un message fort et puissant, (qu’) elle délégitime la junte militaire, condamne ses abus et sa violence contre son propre peuple et démontre son isolement aux yeux du monde».

A la lecture du résultat du scrutin, il ressort que, parmi les dix pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), ayant participé aux discussions d’avant-vote, quatre se sont abstenus de voter. Il s’agit du Bruneï, qui préside l’ASEAN, du Cambodge, du Laos et de la Thaïlande.

Initiée par le Liechtenstein et co-parrainée par plus d’une cinquantaine d’Etats, cette résolution qui sollicite l’accord de la junte pour une visite, sur place, de l’émissaire de l’ONU, Christine Schraner Burgener, et un accès humanitaire sans entrave dans le pays, réclame l’application du plan en cinq points qui avait été conçu, en Avril dernier, par les pays de l’ASEAN et qui exigeait, notamment, l’arrêt immédiat de la violence et la retenue de toutes les parties, l’ouverture d’un dialogue constructif entre tous les protagonistes, la nomination, en tant que médiateur, d’un envoyé spécial du président de l’ASEAN et, enfin, la fourniture d’une assistance humanitaire au peuple birman.

Mais, outre le fait que, ce samedi, la junte birmane a fait l’objet « de la condamnation la plus large et la plus universelle », il y a lieu de noter, également, que la particularité de ce scrutin a résidé dans le fait que l’ambassadeur birman Kyaw Moe Tun, qui n’a toujours pas quitté son poste même après en avoir été «limogé», par les putschistes le 1er Février dernier a, encore une fois, défié ceux-ci en votant en faveur de la résolution sur la Birmanie soumise, ce samedi, à l’appréciation de l’Assemblée générale de l’ONU.

L’importante mobilisation de la jeunesse et des minorités birmanes contre la junte au pouvoir alors qu’elles se croyaient délaissées par l’ONU ne risque-t-elle pas d’être «renforcée» par l’adoption de cette résolution même si celle-ci ne revêt aucun caractère contraignant et de pousser les putschistes à « calmer le jeu » et à libérer les dirigeants birmans emprisonnés avec à leur tête l’ancienne Première ministre Aung San Suu Kyi en ce moment où, pour lui rendre hommage à l’occasion de son 76ème anniversaire, les femmes birmanes portent des chignons fleuris ? Rien n’interdit de l’envisager mais attendons pour voir…

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