Paradoxes agricoles !

Nul doute que le secteur agricole  dans la région du Souss s’érige en réel leader en horticulture, notamment les primeurs et les filières fruit et légume. Cette primauté longtemps reconnue, est aussi confortée par une exportation excellente et avérée dans nombre de pays du globe. Cependant, si la zone prisée par cette notoriété aussi bien quantitative que qualitative, parfaitement conforme aux exigences de traçabilité et de normalité, elle renferme, en revanche, des apories dont la prolifération hypothèque ce leadership mondial. En fait l’évolution de l’agriculture régionale, au niveau de gros changement spatial, de longue dualité tradition/modernité, de relèvement de moyens techniques, de performance en export et concurrence s’avère indéniable. Or les conditions humaines et sociales de la production agricole sont souvent mises sous l’éteignoir, le cas du Souss est, dans ce sens, fort révélateur. La région est connue pour son potentiel considérable qui draine à la fois un large flux d’investisseurs étrangers et une dense migration de main d’œuvre, de plus en plus démunie. Celle-ci est souvent déconsidérée en dépit de l’effort déployé, en tant que nouvelle masse salariale, qu’on pourrait qualifier de « prolétariat » rural. D’autre part, on relèvera de visu qu’au côté d’immenses surfaces agricoles, dotées des techniques modernes de production et de pompage des ressources hydriques aux incidences accrues sur l’écologie, se propagent des masures en plastique et des conditions de vie précaires. L’agriculture intensive telle qu’elle est pratiquée actuellement est sans doute créatrice d’emplois, mais ne produit-elle pas une autre forme de marginalité et d’exclusion sociale contre laquelle le Maroc se mobilise et lutte sans cesse ? De ce fait, comment pourrait-on concilier la recherche du profit et le maintien des conditions sociales décentes des ouvriers ainsi que les équilibres naturels ? Il s’agit sans doute, de l’introduction capitaliste, de la naissance du système de salariat, la modernisation de développement de ce salariat, la dynamique démographique en tant que résultante de l’agriculture moderne, de la prédominance du travail saisonnier et temporaire et l’émergence des luttes syndicales. Ceci étant, on conclura que les différentes catégories d’ouvriers font partie sans conteste, des paysans sans terres ou insuffisamment pourvus en terre. Leur évolution et leur importance traduisent, à coup sûr, les profondes mutations de la société rurale et plus particulièrement les structures agraires. S’ils sont quasi entachés de criminalité dans nombre de communes rurales avoisinantes, cela ne peut provenir, en fait que par manque d’accompagnement, d’encadrement et de structures d’accueil pour cette paysannerie laissée pour compte. Il est donc question de protection sociale, de statut, de droits sociaux, de temps de travail…

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