La campagne agricole 2015/2016 ne promet pas grand-chose en termes de récoltes des céréales. La forte sécheresse qui a marqué la saison agricole cette année nous rappelle les années sèches de l’an 2000 et bien plus loin des années 90.
Les zones Bour sont quasiment sinistrées. Ces zones si elles ne sont pas déjà pâturées, au meilleur des cas leurs rendements restent inférieur à 10 quintaux par hectare contre 40 à 50 qx/h en période normale. Pour le reste, à savoir les périmètres irriguées qui représentent 300 000 hectares sur un total de 5 millions d’hectares de surfaces agricole utiles, la production attendue tourne autour de 40 à 80 quintaux par hectare et encore tout dépend de l’utilisation des intrants dans ces zones dites pluviales.
Avec à peine 200 mm enregistrée jusqu’au mois d’avril courant, le déficit pluviométrique reste très important et ne permet pas de produire des céréales, des légumineuses ou des cultures fourragères, déclare à Al Bayane, Abbès Tanji, chercheur agronome. Pour lui, la campagne agricole actuelle est l’une des campagnes les plus sinistrées depuis 25 ans et les rendements dans les zones Bour sont faible à nul. L’idéal selon lui est que le gouvernement programme plus de cultures céréalières dans les périmètres irriguées dans les années à venir pour garantir à meilleur rendement.
Concernant, la mise en œuvre du plan d’urgence de lutte contre les effets de la sécheresse, les professionnels estiment que les mesures mises en place à ce jour restent insuffisantes. Dans la région du Chaouia et les régions limitrophes, on a distribué à peine 100.000 quintaux d’orge indique Tanji. Le ministre Aziz Akkannouch, lui parle de 2 millions de quintaux d’orge distribués valeur aujourd’hui. Cette quantité (2 millions de quintaux d’orge) déjà distribuée et profitant à 210 000 agriculteurs reste, de l’avis de notre interlocuteur, très insuffisante, étant donné la sécheresse qui a sévi cette saison et la faiblesse des fourrages pour sauvegarder les 20 millions de tête de bétail jusqu’à la prochaine campagne agricole.
Le ministre dans son intervention au parlement mardi dernier, avait précisé, que l’opération de l’orge subventionné a permis l’approvisionnement de 8 millions de quintaux en 8 mois, avec une enveloppe budgétaire de 562 millions de dirhams et une couverture totale de 98 centres de relais au lieu de 70 programmés et l’acquisition de 5,5 millions de quintaux soit le tiers du programme initiale.
Akkannouch, a, par ailleurs, expliqué que le programme prévoit des mesures de gouvernance au service des petits agriculteurs, via l’approvisionnement en orge sur tout le territoire national, à un prix cible de 2 DH/Kg. La distribution se fait à travers des guichets ouverts tout en fixant la part de chaque agriculteur à 20 sacs en donnant la priorité aux petits agriculteurs.
Concernant l’aide allouée aux fellahs pour les aider à installer les cultures de printemps, Tanji regrette que le programme mise en place ne soit pas assez encourageant et que les semences restent non seulement introuvables mais aussi coûteux.
Au niveau des plantations printanières, un programme a été mis en place visant 400.000 hectares, a précisé le ministre, dont 263.250 hectares ont été déjà réalisés soit 67% contre 200.000 réalisés au cours des dernières années.
Tanji signale enfin que ceux qui ont payé l’assurance agricole ne sont pas encore indemnisés et devront attendre le mois de juillet ou d’août pour voir la situation débloquée. Et lui de conclure que quelque soit le programme adopté, il reste insuffisant face à la gravité de la situation de sécheresse qui a frappé le Maroc cette année.
Fairouz El Mouden
****