Polémique sur les tests salivaires

Diagnostic Covid-19

Ouardirhi Abdelaziz

Le réactif en question a fait couler beaucoup d’encre, soulever des passions, créé un climat délétère entre les  biologistes et officines. Une concurrence déloyale pour les uns comme pour les autres, mais surtout un manque à gagner.

Un manque à gagner, surtout qu’ il s’agit de milliers, de millions de tests salivaires faciles à réaliser, dont le coût proposé par le laboratoire fabriquant Gigalab est  intéressant ( 80 ou 100 DH unité ), et qui rapportent beaucoup d’argent aux pharmacies qui ont une clientèle estimée à plus d’un million de citoyens par jour.

Les laboratoires de biologie médicale ont vu rouge, ils ont tout de suite réagi face aux dangers qui menacent leurs prérogatives, l’un de leur beefsteak, qui dans l’espèce de cas concernant le diagnostic du covid est l’examen PCR, dont le prix est facturé à 700 DH au citoyen.

Un certificat d’enregistrement et non l’AMM

Dans cette guerre qui finalement n’aura pas lieu entre pharmaciens et  biologistes, le ministère de la Santé a intervenu pour mettre de l’ordre .Il a dans un premier temps procédé au rappel des lots de réactifs tests salivaires pour diagnostic du covid, qui avaient été mis en vente dans les pharmacies par l’intermédiaire de certains établissements de  grossisteries répartiteurs, et ce sans aucune autorisation de mise sur le marché du ministère de la Santé . On constate ici qu’il y a un vide, une faille que le laboratoire Gigalab a cherché à exploiter en se cantonnant derrière un certificat d’enregistrement du test salivaire ( 3 juin 2021 )  , mais qui n’a jamais à ce jour reçu l’AMM. Ce qui nécessite un cahier de charge bien précis. N’oublions pas que nous faisons face à une épidémie et que l’erreur concernant le diagnostic n’est pas permise, car il s’agit de la santé, de la vie de nos concitoyens.

Le ministère de la Santé remet de l’ordre

Il faut savoir que les réactifs sont destinés à être utilisés dans les laboratoires de biologie médicale, et que ces réactifs ne peuvent être ni livrés, ni utilisés dans les pharmacies, car les déchets qui sont générés par de telles manipulations ne sont pas assurés, conformément à la règlementation en vigueur. La traçabilité des cas positifs n’est pas non plus assurée au niveau des officines, ce qui peut avoir des conséquences très graves concernant la prise en charge des malades, leur isolement, leur traitement et leur suivi.

Pour conclure, il est essentiel de savoir que les tests salivaires, qui sont à la base de toute cette polémique, de ce bras de fer entre des professionnels de santé, biologistes et pharmaciens, des acteurs incontournables de notre système de santé, des scientifiques n’a pas de raison d’être car à chacun son métier.

Pour le ministère de la Santé ces tests sont à ce jour destinés pour un usage hospitalier, et même les laboratoires accrédités PCR Covid-19, conformément à la circulaire 072 du 12/ 09 / 2020, ne peuvent l’utiliser, à plus forte raison les laboratoires non autorisés Covid-19 ou autres.

Un complément au dispositif déjà en place

Quoi qu’il en soit , et malgré tout ce qui a pu être écrit ou relaté sur les tests salivaires , on se doit aussi de voit le côté positif de ces tests car il y en a. En effet, au regard de ce qui se passe sous d’autres cieux, dans d’autres pays où ces tests sont pratiqués avec succès, nous ne pouvons que nous réjouir que notre pays fabrique ces tests et d’autres pour le diagnostic du Covid. L’important c’est le respect des lois.

Ce n’est pas comme peuvent le penser certains, ou qu’une telle approche préventive ne soit considérée comme la règle à suivre car plus simple, plus rapide, moins contraignante.

Non, le côté positif de ce dépistage salivaire servirait plutôt de complément au dispositif déjà en place ( PCR ). Comme il est flexible et facile à déployer, il peut servir d’appoint dans des endroits où il faut intervenir rapidement ou de manière répétée comme par exemple, les unités de prise en charge des malades où le personnel de santé est quotidiennement en contact avec les patients covid ou encore au niveau des écoles , des collèges et lycées.

Il ne fait aucun doute que dans de telles conditions, le dépistage salivaire pour peu qu’il soit réalisé par des professionnels de santé, médecins ou infirmiers, ou au sein des établissements scolaires par des personnes ayant bénéficié d’une formation spécifique, permettrait d’intervenir rapidement pour aider à contrôler la propagation du virus.

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