Pourparlers en Turquie pour libérer les céréales

Ukraine

Des délégations d’Ukraine, de Russie et de Turquie tentent mercredi à Istanbul de lever les obstacles aux exportations de céréales ukrainiennes qui font cruellement défaut sur le marché mondial.
Quelque 20 millions de tonnes de grains sont actuellement bloquées dans les ports de la région d’Odessa, en raison de l’invasion de l’Ukraine par son puissant voisin russe le 24 février.
En Ukraine, Kiev s’attend à une nouvelle offensive russe à l’est, dans la région de Donetsk, formant le Donbass –partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses– avec celle de Lougansk dont les Russes ont affirmé s’être complètement emparés.
« On ne s’habitue jamais à la guerre, c’est affreux et effrayant », confie Lioubov Mojaïeva, une agronome de 60 ans venue chercher un peu de nourriture dans l’ancien centre culturel de Bakhmout, proche du front.
La ville a de nouveau été bombardée mercredi matin.
La long du Bosphore, la plus grande discrétion entoure la tenue des discussions à huis-clos entre experts militaires et en présence d’une délégation des Nations unies, que le ministère turc de la Défense entend garder « confidentielles », a-t-il indiqué à l’AFP.
Ni le lieu ni l’horaire de la rencontre n’ont été rendus publics mais selon l’agence russe Ria Novosti, les discussions devaient commencer à 11H00 GMT.
L’Ukraine est l’un des principaux exportateurs mondiaux de blé et d’autres céréales.
Il s’agit d’établir des corridors sécurisés permettant leur transport, entravé par l’occupation russe des ports d’Ukraine et la présence de mines – posées par Kiev pour protéger ses côtes.
C’est la première fois que des représentants de Moscou et Kiev se rencontrent de visu depuis le 29 mars, un mois après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, quand des délégations des deux parties s’étaient retrouvées sur le Bosphore – sans avancée.
Le temps presse: cette réunion intervient dans un contexte de hausse mondiale des prix des denrées alimentaires qui fait peser des risques de famine, en particulier en Afrique.
Dans un entretien au quotidien espagnol El Pais publié mercredi, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba est apparu relativement confiant sur l’issue de ce nouveau rendez-vous.
« Nous sommes à deux doigts d’un accord », estime-t-il. « Maintenant tout dépend de la Russie ».
Mais M. Kouleba soupçonne Moscou de bloquer les discussions pour priver Kiev de revenus. « Ils savent que si nous exportons, nous recevrons des fonds des marchés internationaux et cela nous renforcera ».
La Russie de son côté a réitéré mardi son exigence de voir le chargement des navires inspecté. « Nos conditions compréhensibles comprennent la possibilité de contrôler et fouiller le navire pour éviter la contrebande d’armes et un engagement de Kiev à ne pas organiser de provocations », a prévenu un responsable du ministère des Affaires étrangères.
La Turquie, membre de l’Otan et alliée des deux parties en conflit, multiplie les efforts diplomatiques pour faciliter la reprise des livraisons.
Des responsables turcs ont assuré disposer de 20 navires marchands qui attendent actuellement en mer Noire et pourraient être rapidement chargés de céréales ukrainiennes.
Jusqu’à présent les efforts turcs, conduits à la demande de l’ONU, n’ont pas permis de débloquer la situation.
La venue début juin à Ankara du ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov n’avait permis aucune avancée, en l’absence de toute représentation ukrainienne.
Mais les présidents russe, Vladimir Poutine et turc, Recep Tayyip Erdogan doivent se retrouver la semaine prochaine, le 19 juillet à Téhéran en marge d’un sommet sur la Syrie, qui pourrait fournir le cadre propice à l’annonce d’un accord.
Le président turc se pose en médiateur entre les deux pays depuis le début du conflit, prenant soin cependant, tout en fournissant des drones de combat à l’Ukraine, de ne pas froisser Moscou.
La Turquie et son économie en difficulté avec une inflation record (79% sur un an) dépendent étroitement des échanges avec la Russie et du gaz russe.
L’Ukraine a même plusieurs fois dénoncé les navettes de cargos turcs à travers la Mer noire, de et vers les ports ukrainiens sous contrôles russe.
Sur le front militaire, la Russie n’a pas conduit d’offensive terrestre majeure depuis qu’elle a vaincu les dernières poches de résistance dans la région de Lougansk début juillet.
Les analystes évoquent une « pause opérationnelle » des forces russes avant l’assaut contre les villes de Sloviansk et Kramatorsk dans l’est.
Pour les responsables américains, les Russes tentent de surmonter leurs pertes tout en négociant l’acquisition de centaines de drones de combat avec l’Iran.
De son côté, l’Ukraine tente de contrer les Russes en organisant des attaques de plus en plus puissantes avec de nouveaux systèmes de roquettes américains et européens ciblant les dépôts d’armes.
Selon l’état-major ukrainien, Kharkiv a de nouveau été bombardée mercredi, tout comme plusieurs quartiers de Bakhmout. « L’ennemi continue à mener des assauts pour améliorer sa position et créer des conditions favorables à l’offensive dans le sens Izioum-Sloviansk », a-t-il déclaré.
Quatre civils sont morts dans la région de Donetsk, dont un à Bakhmout, selon le gouverneur Pavlo Kyrylenko.
Le bilan du bombardement russe dimanche d’un immeuble d’habitation à Tchassiv Iar, dans ce même bassin minier, est monté à 46 morts, selon le dernier bilan des secours ukrainiens.

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