«Printemps ou Hiver arabe ?» de Jawad Kerdoudi

Lundi 18 Avril  le Professeur Jawad Kerdoudi, Président Fondateur de l’Institut Marocain des Relations Internationales (I.M.R.I.) a présenté, au sein des locaux de la Bibliothèque Nationale, son nouvel ouvrage «Printemps ou Hiver arabe ?» paru aux Editions l’Harmattan.

Déclenché en 2011 en Tunisie à la suite de l’immolation par le feu d’un vendeur ambulant, le Printemps arabe avait immédiatement déferlé sur la quasi-totalité des pays de la région.

Or, si la valeur ajoutée de ce soulèvement a été l’éviction des dictateurs qui gouvernaient d’une main de fer la Tunisie, l’Egypte, la Libye et le Yémen,lesquels ont été soit démis de leurs fonctions soit purement et simplement assassinés, quel  en est le bilan aujourd’hui étant entendu qu’en Egypte, le pouvoir a été récupéré par les militaires, que la Libye, le Yémen et la Syrie vivent encore une situation de chaos, que les pays du Golfe n’ont entrepris aucune réforme et que la récession économique reste le lot commun à tous ? Autant de questions auxquelles le Professeur Kerdoudi a tenté de répondre dans cet ouvrage…

Ouvrant la séance, M. Abdelhafid Oualalou a d’emblée déploré la marginalisation, lors de ces évènements, des forces progressistes alors même que celles-ci avaient longtemps milité pour une transition démocratique mais  reconnu que cette révolte exacerbée essentiellement par les  contradictions internes dans lesquelles se débattaient les régimes en place, par l’absence totale des libertés tant individuelles que collectives et l’accaparement des richesses nationales par l’entourage des dirigeants a été rendue possible sinon conduite par la Société civile et notamment par les jeunes qui se sont appuyés, pour cela et à bon escient, sur ces nouvelles technologies de l’information et notamment sur les réseaux sociaux.

Prenant la parole, le Professeur Kerdoudi considère, pour sa part, que les raisons de ce qu’il avait été convenu d’appeler «Printemps Arabe» et qui fut un soulèvement spontané et non pas un complot ourdi contre la Nation Arabe pour l’affaiblir davantage, comme se plaisent à le dire les adeptes d’une certaine théorie du complot, sont une situation économique défavorable caractérisée notamment par la rente, par un chômage endémique, une corruption outrancière et de grandes rivalités sociales ; autant de maux contre lesquels se sont soulevés des jeunes avides de savoir, de progrès et de liberté désireux d’accéder à l’emploi, à la dignité et au statut de citoyens libres et de se défaire de cet habit trop serré de sujets soumis à l’autorité des gouvernants dans lequel ces derniers les avaient drapés.

Il reste vrai, toutefois, que les avancées politiques afférentes aux droits de l’Homme, à la citoyenneté, à la liberté d’expression ou à la transparence des élections qui ont pu voir le jour au Maroc, en Algérie, en Mauritanie ou en Jordanie sans qu’il ait été besoin de faire appel à un changement de régime ont donné lieu à un clivage entre traditionnalistes et modernistes mais il n’en demeure pas moins vrai qu’au Maroc et en Tunisie, cette démarcation a pu être résorbée à la suite d’un compromis.

Ainsi, s’agissant du Maroc, l’auteur reconnait que,grâce à la lucidité du Souverain qui a immédiatement ordonné une modification du texte constitutionnel allant dans le sens des intérêts du peuple marocain et à la perspicacité des forces politiques du pays.

A l’issue de cette présentation, un débat riche et très instructif a eu lieu entre l’auteur et l’assistance.

Nabil El Bousaadi

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