Après les Rohingyas qui, après avoir été massacrés par les autorités birmanes, sont renvoyés chez eux manu militari par les autorités du Bangladesh voisin où ils sont partis chercher refuge, c’est au tour des afghans d’être refoulé vers leur pays par la police pakistanaise.
Mais l’histoire de la migration des Afghans qui n’est pas née avec l’arrivée des Talibans dure depuis près d’une quarantaine d’années à telle enseigne que les afghans constituent aujourd’hui, après le syriens, le plus gros des troupes avec leurs trois millions de déplacés.
Et si, dans les années 1980, ces derniers été accueillis, à bras ouverts par un Pakistan «payé», en retour, par l’Occident afin de contrecarrer l’hégémonisme soviétique d’alors et par un Iran qui les utilisait dans sa guerre contre l’Irak ou les engageait comme manœuvres pour faire tourner ses usines, tel n’est plus le cas aujourd’hui car la donne géostratégique a été profondément modifiée.
Ainsi, si l’on en croit Human Rights Watch, entre le 1er Juillet et le 15 Octobre 2016, ce sont 370.000 afghans qui, parqués dans la région de Peshawar d’où il leur est impossible d’accéder à des soins médicaux ou à l’éducation, n’entendent point retourner vers un Afghanistan qui, depuis le retrait en 2014 des forces internationales qui y étaient stationnées, ne leur offre, désormais, aucune perspective d’avenir et ce, d’autant plus que ceux qui, pour gagner décemment de quoi nourrir leurs familles, s’étaient mis au services desdites forces et des différentes ONG sont, désormais voués à l’inactivité et -comble de l’ironie- perçus par leurs concitoyens comme étant des « profiteurs de la guerre».
N’ayant donc plus aucune perspective de retour dans leur pays, ceux-ci – notamment les plus jeunes d’entre eux – se voient condamnés à aller tenter leur chance en Europe alors que sans argent ils se trouvent dans une situation d’extrême vulnérabilité.
Il ne serait pas inutile de rappeler qu’en Octobre dernier l’Union Européenne et le gouvernement afghan avaient signé, à Bruxelles, un accord visant à permettre le retour au pays des afghans déboutés du droit d’asile en Europe en contrepartie d’une généreuse aide financière à Kaboul pour lui permettre de lutter contre les Talibans. Mais cet accord n’est pas du goût de ces nombreux afghans qui sillonnent les routes européennes car si l’Europe ne les veut pas, leur pays n’a rien à leur offrir dans la mesure où il fait face à une très forte croissance démographique qu’il ne peut pas juguler. Ainsi, en quelques années la population de Kaboul a été multipliée par 4, passant de 1 à 4 millions d’âmes, dans «une anarchie totale et sans aucun plan de développement»; ce qui laisse penser, à juste titre d’ailleurs, que face à une telle situation, il serait insensé de croire que ces Afghans vont finir par retourner «sagement» chez eux…
Nabil El Bousaadi