Royaume-Uni : Le rétropédalage de Liz Truss

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

« Il est clair que certaines parties de notre mini-budget allaient trop loin et trop vite par rapport à ce que les marchés attendaient » a déclaré, ce vendredi, Liz Truss, dans une très courte conférence de presse au cours de laquelle, en insistant sur le besoin de « stabilité » et en faisant fi des multiples critiques dont a fait l’objet sa stratégie économique à l’intérieur même de son propre camp, la Première ministre britannique s’est dite, également, « absolument déterminée » à mener jusqu’à son terme sa politique de soutien à la croissance afin d’ « obtenir un Royaume-Uni plus prospère » et de le « sortir de la tempête » qu’il traverse.

Un mois donc après son arrivée au 10, Downing Street, Liz Truss, contrainte de « rassurer les marchés », a accepté de faire marche arrière et de renoncer à son projet de ne pas augmenter l’impôt sur les sociétés tel que cela avait été initialement prévu par son gouvernement et procédé au limogeage de son ministre des Finances Kwasi Kwarteng et à son remplacement par Jeremy Hunt, 55 ans, qui avait dirigé la diplomatie britannique entre 2018 et 2019 après avoir été ministre de la Santé ; ce qui a fait dire, au Daily Mail, que la journée de vendredi a vu « le chaos, la confusion et les volte-face atteindre des extrêmes inédits ».

Ainsi, dès sa nomination à la tête du ministère des Finances, Jeremy Hunt, qui a déploré les « erreurs » du gouvernement et rappelé que Liz Truss les a reconnu puisqu’elle a fait appel à lui pour redresser la barre, a prévenu qu’il sera amené à prendre des « décisions très difficiles » voire même à procéder à un changement de cap pour faire sortir le pays de la crise qu’il traverse même si rien n’indique que cela sera suffisant pour « sauver » une Première ministre qui « s’accroche au pouvoir » d’après le Daily Telegraph et qui « se bat pour sa survie » selon le Times.

Pour rappel, le plan budgétaire qui avait été annoncé le 23 septembre dernier par Kwasi Kwarteng et qui prévoyait des dizaines de milliards de baisses d’impôt sans aucun financement clair avait fortement déstabilisé la livre sterling qui avait fini par perdre 1,10% de sa valeur face au dollar et, par voie de conséquence, profondément affaibli le gouvernement.

C’est donc en étant fortement fragilisée par un contexte politique et économique particulièrement tendu, que s’est exprimée, ce vendredi, la nouvelle Première ministre britannique alors même que, dans son propre camp, face à des sondages qui prévoient la  défaite des conservateurs lors des prochaines élections générales de 2024, certains députés tentent de l’évincer, dans les plus brefs délais, et de la remplacer par Rishi Sunak, l’ancien ministre des Finances de Boris Johnson auquel elle s’est abstenue de faire appel au moment de la constitution de son gouvernement.

Mais si, à défaut de calmer la fronde qui a vu le jour chez les Tories, la nomination de Jeremy Hunt va permettre de rassurer les marchés et, par voie de conséquence, faire, du nouveau ministre des Finances, l’homme fort du gouvernement alors qu’il prévoit, également, de retarder la réduction du taux de base de l’impôt sur le revenu telle que l’avait préconisée Madame Liz Truss, qu’adviendra-t-il, à cette dernière, après la remise en question de son programme économique ?

Attendons pour voir…

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