Sara Maalal: de l’optimisme et de l’ambition à en revendre

Ce mercredi après-midi, c’est dans une cafétéria de Technopark que nous la rencontrons. Il est 15H45. Sa journée de travail à HPS à peine achevée, Sara Maalal, nouvelle présidente de la Jeune Chambre Internationale (JCI) de Casablanca est attablée dans ce café-resto dans l’attente d’une formation en «leadership et management» à laquelle elle doit participer. Au téléphone, l’ingénieur, docteur, business-analyst, présidente d’association …enchaine conversations et discussions téléphoniques avec son nouveau secrétaire général (JCI) qu’elle doit d’ailleurs rencontrer au détour de ce virage dans ce hub de l’entreprenariat. Cette journée n’a rien d’exceptionnel. Pour Sara Maalal, les jours se ressemblent. Entre «boulot», vie personnelle, implication associative, formations… l’agenda quotidien de cette «multi-task» girl ne désemplit pas. Chaque jour apporte son lot d’opportunités que la jeune femme de 31 ans à l’énergie débordante souhaite à tout prix croquer à pleines dents. Et rien ne semble la freiner ou la ralentir, surtout pas son handicap.

Atteinte physiquement de handicap moteur, Sara Maalal ne se considère pour autant pas handicapée. «Le vrai handicapé c’est celui qui a un manque dans la tête, qui n’est pas éduqué, qui n’est pas civilisé». Et cette vision de sa vie, de la vie et du monde, la jeune femme la doit à ses parents qu’elle ne cesse de remercier. Dès sa tendre enfance, la petite Sara Maalal est traitée de la même manière que sa petite sœur ne souffrant pas de handicap comme elle, nous avoue-t-elle. Le père, PDG d’une entreprise et la mère, professeur d’université font de leur fille une enfant normale. Ils l’inscrivent dans des écoles «normales» ouvertes à tous et s’opposent quelque fois farouchement à certains directeurs refusant de l’accepter dans leurs écoles. Ils l’encouragent à réaliser ses objectifs. Une personnalité se forge. Petit à petit, des rêves prennent forme.

En 2009, après avoir quitté Lafarge Maroc où elle a travaillé pendant plus d’un an, elle intègre HPS (Hightech Payment Systems), entreprise spécialisée dans les systèmes électroniques de paiement multicanal électroniques dirigée par Mohamed Horani, ex-président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). D’abord ingénieur développement, elle change de portefeuille et devient Business-Analyst, en charge de la documentation des PowerCARD, produits phares commercialisés par HPS. Ses rêves la poussent loin. Elle fait un saut en avant et décroche un doctorat d’Etat en informatique, système multi-agents en 2015 à l’ENSEM (Ecole nationale supérieure d’électricité et de mécanique), sous la supervision d’un professeur de l’Ecole Hassania des Travaux Publics (EHTP). Un domaine dont Sara parle passionnément. «Les systèmes multi-agents sont des systèmes plus ou moins intelligents qui se comportent comme l’être humain, qui peuvent exécuter  des tâches, réaliser des objectifs», tente-t-elle de nous faire comprendre, malgré la technicité du sujet. «Mon doctorat consistait à trouver une méthodologie générique de conception de systèmes multi-agents. En effet, on a plusieurs systèmes multi-agents et chacun le modélise de sa manière. On voulait une méthodologie standard pouvant être utilisée pour n’importe quel type de système multi-agents et composés de n’importe quel type d’agents», confie-t-elle.

L’associatif, une passion

Dans son agenda généralement chargé, l’associatif y a toujours une place. A HPS, avec ses collègues « bénévoles de HPS », elle prend progressivement goût à l’univers de la solidarité, de la charité… Elle décider d’aller plus loin. «Avec les bénévoles de HPS, on travaillait sur des actions sociales, mais celles-ci étaient à court impact. On distribuait des habits, des paniers. On pouvait passer une journée à l’hôpital des enfants atteints de cancer. C’était de petites actions ».  Avril 2014, elle intègre la Jeune Chambre Internationale (JCI), une organisation internationale de jeunes, présente entre autres à l’ONU, l’Unesco, L’Unicef, Care International. Objectif : développer davantage sa «fibre associative». Et la consécration est rapide. Au début, elle travaille sur un projet de «panier de ramadan ». Avec cette idée novatrice qu’elle apporte, la JCI crée une commission d’actions sociales dont elle est la responsable. 2015, elle intègre le bureau de l’association en tant que vice-présidente communautaire. Elle initie le projet «Find my Job» dont le but est d’accompagner les jeunes chercheurs d’emploi. «C’est un ensemble d’ateliers et de séances de coaching, de développement de compétences linguistiques… pour préparer les dossiers de candidature des jeunes, leurs CV, leurs plans de carrière. On leur apprend comment se préparer pour un entretien, comment faire la recherche d’emploi…». «L’année dernière, nous avons organisé la 2e édition, c’était une grande réussite. Cette année encore, nous le ferons en février », dit-elle fièrement.

2016, elle est élue secrétaire générale de la JCI. 2017, c’est la consécration ! Elle devient présidente de la JCI Casablanca et nourrit plusieurs ambitions pour son mandat. «Cette année, je veux réaliser le maximum de choses. Je ne parle pas d’abord en termes de quantité, mais je voudrais réaliser des projets remarquables qui ne seront pas oubliés par les gens et qui vont marquer l’existence de la JCI Casablanca».  D’ailleurs, Sara ne compte pas s’arrêter là et envisage briguer un jour le poste de présidente nationale voire internationale. «Tant qu’on a de la volonté, on peut tout faire», déclare-t-elle.

Une vie d’exemple

Souriante, soignée, optimiste… elle contamine son espoir, sa joie, son optimisme, non seulement aux personnes en situation de handicap, mais aussi aux personnes valides. En 2012, elle participe au TedX Ensem pour partager son expérience et appelle les gens à «changer leur façon de penser pour changer leur destinée». La vidéo est largement plébiscitée sur Youtube même si Sara avoue avoir été beaucoup stressée devant le nombre de personnes présents dans la salle.

Sa vie reste tout de même une odyssée. Les épreuves ne manquent pas, les mauvais traitements des gens non plus ou encore la difficulté à planifier son temps pour atteindre tous ses objectifs. «Organiser le travail, la vie personnelle, la vie associative, ce n’est pas évident. Voilà d’ailleurs pourquoi j’assiste à cette formation. J’apprends à gérer son temps, à faire une planification le matin, à gérer les objectifs par priorité. Il m’arrive parfois de planifier la planification pour établir le plan de la journée », confie-t-elle, joyeuse.

Sara Maalal est née le 17 octobre en 1985. Elle passe son enfance à Casablanca. Elle fait tout son parcours dans l’enseignement public. En 2003, elle obtient son baccalauréat. Elle intègre la faculté des sciences d’Ain Chock option SMI (sciences mathématiques informatique) et obtient son DEUG en 2005 et sa licence en 2006. En 2008, elle obtient un master en 3I (ingénierie informatique et internet). En 2015, elle obtient un doctorat d’Etat en génie informatique.

Danielle Engolo

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