Il discourt, témoigne, écrit, milite pour dissuader les gens des stéréotypes autour des personnes atteintes d’autisme. Josef Schovanec, philosophe et écrivain autiste lui-même, est la preuve palpable, qu’un handicap physique n’est pas synonyme d’un échec social. L’intellectuel français, la trentaine, à peine, sera au Maroc, les 15,16 et 19 avril courant pour partager son expérience exceptionnelle avec les autistes marocains, leurs familles, et surtout sensibiliser sur la maladie qui demeure encore méconnue de plusieurs dans le Royaume.

Depuis quelques années, Josef Schovanec, se veut le porte-parole des autistes qui n’ont pas de voix. Il est constamment contacté pour témoigner de l’autisme avec lequel il vit. Souffrant d’autisme de haut niveau, une forme de la maladie marquée par l’absence de déficit intellectuel, il est désigné en 2012 comme le représentant français des autistes de haut niveau. Il se fait connaitre alors publiquement en affichant son combat pour l’amélioration du système de soins français par rapport à l’autisme. Cet engagement lui vaudra d’être convié régulièrement pour s’exprimer sur la maladie et quelque fois,au-delà de l’Hexagone.

C’est ainsi que l’Union Nationale des Associations œuvrant dans le domaine du Handicap mental au Maroc (UNAHM) l’a invité à s’exprimer dans le cadre des journées de sensibilisation sur l’autisme, qu’elle organise du 15 au 19 avril courant. Josef Schonavec interviendra, notamment ce vendredi à la Fondation du roi Abdulaziz Al Saoud, à Casablanca, samedi 16 avril au centre national Mohamed VI des handicapés de Marrakech et le mardi 19 avril à la bibliothèque nationale du Royaume à Rabat. Selon les organisateurs de l’évènement, «il présentera des pistes d’accompagnement des personnes porteuses d’un handicap». Au-delà de ses contributions intellectuelles, sa présence au Maroc et son témoignage se veulent un grand réconfort et apport pour les parents, professionnels et associations du secteur éducatif, médical, paramédical et social.

Un parcours atypique

Dès son enfance, son parcours se veut atypique. Josef Schovanec commence à parler à 6 ans, à l’âge où d’autres enfants jouent mieux avec les mots et font leurs pas dans le primaire. Son éducation est difficile. Il s’absente des cours très souvent, est victime de brimades de la part de ses camarades. Mais malgré ces difficultés sociales, Josef âgé de 17 ans, obtient son baccalauréat en science avec mention «très bien». Les horizons de l’avenir deviennent roses… mais non, à 19 ans, un faux diagnostic le déclare schizophrène. Pendant 3 ans, il est placé sous chlorpromazine, un médicament antipsychotique. Ce n’est qu’alors âgé de 22 ans, qu’il est diagnostiqué comme souffrant du syndrome de l’Asperger ou autisme de haut niveau.Des difficultés se dressent certes devant lui, mais des portes s’ouvrent également. Il étudie à Sciences Po Paris, et est docteur et chercheur en philosophie et Sciences sociales à l’école des hautes études en sciences sociales (EHESS) et à l’université de Bucarest en Roumanie. Victime d’un retard de langage dans son enfance, Josef est polyglotte et parle aujourd’hui sept langues dont le tchèque, l’hébreu, le sanskrit, le perse, l’éthiopien et se passionne pour les cultures orientales, notamment égyptiennes. En 2012, il publie son premier livre «je suis à l’Est» qui devient un best-seller. 2014 voit la publication de son deuxième ouvrage, «Éloge du voyage à l’usage des autistes et de ceux qui ne le sont pas assez».

Un engagement fervent….

A travers ses nombreux voyages, il découvre les bienfaits thérapeutiques du voyage sur les traumatismes passés. D’ailleurs, pour lui, l’autisme, loin d’être une maladie, est «une manière d’être différente» et non une «pathologie qui se guérit par des comprimés». Il a participé à plusieurs émissions télévisées et radiophoniques sur le handicap. Il a également contribué à l’élaboration des contenus de la formation en ligne eLeSi pour enseignants, familles et encadreurs des jeunes présentant des troubles liés à l’autisme.

L’autisme est un trouble envahissant du développement affectant les fonctions cérébrales. Il se caractérise notamment par un trouble de la communication, une perturbation des relations sociales et des troubles du comportement.

Danielle Engolo