Sécurité : il prend l’avion en dépit d’un barda suspect

Manuel Broustail a été arrêté ce jeudi 9 mars 2016, à sa descente d’un vol en provenance de l’aéroport de Nantes-Atlantique. Il avait dans ses bagages plusieurs couteaux de cuisine, une machette, une matraque une cagoule et… une bonbonne de gaz. Un barda qui, s’il a pu passer inaperçu en France, n’a pas du tout été du goût des forces de sécurité marocaines.

Cela vous étonnera peut-être mais le monsieur avait dans ses valises une machette, quatre couteaux de cuisine, deux canifs, une matraque rétractable, une cagoule et… – tenez-vous bien – une bonbonne de gaz. Toutes choses qui ne l’ont pourtant pas empêché d’embarquer à bord du vol 4428 de Ryanair, reliant Nantes à Fès. Comment est-ce possible ? En tous les cas, les autorités aéroportuaires de Nantes-Atlantique estiment que «toutes les procédures de sécurité ont été respectées».

Selon les autorités françaises, le bagage emporté en cabine a bel bien été contrôlé avant l’embarquement et ne contenait rien de suspect. Par contre, le bagage en soute qui contenait l’étrange barda, lui, n’a pas fait l’objet d’un contrôle humain; l’on s’est contenté d’un contrôle aux détecteurs électroniques qui, eux, ont tout bonnement trouvé normal qu’un bagage puisse contenir autant d’armes blanches à la fois, en plus d’une… bonbonne de gaz.

Explication des autorités : la bonbonne de gaz, de type réchaud de camping, est un combustible, pas un explosif ; les détecteurs auraient donc «accompli», dans les règles de l’art, la tâche pour laquelle ils sont programmés : laisser passer des couteaux, une machette et une bonbonne de gaz sans … crier gare ! C’est normal, dit-on ! Bien sûr que c’est normal, et il n y a pas de quoi fouetter un chat !

Mais ce qui est déconcertant, c’est que cet homme est, dit-on, fiché en France et qu’il avait même fait l’objet d’une assignation à résidence; bref, toutes chose qui auraient normalement dû mettre la puce à l’oreille des autorités aéroportuaires pour que ce passager et tout ce qu’il emporte avec lui comme bagage soient passés au peigne fin. D’autant plus qu’une note des services de renseignement faisait état de sa radicalisation au cours d’une mission à Djibouty. Manuel Broustail, puisque c’est de lui qu’il s’agit, militaire de son état, avait d’ailleurs, suite à cette accusation, été radié des effectifs de l’armée, même s’il disait être, en réaction à son assignation à résidence, «victime d’assertions mensongères de la presse régionale».

Par ailleurs, il lui était reproché de rendre des visites régulières à un détenu de la maison d’arrêt d’Angers, «connu pour son fondamentalisme religieux», qui projetait justement de se rendre en Syrie.

Alors comment se fait-il qu’en dépit de ce qui lui est reproché et malgré ses accointances peu rassurantes, Manuel Broustail n’ait pas été soumis à un contrôle plus rigoureux, non pas par des machines – qui du reste n’obéissent qu’à un programme informatique souvent contournable – mais bien à une vigilance sécuritaire humaine ?

Son arrestation à son arrivée à Fès montre la mobilisation et la vigilance accrues des forces de sécurité marocaines qui – faut-il le dire – démontrent encore une fois leur intransigeance dès lors qu’il s’agit d’assurer la sécurité des citoyens. Heureusement – faut-il le dire – qu’au Maroc on ne badine pas avec ça ! Car que serait-il arrivé à ce vol, si ce bon monsieur Broustail – qui, ne mettons pas la charrue avant les bœufs, reste innocent jusqu’à preuve du contraire – avait pu par quelque moyen détourné, placé quelque charge explosive dans son bagage qui n’a pas été soumis à un contrôle humain ?

Abdoulaye Jamil Diallo

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