Tanger: Focus sur une solution rentable

Le solaire photovoltaïque en autoconsommation

« Investir dans le solaire photovoltaïque pour sa propre consommation, une solution rentable: Décarbonation, réduction de la dépendance énergétique et une meilleure compétitivité » est le thème d’une rencontre organisée, lundi à Tanger, avec la participation d’un parterre d’experts, de responsables économiques et d’industriels marocains et étrangers.
Organisée par la Confédération générale des entreprises du Maroc de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (CGEM-TTA), cette manifestation économique, qui s’inscrit dans un contexte marqué par la perturbation des chaînes de valeur mondiales, la flambée des prix de l’énergie et des intrants, la dépendance vis-à-vis des importations et l’insécurité d’approvisionnement énergétique, a été l’occasion de traiter du sujet du solaire photovoltaïque en autoconsommation, comme levier incontournable de la transition énergétique bas carbone.

S’exprimant à cette occasion, la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, a souligné que le monde assiste à une véritable révolution des chaînes de valeur, qui a été accélérée par la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19, la crise économique et financière, et la crise énergétique, notant que cette situation devrait accélérer la transition vers le bien-être humain et l’équité sociale, tout en réduisant les risques environnementaux et la pénurie des ressources. Dans un message vidéo, la ministre a assuré que le Maroc a su capitaliser sur ses acquis en matière de transition énergétique pour se positionner dans les marchés naissants de l’économie durable, un positionnement qui passe notamment par un processus de décarbonation de son industrie et une sécurité énergétique durable avec des coûts abordables, tout en préservant l’environnement et les ressources naturelles. »Aujourd’hui les pouvoirs publics s’activent pour répondre aux préoccupations des industriels pour préserver la compétitivité de nos exportations, notamment vers l’Europe, qui constitue notre premier partenaire commercial », a dit Mme Benali, ajoutant « nous n’avons pas besoin d’attendre l’application de la taxe carbone aux frontières de l’Union européenne pour la mise en place d’un modèle économique durable et propre ».
Pour sa part, la ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, a salué le choix de cette thématique, dont l’importance n’est plus à démontrer surtout dans le contexte actuel marqué par l’impact des crises mondiales sur l’offre et la demande des énergies fossiles et la forte volatilité de leurs prix, relevant que l’’énergie est un facteur de production capital pour tout opérateur économique.

« De par sa portée stratégique et son impact sur le tissu économique, l’énergie figure au coeur des priorités nationales. La thématique de l’énergie nous interpelle, à plus d’un titre, surtout au vu des enjeux relatifs à la souveraineté énergétique pour garantir l’alimentation des opérateurs en énergie, de la compétitivité liée aux coûts de l’énergie et de l’enjeu de décarbonation de l’économie pour s’aligner sur les nouveaux standards et exigences des partenaires internationaux », a insisté la ministre, ajoutant que le contexte actuel et les crises répétitives ne font que confirmer ces constats et la nécessité d’accorder une grande importance au sujet de l’énergie renouvelable.
Le Maroc est un pays qui regorge de potentialités naturelles et de sources d’énergies favorisant le choix de l’énergie renouvelable et de la transition énergétique, a noté Mme Fettah Alaoui, soulignant que ce choix, sous la vision éclairée et le leadership de SM le Roi Mohammed VI, matérialisé depuis des années, notamment par le lancement en 2009 du plan solaire marocain avec une capacité de 2.000 MW, ainsi que du programme éolien marocain, s’est avéré un choix visionnaire et salutaire. De son côté, le président de la CGEM-TTA, Adil Rais, a souligné que cette rencontre vise à sensibiliser et informer les entreprises à l’importance de la décarbonation, et à leur donner les outils nécessaires pour qu’elles puissent investir dans les installations photovoltaïques, notant que cet événement est l’occasion pour les institutionnels de souligner l’importance de l’énergie solaire et de la diversification des sources d’énergie au Maroc, et les organismes financiers d’évoquer les financements et les subventions proposés par les organismes publics et privés, pour rendre cet investissement plus simple.
M. Rais a assuré que les entreprises sont appelées, aujourd’hui plus que jamais, à investir dans l’énergie solaire pour sécuriser leur sources d’énergies, réduire leur dépendance énergétique et améliorer leur rentabilité, relevant que la décarbonation constitue actuellement un enjeu crucial que les entreprises doivent prendre au sérieux pour renforcer leur compétitivité.

Quant au président du Conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Omar Moro, il a indiqué que cette rencontre se veut l’occasion de mettre en exergue l’importance de « l’investissement dans les énergies propres » comme un moyen, économiquement rentable, ajoutant « ce n’est donc pas seulement par militantisme et par engagement citoyen, qu’on choisira désormais d’investir dans les énergies propres, mais aussi parce que c’est un investissement profitable, en terme comptable, pour les entreprises ».
Il a, à cet égard, souligné que le Maroc, grâce aux directives clairvoyantes de SM le Roi Mohammed VI, est devenu un modèle à suivre au niveau mondial en matière d’efficacité énergétique et d’investissement dans les énergies propres, notant qu’un long chemin reste encore à parcourir, dans les années à venir, pour mettre à jour une stratégie nationale qui sera en mesure de mettre l’ensemble de l’économie sur les voies de l’attractivité, de la compétitivité, de l’innovation, de la décarbonisation et de la durabilité. Le Conseil régional, a-t-il poursuivi, ambitionne, en plus des compagnes de mobilisation et de sensibilisation, de contribuer efficacement à la réalisation des objectifs de la stratégie nationale, à travers des actions concrètes pour promouvoir la généralisation d’un l’éclairage public efficace dans les centres urbains et agglomérations, appuyer le développement de l’efficacité énergétique dans les bâtiments administratifs, promouvoir les projets de développement durable exemplaires, et oeuvrer pour l’attraction des investisseurs publics et privés, nationaux et étrangers en quête de production industrielle au carbone neutre.
Pour le DG de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), Said Mouline, la décarbonation permettra aux entreprises de renforcer leur compétitivité et de réduire leur facture énergétique, soulignant que tout le tissu industriel devrait profiter, à terme, de cette transition.
Il a, par ailleurs, mis en avant l’importance de cette rencontre en matière de sensibilisation des entreprises aux outils de la finance verte disponibles et les conditions nécessaires pour bénéficier des différentes lignes de financement existantes, faisant savoir que la décarbonation est une solution rentable pour les entreprises, afin qu’elles soient plus compétitives.

Même son de cloche chez le DG Renault Groupe Maroc, Mohamed Bachiri, qui a souligné l’importance d’aborder cette thématique dans la sensibilisation des entreprises à l’importance de l’investissement dans les énergies vertes, évoquant les enjeux de la décarbonation dans l’industrie automobile.
Après avoir rappelé que l’efficacité énergétique constitue une priorité majeure dans la stratégie énergétique nationale, M. Bachiri a noté que le Groupe Renault ambitionne la neutralité carbone en Europe en 2040 et dans le monde en 2050, faisant observer que l’usine de Renault Tanger, conçue avec zéro émission de CO2 et zéro rejet de liquides industriels, est une première au monde dans l’industrie automobile.
Les autres panélistes ont, de leur côté, souligné que les entreprises n’ont d’autre choix que de repenser leur mode de production et de consommation, en mettant en oeuvre des actions d’efficacité énergétique, en investissant dans les énergies vertes et renouvelables et en érigeant l’économie circulaire et l’efficacité des ressources comme priorité.
Cette rencontre, qui s’est déroulée en présence notamment de l’ambassadeur d’Espagne au Maroc, du Consul général de France à Tanger, du DG du Centre régional d’investissement (CRI) de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, et de nombre d’acteurs économiques, a été marquée par trois panels sur « l’impératif de la décarbonation pour la compétitivité des entreprises », « les composantes et clés du succès d’un projet solaire », et « les dispositifs de financement et d’appui pour le photovoltaïque », en plus de témoignages d’industriels de la région ayant installé une centrale solaire.

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