Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi
Dès l’annonce de la chute de Bachar al-Assad, Benyamin Netanyahou, en sa qualité de Premier ministre d’un pays qui, au nom d’une idéologie sioniste et expansionniste, a toujours fait fi des résolutions onusiennes relatives au respect des frontières des Etats dès lors que son ambition clairement affichée a toujours été d’étendre son territoire du Nil à l’Euphrate, a ordonné à ses forces armées d’occuper la fameuse « zone tampon » créée par l’ONU après la guerre Israëlo-Arabe de 1973.
Cette zone est mitoyenne à la partie du plateau du Golan démilitarisée conformément à l’accord de désengagement, conclu sous l’égide de l’Organisation des Nations-Unies, en 1974 et prévoyant le déploiement de la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) qui comprend 1.100 soldats et qui avait été mise en place en application de la résolution 350 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Pour rappel, bien qu’Israël contrôle toujours le plateau du Golan qu’il avait arraché, à la Syrie, à l’issue de la guerre de 1967 avant de l’annexer en 1981, la communauté internationale n’a toujours pas reconnu cette annexion.
Mais bien qu’en prenant le contrôle de cette zone-tampon démilitarisée créée, en 1974, dans le cadre d’un cessez-le-feu entre Israël et la Syrie, l’Etat hébreu a déclaré que cette décision, prise à titre temporaire, n’a pas d’autre but que celui de sécuriser sa frontière, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, l’a immédiatement condamnée car constituant une violation de l’accord de désengagement de 1974 et de nombreuses chancelleries lui ont emboité le pas en y voyant une tentative israélienne de profiter du chaos en Syrie pour élargir son territoire et concrétiser son rêve du Grand Israël.
Aussi, au cours de la visite inopinée qu’il a effectuée, ce dimanche, juste après l’annonce de la chute du régime syrien, sur une colline du plateau du Golan surplombant la Syrie, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou a affirmé avoir ordonné, à l’armée israélienne, de « remplacer » les troupes syriennes qui ont abandonné leurs positions dans la zone.
Or, bien qu’il ait précisé que, tout en étant « nécessaire » à la défense du pays car le « contrôle » du plateau du Golan « garantit (la) sécurité et (la) souveraineté » d’Israël, cette décision n’a été prise qu’à titre « temporaire », il est difficile de croire qu’Israël ne va pas profiter du « chaos syrien » pour élire domicile au Golan et s’y installer durablement alors qu’il en rêve depuis longtemps, qu’il a toujours écarté, d’un simple revers de manche, les résolutions prises par le Conseil de Sécurité de l’ONU qui ne lui conviennent pas et, enfin, que lors de son premier mandat à la tête des Etats-Unis (2017-2021), Donald Trump, qui s’apprête à retourner à la Maison Blanche dans les prochaines semaines, avait répondu favorablement, en 2019, à sa demande « de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan ». Allons-nous assister, au Golan et avec l’appui du successeur de Joe Biden, à ce que l’on pourrait appeler « un provisoire qui dure » ?
Tout va dans ce sens mais attendons pour voir…