Turquie : le PKK dément toute implication dans l’attentat d’Istanbul

Attendons pour voir…

L’Avenue Istiqlal, une importante artère piétonne et commerçante d’Istanbul, débouchant sur la place Taksim, un des principaux centres touristiques de la ville, a été le théâtre, dimanche 13 novembre, vers 16h 20 (13H 20 GMT), d’une très violente explosion qui a fait 6 morts et 81 blessés et dont, selon les premières informations, se serait rendue coupable une jeune femme qui, d’après le ministre de l’intérieur, Süleyman Soylu, a été arrêtée quelques heures à peine après les faits.

Les images prises par la police et partagées sur les médias turcs montrent l’intéressée, en sweet-shirt violet dans l’appartement où elle a été appréhendée, affirmant être une syrienne entrée clandestinement en Turquie via Afrin, une localité du nord-est syrien contrôlée par des soldats turcs et leurs supplétifs locaux. 

Mais bien que la jeune femme ait reconnu avoir déposé la bombe dont la déflagration a semé la mort et la désolation, à Istanbul, en agissant sur ordre du Parti des Travailleurs du Kurdistan et qu’elle s’apprêtait à « fuir en Grèce » après l’accomplissement de son macabre forfait, les autorités turques ont procédé à l’arrestation de 46 personnes et « les opérations continuent » pour mettre d’autres suspects hors d’état de nuire, a déclaré le ministre de l’Intérieur avant d’ajouter : « D’après nos conclusions, l’organisation terroriste PKK est responsable (…) Ils ont voulu nous adresser un message, nous l’avons reçu et nous allons y répondre de la façon la plus ferme qui soit ».

Pour rappel, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme étant une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, dont notamment les Etats-Unis et l’Union européenne, et menant une lutte armée contre le gouvernement turc depuis le milieu des années 1980, avait très souvent, par le passé, revendiqué des attentats sanglants perpétrés en territoire turc.

D’obédience marxiste-léniniste, le PKK qui luttait, à l’origine, pour la création d’un Etat kurde indépendant, a mis de l’eau dans son vin depuis l’arrestation et la condamnation, à la prison à vie, de son leader Abdullah Ocalan en Février 1999, en militant, désormais, pour l’obtention d’une autonomie politique au sein de la Turquie.

Aussi,  en rejetant, à travers un communiqué publié par l’agence de presse Firat et signé par le Centre de défense du peuple, toute responsabilité dans l’explosion criminelle qui a visé Istanbul, dimanche après-midi, et en dénonçant les « plans obscurs » du gouvernement turc, le Parti des Travailleurs du Kurdistan a tenu à rappeler qu’il n’a pas pour habitude de s’attaquer aux civils car il est « un mouvement qui mène une lutte de libération juste et légitime » et pour lequel « il n’est pas question de viser des civils de quelque manière que ce soit en Turquie ».

Même son de cloche du côté des kurdes de Syrie appartenant aux Forces Démocratiques Syriennes (FDS) qui ont, également, nié tout lien avec l’attaque d’Istanbul et assuré que la femme qui l’a perpétrée ne figurait pas sur leurs registres. 

Mais bien que l’attentat de dimanche ait été condamné par un grand nombre de chancelleries qui se sont empressées de présenter leurs condoléances à la Turquie, le ministre turc de l’intérieur a rejeté les condoléances émanant des Etats-Unis au motif que Washington « soutient les terroristes » kurdes et qu’il va falloir revoir l’alliance de la Turquie « avec un Etat qui entretient Kobané » ; une ville syrienne protégée par les Etats-Unis alors même qu’elle est contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS) dont les Unités de Protection du Peuple (YPG) considérées comme terroristes par Ankara sont une composante majeure. Cette ville est entrée dans l’Histoire lors de la bataille qui, en 2015, avait permis aux forces kurdes, appuyées par la coalition occidentale, d’en chasser le groupe Etat islamique.

L’attentat de ce dimanche est-il l’occasion, pour le gouvernement d’Ankara, d’intensifier ses attaques contre le PKK alors même que ce dernier dément toute implication ?

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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