Un autre coup cinglant au patrimoine de la ville

Tanger : Fermeture du cimetière pour chiens

Karim Ben Amar

Dans le monde entier, 4 pays seulement sont dotés de cimetières pour chiens. En plus de la République Tchèque, des États-Unis et de la France, le Maroc et plus précisément Tanger possède une nécropole pour toutous et cela depuis les années 40. Mais voilà que depuis quelques mois, les rumeurs sur sa destruction vont bon train. Une poignée de jeunes du monde associatif se sont ligués afin de stopper ce projet qui a pour but d’éradiquer une partie de l’histoire de la perle du Détroit au nom de bénéfice et aux services des plus riches. L’équipe d’Al Bayane a contacté le secrétaire général du « Mouvement des jeunes verts », Nizar Hascouri.  L’association qui lutte pour la préservation de ce patrimoine tellement cher aux habitants de la ville est sur le pied de guerre.

Tanger, cette cité millénaire qui a connu l’influence de nombreuses civilisations a toujours séduit les voyageurs par son charme, son histoire et ses monuments historiques. Le cimetière pour chiens situé sur la route de Boubana a toujours fasciné autochtones et touristes.   

Mais la nouvelle est tombée tel un couperet. Un projet de villas viendrait prendre place sur le site du cimetière pour chiens. Depuis quelques semaines, on peut lire à l’entrée du cimetière : interdiction d’enterrer.

Pour en savoir plus sur cette situation hors du commun, l’équipe d’Al Bayane a contacté le secrétaire général du « Mouvement des jeunes verts », Nizar Hascouri. Ce militant associatif a confirmé la fâcheuse nouvelle. « Le cimetière pour chiens de Boubana est fermé depuis peu ».

Et de poursuivre, « le Mouvement des jeunes verts avait mis en état le cimetière en 2021. En partenariat avec la mairie de la ville, nous avons entretenu le site afin qu’il redevienne un espace reluisant ».

Une fois les travaux terminés, le cimetière a retrouvé son utilité puisque les enterrements, à l’arrêt depuis quelques années sont redevenus d’actualité. Mais voilà que depuis près de deux mois, il est écrit noir sur blanc à l’entrée du cimetière qu’il est interdit de mettre en terre les chiens domestiques.

« Depuis que le promoteur a acheté le terrain, vendu par une famille britannique, l’accès au site est de plus en plus difficile, puisque les enterrements sont tout simplement interdits », a affirmé le jeune militant associatif.

En plus de l’interdiction de mettre en terre, les arbres centenaires sont abattus. « Nous considérons cela comme un acte de vandalisme. Il n’y a pas d’autres termes pour qualifier cela. Les arbres sont abattus, les pierres tombales détruites, cela est inadmissible, d’autant plus que ce site est unique au Maroc et même en Afrique ».

Et d’ajouter, « ce cimetière existe depuis l’époque où Tanger était ville internationale. Comment peut-on détruire un site en place depuis 1943 pour construire à la place un projet de villas ? »

À l’instar des habitants de la ville qui s’opposent catégoriquement à la destruction de ce site, Nizar Hascouri a déclaré que « nous refusons ce projet destructeur. Ce monument doit-être intouchable, protégé. C’est pour cette raison que nous allons saisir la justice ».

Le militant associatif affirme que « nous allons faire part de notre position à la Wilaya ainsi qu’au ministère de la Culture afin qu’ils mettent fin à cette hérésie. Nous ne sommes pas hors la loi puisque nous invoquons l’article 22-08 relatif à la protection des monuments historiques. Nous ne pouvons pas abandonner notre patrimoine aux nantis, c’est hors de question », a-t-il tonné non sans conviction.

En cas d’avis défavorable à cette requête, le secrétaire général du « Mouvement des jeunes verts a fait savoir que « nous serons dans l’obligation de recourir aux manifestations et aux sit-in  afin de faire entendre notre voix ».

À travers cette action militante, le Mouvement des jeunes verts veut démontrer que les nantis ont dépassé les limites. Ils prônent l’union afin de mettre fin à cette honte, qui consiste à détruire tout bonnement les monuments historiques de la perle du Détroit. L’espoir de ces jeunes militants engagés est que la Wilaya avorte cette entreprise destructrice de notre patrimoine. Ils ont aussi espoir, pour que cet incident ne se reproduise plus, de rendre le site protégé. Pour cela, il faut que le ministère de la Culture donne son aval.

Tanger souffre depuis les années 70 de la destruction de son patrimoine historique. Année après année, la ville perd son âme pourtant millénaire. Personne ne s’oppose à la modernité, mais pas au détriment de l’empreinte historique que revêt notre ville.    

Étiquettes
Top