Un axe prioritaire du système de santé

Mise à niveau des urgences

Ouardirhi Abdelaziz

La prise en charge de l’urgence est un sujet d’actualité qui ne laisse personne indiffèrent aussi bien les décideurs, les politiques,  les responsables, les professionnels de santé, les citoyens, les syndicats et la société civile, les associations des droits de l’homme…Evoquer les urgences médicales renvoie tout d’abord à l’intervention médicale rapide en cas de maladie aiguë, inopinée, d’accidentés de la voie publique, de traumatismes, de détresse respiratoire, menace d’infarctus, risque d’accident vasculaire cérébral (AVC), de coma diabétique, de blessures graves avec hémorragie. Des patients qui ne peuvent pas attendre, et dont l’état de santé requiert des soins urgents au sein des services d’urgences. Qu’en est-il aujourd’hui des malades au niveau des urgences ? 

Sous la conduite éclairée de sa Majesté le Roi Mohamed VI, que Dieu le glorifie, le Maroc entreprend une réforme ambitieuse de notre système de santé, qui concerne l’infrastructure sanitaire, les moyens humains, le matériel, le financement …

Pour assurer à tous des soins de santé, le ministère de la Santé entreprend la construction de nouvelles structures hospitalières comprenant diverses spécialités médicale et chirurgicales.

Qui dit accès aux soins, fait aussi référence aux soins dispensés aux malades qui ne peuvent attendre, dont la situation est parfois critique, cas des accidentés de la voie publique, traumatismes, détresse respiratoire, menace d’infarctus, risque d’accident vasculaire cérébral (AVC ), coma diabétique, blessure avec hémorragie …

Des patients dont l’état de santé requiert  des soins urgents au sein des services d’urgences. Dès lors qu’il est question de la santé de nos citoyens, de ce que chacun de nous a de plus précieux, autrement dit, le capital santé individuel et collectif,  particulièrement quand cette même santé est mise à rude épreuve face  à une maladie aiguë inopinée, un accident corporel domestique, sur le lieu du travail, ou accident de la route…

Des situations qui sont vécues au quotidien par nombre de nos concitoyens, qui n’ont souvent d’autres choix que de s’adresser aux services d’urgence le plus proche. Comment sont-ils accueillis ? Les professionnels en place sont-ils qualifiés ? Les soins que reçoivent ces malades répondent-ils aux exigences des bonnes pratiques de la médecine ? Des questions et tant d’autres qui me viennent à l’esprit, et auxquelles des réponses  doivent être apportées sans langue de bois.

Faire face aux vraies urgences

Pour de nombreux citoyens, venir à l’hôpital pour des soins ou une situation urgente, est synonyme de stress, d’inquiétude, de peur. Une expérience que l’on cherchera à oublier le plus vite possible.

De ce fait, il est utile de rappeler ici, que cette image souvent négative auprès de certains usagers, peut et se doit de changer si chacun y met de la volonté.

On convient tous pour dire que c’est le premier contact qui compte quand on s’adresse à une structure hospitalière pour soins urgents.

Et dans ce cas de figure, le service des urgences de l’hôpital constitue, l’un des principaux points de contact avec la population. C’est en quelque sorte sa vitrine qui détermine son image auprès des malades et de leurs familles. Le niveau d’organisation du système des urgences et la célérité de l’intervention devant un tableau grave sont des éléments dont on tient toujours compte.

S’agissant des situations nécessitant des soins immédiats, des actions et prestations urgentes, qui sont enregistrées au niveau des différents services d’urgences du Maroc, il y a lieu de citer les catastrophes naturelles auxquelles notre pays est souvent confronté ( pluies diluviennes-inondations-froid-neige-effondrement de  maisons…) ou encore les accidents de la route avec leurs lots quotidiens de morts et de blessés graves, Infarctus, AVC, Angor, HTA, Asthme …

Autant de causes et de situations, de vraies urgences, qui sont à la base d’une demande urgente en soins, dont doit se charger le service d’accueil des urgences de l’hôpital le plus proche. C’est en tout cas la doctrine.

Dans les faits, il en va autrement, et certains services d’urgences posent problèmes. C’est ce qui explique que les medias, la presse écrite, audio-visuelle et électronique en langue arabe, française, tous en parlent, décortiquent les moindres anomalies et analyses les faiblesses et dysfonctionnement de ces structures …

Fort heureusement que ces cas sont minoritaires et ne reflètent pas la réalité qui est vécue au quotidien. Car pour la majorité des citoyens qui s’adressent aux urgences des hôpitaux publics, tous savent qu’ils trouveront un médecin et des infirmiers, qu’ils seront pris en charge à minuit ou à 2 heures du matin, recevront les soins nécessaires. Qu’ils auront à faire à de bons médecins et qu’ils ont toutes les chances de s’en sortir en cas de problème de santé.

Fausses urgences : 70 % des admissions aux urgences

Au niveau des urgences, l’accueil d’un malade en situation d’urgence doit être prioritaire, immédiate car chaque minute compte pour sauver une vie humaine. Il est essentiel de réduire le temps d’attente, faciliter la prise en charge de ces malades (biologie-radiologie-réanimation- intervention, hospitalisation …)

 Une telle organisation au niveau des urgences nécessite des équipes multidisciplinaires, des ressources humaines en nombre suffisant, la disponibilité des médicaments et fongible, la haute technologie.

Les services d’urgence doivent se consacrer pleinement aux soins immédiats, qui ne peuvent attendre ou être reportés. Il convient à cet effet de mettre un terme définitif à tout ce qui entrave la bonne marche de ces services, et particulièrement les fausses urgences.

On trouve de tout, légère fièvre, une angine, des diarrhées, douleurs abdominales, une petite plaie de la main, des sans domicile fixe, des ivrognes, des drogués, des personnes âgées, femmes enceintes …..

Face à cette explosion de demande de soins non programmés, la pertinence de ces admissions se pose, la majorité de ces consultations n’étant pas réellement urgentes sur le plan médical. Elles le sont d’autant moins que le patient s’est présenté de façon spontanée aux urgences, et demande à être vu par le médecin. Ce qui est le cas dans 70% des admissions, qui sont en réalité de fausses urgentes. Et si le personnel cherche à les orienter vers le centre de santé du quartier, cela finit toujours par créer un climat tendu, des agressions dont sont victimes les médecins, les infirmières  ….. .

6 millions de patients par an

Selon les données du ministre de la Santé, les consultations médicales d’urgence dans les hôpitaux publics sont estimées à plus de 6 millions par an. Un chiffre en constante augmentation avec un accroissement annuel moyen de 10 %.

Près de 30 % des malades hospitalisés sont recrutés par les services d’urgence, 33,5% des interventions chirurgicales majeures sont réalisées en urgence. Ce qui justifie la nécessité de restructurer ces services, d’en assurer la mise à niveau, afin que tous les services d’urgence qui existent à travers toutes les régions du Maroc,  soient bien équipés, disposant de personnels qualifiés en nombre, de plateaux techniques, de médicaments …..

Une telle organisation, une restructuration de tous ces services qu’ils soient rattachés au CHU, à l’hôpital régional, ou provincial, constitue la garantie d’une prise en charge sanitaire à toutes heures, 7 jours/7, les week- end et les jours fériés, mais également un filet de sécurité face à l’ensemble des situations de détresse, y compris, parfois, sur le plan social.

Notre population augmente d’année en année. Elle vieillit de plus en plus. Il y a l’émergence de nouvelles maladies. Toutes ces données nécessitent une refonte des services des urgences qui sont appelés à jouer un rôle central dans le système national de soins, surtout avec la mise en place de la couverture sanitaire universelle (CSU). 

C’est ce qu’attendent les citoyens, c’est ce que demandent nos partis politiques, nos élus, et donc la modernisation des services d’urgences est un choix de société, celui de toute la nation. Celui de notre Roi Mohammed VI que Dieu le glorifie, et dont la sollicitude à l’égard de la santé des citoyens est constamment renouvelée.

Pour tout cela et au regard des réels enjeux que représentent aujourd’hui des services d’urgences dignes de ce nom, l’urgence doit s’affirmer comme un axe prioritaire du système de santé, une mission de santé publique à part entière, qui doit impliquer l’ensemble de nos forces vives, des professionnels de santé (public-privé) des médecins, des infirmiers, des établissements hospitaliers……

Étiquettes

Related posts

Top