Un enjeu majeur de santé publique

Journée mondiale de la BPCO

Ouardirhi Abdelaziz

Le 21 novembre est la journée mondiale de lutte contre la broncho-pneumopathie chronique obstructive ou BPCO. Année après année, ces quatre lettres restent insuffisamment connues, comme la maladie elle-même et ses manifestations, alors qu’elle est la troisième cause de décès dans le monde. Au Maroc, la prévalence de la BPCO reste largement sous-estimée, et les spécialistes estiment que 5 à 10 % des personnes de plus de 40 ans : les hommes et les femmes, tous sont concernés par cette maladie, soit 2 à 2, 5 millions. La plupart des cas ne sont pas diagnostiqués.

La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie pulmonaire qui se caractérise par une inflammation et une obstruction lente et généralement progressive des bronches.

La BPCO est une maladie malheureusement fréquente au Maroc puisqu’elle concerne près de deux millions de personnes. Des chiffres qui sont sous-estimés car 2 malades sur 3 ignorent leur maladie, au moment où le nombre de fumeurs ne cessent d’augmenter.

Les bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) constituent un enjeu majeur en termes de santé publique, aussi bien par le nombre élevé de personnes concernées (qu’elles soient malades ou à risque) que par leur gravité potentielle. Cette gravité est reflétée non seulement par la mortalité qui leur est liée, mais aussi par les conséquences économiques, sociales et professionnelles du handicap engendré par l’obstruction bronchique et l’insuffisance respiratoire.

Trop souvent, les patients vont consulter tardivement leur médecin, car ils ne s’inquiètent pas de la survenue progressive de la gène respiratoire, qui est le premier signe de cette maladie, ce qui en retarde d’autant le diagnostic et donc la prise en charge.

Sa prévention passe par une politique volontariste de lutte contre le tabac, notamment chez les jeunes et aide au sevrage des fumeurs.

La situation au niveau mondial

Plus de 480 millions de personnes dans le monde souffriraient d’une bronchopneumopathie chronique obstructive ou BPCO, selon une étude de ResMed présentée récemment au Congrès international 2022 de l’European Respiratory Society (ERS) qui s’est tenu à Barcelone en Espagne.

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est la troisième cause de décès dans le monde. Elle a entraîné 3,23 millions de décès en 2019. Les chercheurs estiment que ce nombre atteindra 592 millions d’ici 2050 si les facteurs de risque actuels restent inchangés.

La situation au Maroc

Il convient de rappeler que la BPCO touche 2 millions de Marocains, soit plus de 3 à 10 % de la population. Cette maladie reste sous-diagnostiquée et sous-traitée : 2 malades sur 3 atteints de la BPCO ne le savent pas. La maladie évolue généralement de manière lente et progressive, ce qui en fait toute la gravité, puisqu’elle échappe au diagnostic précoce.

Selon les spécialistes des maladies respiratoires, la BPCO progresse d’année en année, la courbe de la maladie est exponentielle car le nombre des fumeurs est en constante augmentation.

Il s’agit d’un véritable fléau qu’il convient de combattre activement pour stopper sa progression au Maroc. De fait, il est essentiel que cette maladie soit diagnostiquée à un stade précoce.

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Interview du docteur Abdelaziz Aichane , Professeur agrégé en pneumologie et en allergologie

Propos recueillis par  Ouardirhi Abdelaziz

Al Bayane : La première question qui vient à l’esprit est celle de savoir ce qu’est la BPCO ?

Professeur Abdelaziz Aichane : La BPCO ou Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive, est une inflammation irréversible qui atteint les petites bronches, mais parfois aussi les grosses bronches des voies aériennes inferieures et qui va se caractériser par un rétrécissement des bronches, gênant le passage de l’air, et une altération des alvéoles pulmonaires où se font normalement les échanges d’oxygène et de gaz carbonique.

Quelles sont les causes de cette maladie ?

Dans plus de 80% des cas, le tabac est le principal responsable de cette pathologie. Quand on fume jeune, on finit par faire la bronchite tabagique à partir de 50 ans. Dans 20% des cas, l’exposition professionnelle (industrie sidérurgique, textile, extraction minière, secteur agricole…) est en cause.

A quoi reconnait-on cette maladie et quels sont les symptômes qui doivent alerter ?

Le principal symptôme de la BPCO c’est la toux, surtout matinale, des crachats noirâtres. On relève aussi une dyspnée qui est un mal respiratoire, et l’essoufflement à l’effort, pour des efforts limités. Exemple, marcher ou monter quelques escaliers, ce qui finit par aboutir à un handicap respiratoire.

Le deuxième type de symptômes : des bronchites a répétitions qui trainent, qui ne disparaissent pas.

Le troisième type de symptômes : la toux du fumeur avec des crachats.

Bien entendu, il s’agit absolument d’objectiver, mesurer test BPCO par la mesure du souffle grâce à la spirométrie, ce qui permet de mesurer la chute du souffle du patient. On voit très bien qu’au lieu qu’il fasse 80 %, le malade ne fait que 20 ou 30 %. Certains malades n’arrivent qu’a 5 %, alors qu’il doit faire au moins 50 %.

Il faut aussi réaliser un scanner pour poumon pour voir l’emphysème pulmonaire qui est une destruction des alvéoles. 

Qui sont ceux qui sont concernés par la BPCO, et quels sont les chiffres clés de cette pathologie ?

Le principal facteur de risque de la BPCO est le tabagisme, qui est en cause dans près de 80 % des cas. Il y a aussi des facteurs de risque professionnels qui sont la pollution de l’air (habitation et atmosphérique), la poussière, les produits chimiques en milieu professionnel.

Les grands chiffres à connaitre concernant la BPCO au Maroc, nous apprennent que la population atteinte varie en 2,5 à 10 %, essentiellement de sexe masculin. Mais il y a aussi le sexe féminin qui est de plus en plus concerné.

Ce qui est inquiétant, c’est le taux des malades qui ne sont pas connus comme étant atteint de la BPCO. Ce taux est élevé chez  2 / 3 des malades qui ne sont pas diagnostiqués, qui souvent ne sont pas pris en charge précocement  .

Quels sont les complications de la BPCO ?

Les complications  majeures, c’est d’abord l’insuffisance respiratoire, un grand handicap pour certains malades, qui finiront sous oxygène à domicile, car le poumon n’arrive plus à gérer l’oxygène dans tout l’organise. Ce sont des patients qui feront des cancers bronchiques car ce sont de gros fumeurs. Il y a aussi le cancer du larynx; cancer de la vessie et des suppurations pulmonaires à répétitions

Comment s’effectue la prise en charge de cette maladie ?

La prise en charge de la BPCO repose avant tout sur l’arrêt du tabac. Deuxièmement, il faut encourager une activité physique régulière afin de limiter le retentissement de la maladie, et le troisième moyen c’est l’utilisation d’un groupe de moyens pharmacologiques, des médicaments qui sont administrés, surtout par voie d’inhalation, et qui vont diminuer les symptômes, diminuer l’essoufflement et ouvrant les bronches pour un meilleur passage de l’air.

Qu’en est-il de la prévention ?

La journée mondiale de la BPCO se doit d’être l’occasion de sensibiliser nos citoyens sur les dangers réels de cette maladie.

C’est pourquoi les responsables et les décideurs, les professionnels de santé, la société civile, les influenceurs doivent tous ensemble agir pour informer et sensibiliser le plus grand nombre de citoyens sur ce qu’est la BPCO. C’est une maladie qui est méconnue du grand public.

Ces actions doivent être programmées tout au long de l’année. Il faut aussi éduquer notre population dès le jeune âge sur les dangers du tabagisme. Il faut inciter plus intensément les fumeurs à interrompre leur intoxication par le tabac, mettre en place des actions qui peuvent les aider dans ce sens. 

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