Un personnel soignant en campagne

Une campagne médicale dans une commune rurale, organisée par le mouvement associatif avec l’appui des institutionnels que sont : la Fondation Mohammed V, les autorités locales et le conseil communal, montre le même aspect qu’une clinique de la capitale du royaume : une masse nombreuse de personnes humaines dans l’attente d’être prises en consultation.

Certes l’environnement n’est pas le même, la condition des présents est différente et leur prise en charge sanitaire constituerait les deux extrêmes des offres de soins à la disposition de la population.L’ombre des inégalités sociales est pesante entre les deux situations et relèvele non équité du système de santé national.

Dans le cas de la campagne médicale, entre la prévention, le diagnostic et le traitement, la société, par le biais de l’associatif, essaye de rattraper les carences du système de santé à répondre aux besoins d’une population défavorisée et que « l’hôpital public » n’arrive pas à satisfaire pour différentes raisons.

L’organisation d’une campagne médicale constitue un événement dans la commune et ses environs. Les notabilités communales, « les êtres électoraux » sont présentes pour faire croire que la santé de tous est à l’ordre du jour.La femme et sa progéniture est présente en nombre ; car c’est aujourd’hui, moins qu’hier et demain, que sa santé sera examinée avec soins et précautions.Un moussem sanitaire, dans l’enceinte de l’école communale, loin des établissements sanitaires et leurs problèmes, où la population sent relativement que l’administration est à son service, même si l’occasion ne répond pas à son besoin de santé.

Dans la clinique privée, les personnes sont orientées, l’accueil fonctionne et les « va-et vient »sont programmées. Le suivi est traité numériquement, de l’enregistrement aux consultations, de la prise en charge médicale jusqu’à la sortie après règlements en fonction de la couverture médicale et des moyens financiers des malades. L’argent coule et l’investissement dans « la clinique privée » bat son plein à travers le royaume et le gouvernement l’honore par sa présence pour l’encourager encore plus.

Cette « inégalité criante » qui semble encore perdurer pour longtemps, ajoute à l’appréhension de l’avenir quand on prend en considération les autres facteurs de la vie quotidienne (habitat digne et salubre, nutrition, éducation et formation, emplois et revenus, loisirs, libertés…) dans un contexte marqué par l’inflation galopante, le manque d’écoute et la formulation de promesses pour l’avenir alors que le présent reste dans dégradation.

L’accès aux soins est garanti par la constitution du royaume (article 31). Il reste loin d’être appliqué par une médecine de proximité qui répond aux sollicitations immédiates de la population là où elle se trouve.Une médecine préventive qui s’appuie sur l’éducation sanitaire déjà obtenue à l’école. Une médecine équitable pour tous avec une efficacité et un niveau de santé adéquat de l’enfance à la vieillesse. Une médecine présente partout dans le territoire national avec une répartition indépendante des données géographiques et qui contribue au développement local. Un exercice de la médecine par lequel le personnel soignant est valorisé.

Le constat de l’accès aux soins est alarmant. Il a été maintes fois réalisé sans que la population puisse bénéficier réellement des volontés exprimées, des recommandations et des instructions pour garantir ce droit fondamental.

Un personnel soignant, en nombre suffisant et en campagne, non pour ses droits légitimes en subissant parfois la honte de la répression ; mais en campagne, en milieu rural autant que dans la ville, pour « rétablir, préserver ou promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux » comme il en a fait le choix et le serment. Un personnel soignant au service de la nation qui l’a formé et qui le respecte et dont l’objectif serait loin de répondre aux « appels des sirènes »pour aller combler le déficit des ressources humaines de pays soucieux de la santé de leur population, aux dépens des besoins du royaume.

Le combat quotidien des médecins et des infirmiers, de toutes spécialités, des sage-femmes, des chirurgiens-dentistes et des pharmaciens s’inscrit dans la consolidation du processus démocratique, de la garantie de la souveraineté du royaume et du bienêtre de sa population.

Top