Une année blanche!

A plusieurs titres, l’année 2019 qui s’achève aura été, sur le plan social, une année blanche ! Une année d’impasse ! Mais pas que, elle aura été aussi une année de recul!

Alors qu’on clôturait l’année 2018 sous de bons auspices, avec l’Adoption à Marrakech du Pacte mondial pour des migrations sûres et ordonnées, 2019 n’aura malheureusement pas été l’année de l’action qu’on avait souhaitée en matière de gouvernance et de gestion du fait migratoire. Après l’adoption de ce pacte, aucun dispositif n’a été mis en place pour concrétiser les 23 objectifs du Pacte. La preuve en est que, jusqu’à l’heure actuelle, l’Observatoire africain des migrations qui reste la plaque tournante pour une meilleure gouvernance de la migration sur le continent n’a pu encore voir le jour et aucune date pour son lancement n’a toujours été précisée.  Bien plus, au niveau national, la gestion migratoire en 2019 a sombré dans l’impasse.

«Un an après l’adoption du pacte censé améliorer la gouvernance de la migration au niveau mondial, rien de concret n’a toujours été fait», estimait Boubkeur Largou, dans une déclaration à Al Bayane à l’occasion de la journée mondiale des migrants. Pour le président de l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH), si le Maroc a abrité la conférence qui a vu la signature de ce texte «historique», il est encore à la case départ en matière d’application du pacte, puisque l’adoption de la loi sur l’asile et l’immigration, censé favoriser l’application de ce pacte au royaume, tarde depuis quatre ans.

Même son de cloche concernant les droits des femmes. L’année 2019 aura connu des reculs en la matière, expliquait pour sa part encore Aicha Lablaq, membre du Bureau Politique du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) et députée. La raison : le retard dans la mise en place de l’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination (APALD), malgré l’existence de la loi n°79-14 adoptée en 2017. Une institution qui devrait consacrer et faire valoir les valeurs de l’équité, de la parité et de la non discrimination au Maroc et qui n’a toujours pas pu voir le jour en 2019.

En matière des droits de l’enfant, même constat ! Si le Maroc est l’un des premiers pays signataires de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), ce n’est pas pour autant que tous les droits des enfants marocains sont garantis. En trente ans d’application de cette convention, force est de constater encore que le phénomène du mariage des enfants a encore pignon sur rue au Maroc. Un rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) publié en 2019, a ainsi révélé que 32 104 demandes de mariages d’enfants ont été enregistrées au Maroc en 2018 ! Une véritable atteinte aux droits de l’enfant, avec la complicité de la société!

Il en découle qu’en matière de promotion des droits des catégories vulnérables, des efforts sont à fournir pour cette nouvelle année. Mais c’est sans oublier le secteur de l’éducation nationale, qui ne cesse d’être épinglé d’année en année dans les rapports nationaux et internationaux. Et dont la réforme est aujourd’hui plus qu’urgente!

Danielle Engolo

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