Une menace pour l’avenir des Jeux

A Rio de Janeiro, la couleur verdâtre de l’eau d’un bassin olympique avait fait couler beaucoup d’encre: manque d’hygiène, pollution bactérienne, fuite de produits chimiques… les théories les plus farfelues avaient circulé ici et la avant que le coupable ne soit identifié. Le changement de couleur de l’eau de la piscine était le résultat d’une prolifération d’algues causée par « la chaleur et le manque de vent ».

A première vue cet incident semble anodin, mais, en réalité, il reflète l’impact insidieux des changements climatiques sur l’organisation du rendez-vous sportif le plus important de la planète.
En effet, si la tendance du réchauffement climatique de 2 voire de 3 degrés Celsius d’ici la fin du siècle se confirme, les conditions météo pour les jeux olympiques risquent de devenir de plus en plus éprouvantes, ce qui aura un impact certain sur le nombre des villes offrant les conditions climatiques nécessaires à la tenue de ces jeux en été.

Une récente étude menée par les Universités de Berkley aux Etats-Unis et d’Auckland en Nouvelle Zélande démontre qu’en 2085, seulement huit villes non-européennes et 25 villes européennes pourront accueillir les jeux olympiques dans des conditions climatiques optimales pendant l’été.

climatL’étude, qui concerne uniquement les villes d’une population d’au moins 600.000 habitants, critère requis par le Comité international olympique (CIO), annonce qu’à cette date fatidique, il sera impossible de tenir les Jeux olympiques dans les pays latino-américains et africains, où la température sera trop élevée aussi bien pour les athlètes que pour le public.

De plus, précise la même source, le choix des villes aptes à recevoir les jeux se réduira à des cités comme Riga (Lettonie), Saint-Pétersbourg et Krasnoïarsk (Russie), Bichkek (Kirghizstan), Oulan-Bator (Mongolie), San Francisco, Calgary ou encore Vancouver.

Pire encore, ce choix, à compter du XXIIe siècle, ne dépassera pas un total de quatre villes, à savoir: Édimbourg et Glasgow (Ecosse) Belfast (Irlande du nord) et Dublin (Irlande). L’étude va bien au-delà et avertit même que l’hémisphère sud devrait souffrir encore plus des effets du changement climatique, de l’acidification des océans et de la montée du niveau des mers, ce qui la privera de la tenue des jeux olympiques pour des siècles à venir.

Bien avant ces prévisions alarmistes, l’inquiétude liée aux changements climatiques étaient toujours d’actualité, notamment du côté des organisateurs des prochains jeux olympiques de Tokyo 2020, qui craignent que les épreuves sportives tombent en pleine vague de chaleur comme ce fut le cas lors des olympiades qu’avait abrité la capitale nippone en 1964. Si ce scénario venait à se répéter, la chaleur et l’humidité affecteraient négativement les performances des athlètes, notamment des marathoniens.

L’organisation Brésilienne « Observatorio do clima » (Observatoire du Climat) a même publié un rapport montrant comment le sport au Brésil ne sera plus jamais le même avec le changement climatique, la hausse des températures et la pollution de l’air. Tous ces facteurs rendant le sport de plus en plus compliqué dans les zones chaudes et tropicales.

Intitulé « Au-delà du podium: comment le changement climatique affecte-t-il le sport au Brésil », le rapport souligne que les sportifs vont devoir adapter leurs méthodes de récupération et leurs entraînements aux conditions climatiques nouvelles qui vont émerger dans les prochaines décennies, en relevant qu’une telle adaptation coûtera cher et ne sera pas accessible à toutes les fédérations sportives, notamment les moins riches.

Les Jeux olympiques d’hiver sont eux aussi confrontés aux mêmes défis, étant donné que de plus en plus de régions connaissent des hivers plus courts et plus doux. De plus, seulement 6 des 20 villes ayant accueilli ces jeux par le passé pourront le faire à nouveau d’ici 2080 faute de neige, explique l’étude conjointe des universités de Berkley et Auckland.

Il ne fait aucun doute qu’en l’absence de mesures de nature à ralentir le rythme actuel du réchauffement climatique, les difficultés pourraient se multiplier et il sera de plus en plus difficile d’organiser les olympiades des temps modernes.

Conscients de ces enjeux et inquiets pour l’avenir de leurs disciplines, de nombreux sportifs ont exprimé leur soutien à une campagne mondiale lancée dans la ville carioca à la veille de l’ouverture des JO de Rio en vue de faire connaître l’objectif de l’Accord de Paris (COP21) de limiter le réchauffement climatique à 1.5 degrés Celsius. Il s’agit par ailleurs du seul record que l’humanité est invitée à ne pas battre, pour la pérennité de la planète et des jeux olympiques.

Nadia El Hachimi

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